Les syndicats de police Alliance et UNSA se disent « en guerre », et outrent la gauche

Photo d’illustration prise le 20 avril 2021, lors d’une manifestation organisée par Alliance Police.
Photo d’illustration prise le 20 avril 2021, lors d’une manifestation organisée par Alliance Police.

POLICE - « Aujourd’hui, les policiers sont au combat car nous sommes en guerre. Demain, nous serons en résistance et le gouvernement devra en prendre conscience. » C’est en ces termes, proches d’un avertissement aux pouvoirs publics, que les deux principaux syndicats de police ont manifesté ce vendredi 30 juin leur colère, après trois nuits de violences après la mort de Nahel, tué par un tir policier. Un message et un ton digne d’un « appel à la guerre civile », et qui choque plusieurs cadres de la gauche.

Via un communiqué Alliance Police et UNSA Police se disent « en guerre » contre « les nuisibles », la « chienlit » et les « hordes sauvages ». Avec, en conclusion, une mise en garde directement adressée à l’exécutif : « Alliance Police et UNSA Police prendront leurs responsabilités et préviennent le gouvernement qu’à l’issue, nous serons dans l’action ».

Ce communiqué particulièrement virulent intervient dans un climat de tensions, après trois nuits de violences et alors que les syndicats policiers ont accusé Emmanuel Macron d’avoir tenu des propos « irresponsables », en déclarant que la mort de l’adolescent de 17 ans était « inexplicable et inexcusable ». Depuis jeudi, une lettre-type de « restitution de l’arme administrative », prête à signer, circule depuis entre certains policiers, qui estiment ne pas bénéficier d’une protection juridique suffisante en cas d’ouverture du feu.

Un « appel à la guerre civile »

Dans ce contexte, le communiqué syndical au ton martial, où la rhétorique employée fait écho à celle de certaines figures d’extrême droite, a profondément indigné à gauche. « Les ’syndicats’ qui appellent à la guerre civile doivent apprendre à se taire. On a vu les comportements meurtriers sur lesquels débouchent ce genre de propos », a ainsi tweeté Jean-Luc Mélenchon. Son ancien rival communiste à la présidentielle Fabien Roussel a lui dénoncé un « véritable appel à la sédition », une expression aussi choisie par la députée écologiste Sandrine Rousseau.

Auprès de l’AFP, Thierry Clair de l’UNSA Police a démenti toute volonté de sédition. « Ce qui est le plus important, c’est le début du communiqué, où l’on dit qu’on doit être sur le terrain vu la situation et ne pas déposer les armes », explique-t-il. « Quand on dit qu’on entrera en résistance, c’est pour dire qu’on se battra ensuite pour une meilleure protection juridique des policiers », a-t-il ajouté.

« Ce texte est un appel à la guerre civile », dénonce cependant la secrétaire nationale d’Europe-Écologie Les Verts Marine Tondelier, quand la présidente des Jeunes Socialistes Emma Rafowicz s’indigne : « Une police qui menace le gouvernement et l’État n’a pas sa place en France. »

Même dans les branches syndicales, le message a choqué. Ainsi, le secrétaire général de la branche éducation de l’UNSA s’est désolidarisé du communiqué des policiers. « Les mots ont un sens et ceux de ce communiqué sont inquiétants et insupportables. Ce ne sont pas les valeurs de l’UNSA » écrit Frédéric Marchand sur Twitter.

Alliance Police et UNSA Police répondent aux attaques

Alliance Police et UNSA Police ont répondu dans la soirée aux attaques sur leur lexique guerrier employé et notamment aux termes « guerre » et « nuisibles ».

« Quelques explications de texte pour les mauvais esprits : “nous sommes en guerre” est une image relatant ce que subissent nos collègues chque jour sur le terrain. Nous sommes face à une guérilla urbaine et non plus face à des violences urbaines, c’est donc contre une guerre urbaine que nos collègues luttent pour gagner », expliquent les deux syndicats dans un nouveau communiqué.

« Quand nos organisations évoquent la résistance, nous parlons de résistance syndicale, de combats syndicaux à venir, résistance dont font preuve nos collègues face à la foudre de ceux qui veulent semer le chaos. Chaos voulu par les nuisibles, ceux qui veulent nuire aux valeurs de notre république », ajoutent-ils.

Plusieurs voix se sont donc élevées pour réclamer une réaction du gouvernement. « Gérald Darmanin, soyez intraitable avec ceux qui ont abandonné les principes de la République », somme ainsi Fabien Roussel. Le député LFI d’Ille-et-Vilaine Frédéric Mathieu a lui annoncé saisir le procureur de Rennes, au nom de l’article 40 du Code de procédure pénale, rappelant que « le fait de provoquer à s’armer contre l’autorité de l’État ou contre une partie de la population » tombe sous le coup de la loi.

Contacté par Le HuffPost, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité réagir. Une intervention télévisée du ministre est cependant annoncée ce vendredi au journal télévisé de 20h de TF1. En avril dernier, Gérald Darmanin s’était rendu au congrès national d’Alliance Police en région parisienne, pour assurer à nouveau les forces de l’ordre de son soutien.

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