Syrie : des influenceurs locaux et étrangers font la promotion du pays en guerre civile depuis 2011

Sur TikTok et Youtube, des créateurs de contenu locaux ou occidentaux dépeignent un pays prospère et sûr, alors même que des régions syriennes sont encore le théâtre de combats entre opposants au régime de Bachar Al-Assad et armée régulière.

Le régime de Bachal Al-Assad tente-t-il de redorer son image? Depuis maintenant plusieurs mois, de nombreuses vidéos et publications diffusées sur plusieurs réseaux sociaux tels que TikTok et Youtube vantent la vie en Syrie, qui est pourtant en guerre civile depuis 2011. Dans ces documents, des jeunes gens dépeignent un quotidien agréable, fait de plages ensoleillées, de boîtes de nuit à la mode et de monuments impressionnants.

Parmi eux, une jeune femme nommée Patricia, qui dépeint son quotidien syrien sur TikTok, est la cible de toutes les critiques.

"Vous pensez que je ne sais pas qu'il y a des gens qui meurent, des gens qui n'ont pas de maison?", se défend-elle sur son compte.

Le plus fréquemment, les commentaires qui accompagnent ces vidéos, qui sentent la propagande du régime de Bachar Al-Assad, reprochent la déconnexion de ces jeunes gens, visiblement issus de milieux aisés, qui possèdent deux ou plusieurs passeports et ont le luxe d'étudier à l'étranger. En parallèle, Oxfam estime que dans le pays, 90% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Un guide au centre des interrogations ?

Outre les influenceurs locaux, il semble que des vidéastes occidentaux souhaitent se prêter au jeu de cette opération gouvernementale en présentant un pays calme et prospère. Si ceux-ci affirment ne pas être rémunérés pour leur contenu, plusieurs détails laissent pourtant imaginer l'inverse.

Selon France 24, plusieurs youtubeurs occidentaux ont ainsi été accompagnés par le même guide, un proche du pouvoir, lors de leur séjour syrien. C'est le cas du créateur danois Gustav Rosted, qui a ironiquement nommé sa vidéo "j'ai été torturé en Syrie", alors qu'il faisait en réalité référence à un massage. Un titre de mauvais goût qui lui a été vivement reproché.

Ce n'est pas un secret que le régime d'Assad souhaite relancer le tourisme dans son pays. En 2022, Gniath Al-Farah, le ministre du tourisme syrien, faisait d'ailleurs référence à ces vidéastes aux millions d'abonnés qui se rendent dans le pays.

"Des youtubeurs avec un large public viennent en Syrie. Ils sont largement suivis, et lorsqu'ils partagent des images de leur visite dans des lieux, c'est considéré en soi comme une grande promotion pour la Syrie", affirmait-il.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Dans le nord de la Syrie, les maisons à coupole en voie de disparaître