Sylvain Maillard élu à la tête du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale pour "arrondir les angles"

Nul n'a été surpris par la candidature express du député de Paris, annoncée jeudi dernier avant même l'officialisation de l'entrée d'Aurore Bergé au gouvernement. Ni par sa large élection mercredi, avec 80% des voix, face à un seul autre postulant.
Au Palais-Bourbon, "on l'appelle président Maillard" depuis un moment, souriait récemment une élue du groupe Renaissance, le plus fourni dans l'hémicycle avec 171 députés.

Des points marqués lors de l'intérim d'Aurore Bergé

Le nouveau chef de file a axé sa campagne éclair sur la nécessité de rester "unis" face à ceux "qui souhaitent diviser" le pays. Il s'est engagé "à faire vivre le débat" interne, "dans la loyauté" envers l'exécutif mais en défendant les positions du groupe "élaborées collectivement".

Sylvain Maillard, 49 ans, avait déjà endossé le costume du chef à l'automne dernier: alors vice-président du groupe, il avait assuré sans accroc la présidence par intérim, lors du congé maternité d'Aurore Bergé.
"Collectif", "ouvert à la discussion", "très apprécié": la parenthèse lui a permis de marquer des points auprès de ses collègues, dont les éloges sonnent comme autant de critiques en creux visant sa prédécesseure.

"Mouton à cinq pattes"

"Avec Aurore, il y avait un côté good cop/bad cop" (gentil flic/méchant flic) dans leur répartition des rôles, observe un cadre macroniste, pour qui le président idéal, c'est "un mouton à cinq pattes". "Vous devez rendre des arbitrages, tous les jours vous faites des déçus, vous n'avez pas le droit de vous rater en médias et il faut être capable de négocier avec les alliés Modem et Horizons", poursuit le même député, convaincu que Sylvain Maillard fera l'affaire, grâce notamment à son "leadership" forgé dans le privé. Né à Saint-Maur (Val-de-Marne), avant de grandir à Versailles (Yvelines), le député de Paris a fait des études d'expertise comptable, puis de commerce, avant de fonder sa propre entreprise en 2001, une société d'import-export de composants électroniques.

Un ex chiraquien

Une casquette qui lui a valu une mise en cause en 2021 dans les "Pandora papers" pour des liens avec une société écran aux Seychelles, condamnée pour contrefaçon. Sylvain Maillard avait porté plainte pour diffamation, se disant victime d'une usurpation d'identité.
Parallèlement à sa vie d'entrepreneur, ce "centriste de coeur", qui avait milité pour la campagne de Jacques Chirac en 1995, s'est engagé en politique en rejoignant d'abord l'UDF à la fin des années 1990, le Nouveau Centre en 2007, puis l'UDI à sa création en 2012. Il embarque dans l'aventure En Marche en devenant en 2016 porte-parole du candidat Emmanuel Macron, avant d'être élu député au premier tour en 2017 dans la première circonscription de Paris. Il est réélu en 2022, devenant vice-président du groupe macroniste.

Une arrivée à un moment-clef

À trois ans des municipales à Paris, où il a été conseiller d'arrondissement, Sylvain Maillard a aussi pris la tête de la fédération départementale de Renaissance.
Membre de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée, il y préside le groupe d'amitié avec l'Allemagne, où il a été étudiant Erasmus. La montée en grade de Sylvain Maillard intervient à un moment charnière. Après l'adoption dans la douleur de la réforme des retraites, de nouvelles rudes batailles parlementaires se profilent à l'automne sur les budgets ou encore l'immigration, des thèmes clivants au sein même d'une majorité composite, où il est associé à l'aile droite.

"Arrondir les angles"

La personnalité d'Aurore Bergé a permis au groupe de s'affirmer face à l'exécutif, mais "le nouveau besoin qui va grossir maintenant, c'est la cohérence et la cohésion", estime une députée Renaissance, satisfaite à cet égard du profil du nouveau chef. Du côté des alliés, la présidence Maillard est aussi vue d'un bon oeil: "c'est quelqu'un d'assez constructif et consensuel", se réjouit Bruno Millienne (Modem), jugeant que la majorité a "besoin de calme et de sérénité" après quelques turbulences. "Vu de l'extérieur", un député d'opposition tempère, glissant que Sylvain Maillard a parfois contribué à enflammer l'hémicycle par des provocations. "Dans son nouveau rôle, est-ce qu'il passera de celui qui chauffe ses ultras à celui qui arrondit les angles? On verra".

Article original publié sur BFMTV.com