En Suisse, la transparence salariale fait débat

Il y a transparence et transparence, constate Alain Salamin, consultant en ressources humaines. “Le concept est à géométrie variable dans les entreprises, depuis la divulgation des fonctions et des classes salariales correspondantes jusqu’à rendre tous les revenus individuels consultables”, explique-t-il au Temps.

Le modèle “soft” est celui que vient d’adopter La Poste. Il consiste à rendre publics un salaire initial et une fourchette salariale correspondant à chaque fonction. Le principe est le même chez l’assureur Helsana, qui depuis avril dernier affiche sur son Intranet une fourchette pour chacune des fonctions répertoriées, ou encore chez Swisscom, qui a mis au point une classification des fonctions “permettant des déductions au niveau du revenu”. “Une entreprise qui n’est pas capable de le faire et de justifier ses rémunérations est encore à l’âge de pierre et cela pourrait laisser penser qu’elle a des problèmes d’iniquité à cacher”, souligne Alain Salamin.

L’autre modèle, “absolu”, va quant à lui beaucoup plus loin. Il consiste à publier les revenus de tous les collaborateurs au regard de leur fonction et de leur temps de travail. En Suisse, quelques rares entreprises tentent pour le moment de le mettre en œuvre, comme la Banque alternative suisse ou l’agence digitale Liip. Bien intentionnée, la démarche n’est pas sans écueil : en dévoilant tout, n’y a-t-il pas un risque de créer des tensions ? s’interroge le journal.

Pour Alain Salamin, “objectiver tous les revenus contraint à une forme de nivellement de la ‘valeur’ des candidats”. Sans compter que publier les hauts salaires risque de pousser “à une augmentation de la masse salariale”. En outre, tout retour en arrière devient difficile et “en période financièrement difficile, ce modèle peut être dur à tenir”, fait valoir de son côté Pierre Monclos, directeur des ressources humaines de la société de formation à distance Unow.

Quoi qu’il en soit, la transparence salariale est encore très loin d’être banalisée en Suisse, comme le montre la timide progression du nombre d’offres d’emploi accompagnées de la mention d’un salaire ou d’une fourchette salariale. “Sur l’ensemble des plateformes JobCloud (Jobup, Jobs), 1,65 % d’annonces mentionnaient le salaire l’an passé, contre 2,17 % depuis le début de l’année.”

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