Les Tadjiks préfèrent payer de lourdes amendes et continuer de faire la fête

Ces quinze dernières années, les habitants de Douchanbé (près de 865 000 habitants), la capitale du Tadjikistan (9,7 millions d’habitants), “ont organisé 144 640 mariages, circoncisions, obsèques et enterrements, pour une dépense totale de 481 millions de somonis [46 millions d’euros]”, rapporte le site tadjik Asia Plus. Pour ces célébrations, marquant “le cycle de la vie humaine”, du berceau à la tombe, “près de 50 000 animaux d’élevage ont été consommés”, détaille le site.

La publication de ces statistiques vise à démontrer l’efficacité de la loi sur la régulation des rites traditionnels. Adopté en 2007, le texte entendait freiner les dépenses excessives des Tadjiks. Si la plupart vivent chichement, beaucoup mettent un point d’honneur à tenir un certain standing.

Carte du Tadjikistan.. Courrier international
Carte du Tadjikistan.. Courrier international

4 000 euros d’amende

La loi “interdit certains événements rituels et encadre l’organisation d’autres, en fixant le nombre de personnes invitées et la durée de la célébration”, explique Asia Plus, qui rappelle qu’un mariage peut coûter entre 2 000 et 5 000 euros, une somme colossale au Tadjikistan, où le revenu annuel moyen par personne ne dépasse pas 1 070 euros. Les autorités ont ainsi “le souci de protéger les citoyens contre les gaspillages d’argent injustifiés et les familles pauvres contre un appauvrissement encore plus important”, explique le site russe spécialisé sur l’Asie centrale Fergana Agency.

Et elles ne plaisantent pas. Fergana Agency raconte qu’en 2020 la directrice d’un restaurant “a écopé d’une amende de 38 500 somonis [4 000 euros] pour avoir accepté 160 invités à un mariage au lieu des 150 autorisés”. Et c’était pourtant loin des 500 personnes habituellement conviées à des noces. Autre exemple cité par Fergana Agency : en 2019, un responsable local a été “limogé après un anniversaire tellement fastueux qu’il a fallu séparer les invités en deux groupes : le premier banquet a eu lieu le matin, le second dans la soirée”.

Depuis 2007, “902 cas de violation de la loi ont été constatées”, précise Asia Plus. Chaque année, “les Tadjiks paient des amendes s’élevant à des centaines de milliers de dollars”. Mais, au bout du compte, la loi leur permet-elle vraiment de faire des économies en réduisant la taille des festivités ? C’est le cas, assure Fergana Agency : rien qu’en 2018, ce sont 3 millions de dollars qui auraient été économisés chaque mois.

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