Qui sont les "surfeurs routiers", ces voleurs qui braquent les camions en circulation sur l'autoroute ?

Une équipe de voleurs est actuellement jugée par le tribunal correctionnel de Paris. Ces hommes sont soupçonnés d'avoir commis 11 vols de camions en pénétrant à l'intérieur alors que le véhicule circule sur l'autoroute.

Se mettre debout sur le capot d'une voiture qui roule à vive allure sur une autoroute, forcer les portes arrière d'un camion, pénétrer à l'intérieur pour y voler la marchandise et repartir sans être vu. Ce scénario n'est pas celui d'un film d'action mais celui qu'avaient mis en place deux équipes de voleurs qui ont opéré pendant plusieurs mois sur les routes françaises. Dans le jargon, il s'agit de "surfeurs routiers".

Depuis une semaine, 21 hommes sont jugés pour "vols aggravés", avec la circonstance qu'ils sont commis dans un lieu destiné à l'entrepôt de fonds, valeurs, marchandises ou matériels, en pénétrant dans les lieux par effraction, par la 33e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Seize d'entre eux sont présents, un des prévenus comparaît libre. Mais cinq manquent à l'appel, et font l'objet d'un mandat d'arrêt européen. Dix hommes ont été interpellés en flagrant délit en novembre 2019, alors qu'ils tentaient de dérober de la marchandise appartenant à L'Oréal. Six ont été par ailleurs arrêtés en Suède et en Roumanie.

Travail de repérage

C'est d'ailleurs dans ce pays de l'Est que tout le mode opératoire particulier était imaginé. Les individus quittaient la Roumanie par petits groupes, à intervalle de 48 heures, pour ne pas attirer l'attention. En traversant différents pays, jusqu'à la France, ils se regroupaient au fur et à mesure. Une fois sur le territoire national, ils séjournaient une quinzaine de jours avant de commettre leurs vols et de repartir.

L'équipe s'installait à proximité d'une zone où se regroupent des entreprises ou des entrepôts de marchandise. Commençait alors un travail de repérage pour cibler les camions qui transportent des parfums, cosmétiques ou encore du matériel informatique comme des téléphones. Ils notaient particulièrement la plaque d'immatriculation afin d'obtenir des informations sur la destination du véhicule.

De ce repérage, la mécanique se met alors en place. Au départ du camion, l'équipe de braqueurs part à bord de plusieurs véhicules, cinq généralement. A partir de là, les voleurs coupaient tout moyen de communication. Une fois le camion engagé sur l'autoroute, l'un des véhicules se positionne devant pour le ralentir.

Un autre, appelé "véhicule d'embarquement", se place à l'arrière. Un troisième se place à côté du camion pour empêcher les passagers des voitures circulant sur l'autoroute de voir le vol.

Debout sur le capot

Sortant par le toit ouvrant de la "voiture d'embarquement", un des membres de l'équipe grimpe sur le toit puis sur le capot. Il est alors retenu par un simple harnais accroché à l'un des passagers du véhicule. Il force alors le mécanisme de fermeture de la porte du camion, parfois en utilisant une disqueuse, puis pénètre dans la remorque. De là, un autre véhicule se place à l'arrière du camion, celui-ci transformé de manière à ce qu'une trappe soit installée afin d'y jeter les colis de marchandise depuis le camion. Puis de regagner le véhicule.

Les marchandises sont ensuite envoyées en Roumanie via des transporteurs complices, ou revendues directement sur les marchés en France.

Les individus commettaient eux un ou plusieurs vols de ce type avant de repartir en Roumanie. Au total, le préjudice des deux équipes identifiées et interpellées est estimé à plus de trois millions d'euros. Tous les prévenus ne sont pas jugés pour les onze faits actuellement examinés par la justice, entre un et six sont reprochés à chaque mis en cause.

"On ne voit pas souvent ce type d'opérations avec un mode opératoire aussi organisé et professionnel, reconnaît une source judiciaire. Il est très rare ou difficile d'arrivé à neutraliser une équipe."

Pour ces faits, ils encourent jusqu'à sept ans de prison et 100.000 euros d'amende.

Article original publié sur BFMTV.com

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