Le témoignage fort de l'ex-capitaine du Congo, Youssouf Mulumbu, sur les abus sexuels dans le football de son pays

Youssouf Mulumbu en 2018 avec Kilmarnock  - SnsPix / Icon Sport
Youssouf Mulumbu en 2018 avec Kilmarnock - SnsPix / Icon Sport

"C’est un réseau, il ne faut pas avoir peur des mots." Ancien capitaine de la République Démocratique du Congo, passé notamment par le PSG et West Bromwich Albion en Angleterre, Youssouf Mulumbu livre un témoignage fort sur le système pédocriminel qui toucherait son pays, au cœur d’une longue enquête réalisée par le journaliste Romain Molina pour le média Sport News Africa et mise en ligne ce jeudi.

Mulumbu : "Beaucoup ont peur"

Une enquête qui révèle que le football congolais est touché par "des abus en masse sur des jeunes garçons - et des adultes". "C’est un système, ce n’est pas un cas isolé de pédophilie. Des coéquipiers et des jeunes sont venus me parler de ce qu’ils ont connu, des propositions qu’ils recevaient. Je l’ai vu et entendu à de nombreuses reprises. C’est une réalité", affirme Mulumbu, qui prend la parole pour inciter les joueurs et les victimes à témoigner.

"Je comprends que c’est dur. Beaucoup ont peur, d’autres ont honte. On fait rentrer dans la tête des jeunes qu’ils doivent donner leurs fesses, que c’est comme ça que ça se passe en Europe. J’ai été surpris car beaucoup de joueurs ici pensent qu’en Europe, il faut coucher. Ça montre à quel point on leur a inculqué ça dans le crâne", raconte l’ancien milieu de terrain de Paris et Amiens. Selon Sport News Africa, le football congolais est concerné par un système pédocriminel qui se serait propagé depuis une vingtaine d’années.

Des membres de la Fédération congolaise de football (FECOFA) seraient impliqués, alors que l'état-major actuel de la fédération et certains clubs sont accusés d’avoir couvert ces actes. "Il faut arrêter de se voiler la face et affronter le souci, développe Hérita Ilunga, ex-défenseur de Saint-Etienne et actuel président de l’UFC, l’union des footballeurs du Congo. J’ai reçu plusieurs témoignages et preuves de ces abus. Des coachs qui demandent à des gamins de coucher avec eux, de faire des sacrifices. Je travaille de mon côté depuis un moment pour répertorier cela et voir les actions possibles pour nettoyer notre sport et permettre aux enfants d’évoluer dans un environnement sécurisé."

Contactés par Sport News Africa, le président et le vice-président de la Fédération congolaise de football n'ont pas souhaité s'exprimer.

Article original publié sur BFMTV.com