Témoignage : "Nous avons survécu deux ans dans les camps de concentration de Ravensbrück et Bergen-Belsen"

"Ma mère, mes deux frères – Robert et André –, et moi avons survécu à deux ans dans les camps de concentration de Ravensbrück et Bergen-Belsen. Le 15 avril 1945, les Anglais nous libèrent. Maman, atteinte du typhus, doit encore rester en Allemagne. Avec mes frères, nous sommes rapatriés en France. A l’hôtel Lutetia, nous sommes les seuls enfants à revenir des camps. Une tante qui vit près de Niort vient nous chercher. En raison de notre mauvaise santé, la Croix-Rouge nous transfère dans un préventorium à Hendaye. Enfin, maman nous rejoint. Aujourd’hui encore, je me demande comment nous avons pu survivre. C’est un miracle qui a eu lieu grâce à l’amour et à la force de notre mère. Papa, lui, n’est jamais revenu de Buchenwald.

Nous rentrons chez nous à Roubaix. Notre appartement a été pillé. Maman se met vite à retravailler comme couturière. Je retrouve les bancs de l’école à la rentrée de 1946. J’ai 13 ans. Je ne parle à personne de mon histoire. Je crains qu’en la révélant mes camarades me rejettent. Trois ans plus tard, j’entre au lycée. Je ne raconte toujours pas ce que j’ai vécu dans les camps. Je pense que ce n’est pas la peine, qu’aucun compagnon de classe ne peut en saisir la gravité. A la maison, nous n’évoquons pas non plus le sujet. Il ne s’agit pas de tabou. Juste, nous ne ressentons pas le besoin de remuer tout cela."

"Il y a aussi le contexte : au sortir de la guerre, les gens veulent oublier, retrouver de la légèreté. C’est pour moi un autre monde. J’ai le sentiment (...)

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