En Suisse, Jean-Luc Godard a eu recours au suicide assisté : en quoi cela consiste-t-il

FILE PHOTO: French-Swiss film director Jean-Luc Godard attends the 2010 Swiss Federal
Christian Hartmann / REUTERS FILE PHOTO: French-Swiss film director Jean-Luc Godard attends the 2010 Swiss Federal "Grand Prix Design" award ceremony in Zurich, November 30, 2010. REUTERS/Christian Hartmann/File Photo

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Jean-Luc Godard le 30 novembre 2010 au "Grand Prix Design" à Zurich

CINÉMA - « C’est lorsque les choses finissent qu’elles prennent un sens », disait Bruno Putzulu dans Éloge de l’amour en 2021. D’abord annoncée par Libération, l’information a finalement été confirmée auprès de l’AFP par un proche de la famille. Décédé en Suisse, ce mardi 13 septembre, à l’âge de 91 ans, le réalisateur Jean-Luc Godard a eu recours au suicide assisté.

« M. Godard a eu recours à l’assistance légale en Suisse d’un départ volontaire suite à de’multiples pathologies invalidantes’ selon les termes du rapport médical », a expliqué Patrick Jeanneret, conseiller de la famille à l’AFP. Gage que tout a été précipité, ce proche du réalisateur a également expliqué à l’AFP que l’annonce du décès aurait dû être faite dans « deux jours » et que le communiqué avait dû être écrit à la hâte à la suite d’une fuite dans la presse.

Depuis plusieurs décennies, nos voisins d’outre-Alpes permettent le « suicide assisté ». Concrètement le droit suisse n’autorise pas l’euthanasie mais n’empêche pas l’assistance au décès.

« L’assistance au suicide consiste à fournir au patient la substance mortelle qu’il ingérera alors lui-même, sans intervention extérieure, pour mettre fin à ses jours », précise le site de l’administration Suisse. À cet égard, la personne qui souhaite avoir recours à un suicide assisté doit faire preuve de « discernement ».

L’article 115 du Code pénal helvétique prévoit aussi des garde-fous et rappelle ainsi également que « celui qui, poussé par un mobile égoïste, aura incité une personne au suicide, ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera, si le sui­cide a été consommé ou tenté, puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire », précise le texte.

L’euthanasie active directe qui consiste à « abréger les souffrances d’une personne » et où « le médecin ou un tiers fait intentionnellement au patient une injection qui entraîne directement la mort de ce dernier » est ainsi punissable.

Euthanasie active indirecte et euthanasie passive

À l’inverse, l’euthanasie active indirecte, ou l’euthanasie passive sont « admises ». La première consiste à « soulager des souffrances » en administrant des substances « dont les effets secondaires sont susceptibles de réduire la durée de la survie ». La seconde consiste à renoncer à des mesures de maintien de la vie ou à leur interruption, comme le : débranchement d’un appareil à oxygène.

En Suisse, le suicide assisté n’est donc pas encadré par des médecins mais par des associations, comme Dignitas, Lifecircle, ou encore Pegasos. Elles aident notamment à trouver un lieu mais aussi à solliciter un médecin pour trouver les médicaments qui permettront de s’éteindre. L’organisation Exit a accompagné près de 1.400 personnes dans la mort en 2021.

Les suicides assistés ont augmenté annuellement ces dernières années en suisse, passant de 187 cas par an en 2003 à 965 en 2015, selon l’Office fédéral de la statistique. Après une légère diminution en 2016, ils sont repartis depuis à la hausse.

En France, la mort de Jean-Luc Godard prend un sens nouveau à la lueur de cette information : Emmanuel Macron a annoncé le lancement prochain d’une Convention citoyenne sur la fin de vie qui durera six mois. Le président de la République qui veut une évolution de la loi d’ici à 2023 n’a pas exclu de passer par un référendum pour conclure ce cycle de débat.

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