Suicide de Lindsay: pointé du doigt, le principal du collège se défend

Suicide de Lindsay: pointé du doigt, le principal du collège se défend

"Enseignants et surtout la direction, vous allez finir dans une chaise roulante", "j'espère que vous M. le proviseur vous allez être harcelé comme Lindsay par tous les parents de France", "nous allons vous traquer jusqu'à vos domiciles et vous faire du mal". Ces menaces, ce sont quelques-unes de celles reçues par le collège Bracke-Desrousseaux de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où était scolarisé Lindsay, selon des documents consultés par BFMTV, confirmant une information du Parisien.

Depuis le suicide de la jeune fille de 13 ans, victime de harcèlement scolaire, le 12 mai dernier, l'établissement scolaire, et plus particulièrement le principal du collège, sont la cible de courriels et d’appels menaçants. Le chef d'établissement, Doris W., a déposé quatre plaintes pour menaces et outrages à agent public.

La famille de Lindsay, quant à elle, a publiquement désigné le principal du collège comme l'un des responsables du décès de l'adolescente. Elle a déposé plainte contre Doris W. pour "non-assistance à personne en péril". Mais le chef d'établissement affirme avoir fait "tout ce qu'il devait faire" et nie tout manquement, a affirmé son avocat Me Frank Berton chez nos confrères.

Plusieurs bagarres

Selon des documents que BFMTV a pu consulter, c'est le 14 novembre 2022 qu'éclate la première bagarre entre Lindsay, accompagnée de son amie Maïlys, et deux autres filles du collège après un différend survenu quelques jours plus tôt. Les deux premières sont exclues un jour et leurs rivales deux et trois jours. À l'occasion d'une réunion au collège le 17 novembre avec le conseiller principal du collège (CPE), le principal, Doris W. conseille à la mère de Lindsay de déposer plainte.

Trois mois plus tard, le 2 février 2023, une nouvelle bagarre survient, cette fois-ci devant l'établissement scolaire, entre Lindsay et une des élèves impliquées dans la première altercation, au sujet de graffitis écrits sur les murs des toilettes. L'équipe éducative intervient et la police municipale, alertée, se déplace.

Absent au moment de la bagarre, le chef d'établissement, Doris W., arrive quelques minutes plus tard. Il est pris à parti par le beau-père de Lindsay, qui débarque en voiture devant l'établissement. "Vous la direction, je vais tous vous fumer", déclare-t-il. Un plainte est déposée contre lui la semaine suivante pour menaces à la direction de l'établissement par Doris W., selon le document. Quatre jours après l'altercation, le 6 février, le CPE de l'établissement organise un entretien avec Betty Gervois, mais la maman de Lindsay ne se présente pas.

Une "fiche harcèlement" élaborée

Le 13 février 2023, le collège reçoit de l'Inspection académique le dossier élaboré par les parents de Lindsay concernant son harcèlement. Il y a la lettre d’adieu rédigée par l'adolescente et trouvée dans sa chambre, des certificats médicaux de la jeune fille en date 3 février et des photos des graffitis. C'est la première fois que la question du harcèlement est évoquée. À cette occasion, l'Inspection académique réclame au collège une "fiche harcèlement", qui ne sera retournée que le 27 février, au retour des vacances scolaires.

Le même jour, la collégienne, avec qui Lindsay s'est battue, passe en conseil de discipline et est exclue définitivement de l'établissement pour des faits de violences physiques.

La mère de Lindsay est reçue une dernière fois, le lendemain, par l'infirmière scolaire, le CPE et la principale adjointe pour préparer le retour de la collégienne dans l'établissement. Quand elle arrive le même jour aux grilles du collège, Lindsay évoque devant les surveillants présents une "enquête" de "l'académie", affirmant que "Mr. W va être viré".

Le 1er mars, le principal du collège sollicite l'aide de l'académie de Lille pour mettre en place dans l'établissement le dispositif "Phare 1" de lutte contre le harcèlement scolaire.

Une commission éducative prévue

Les semaines qui suivent, l'équipe éducative note les retards fréquents de Lindsay et son manque de travail. Le 14 avril, une commission éducative est décidée et fixée au 11 mai pour faire le point sur la situation scolaire de la jeune fille. Le 9 mai, Lindsay est aperçue en pleurs par le CPE, mais refuse d'en dire plus et d'être reçue par l'infirmière scolaire.

Deux jours plus tard, l'adolescente fait une crise d'angoisse dans l'établissement. Sa mère est alertée, mais refuse de se déplacer. Lindsay est prise en charge par les pompiers et transportée à l'hôpital. Ce n'est qu'à ce moment-là que Betty Gervois se déplace. Au vu de l'état de la collégienne, l'établissement annule la commission éducative.

Lors de son retour au collège, le 12 mai, Lindsay, qui se plaint de maux de tête, est reçue par l'infirmière. L'adolescente se donne la mort le soir même. Trois jours plus tard, lors d'une conversation avec l'inspecteur d'académie, la mère de Lindsay met en cause une élève, mais précise que sa fille ne faisait plus état d'incidents au collège, selon ces documents.

"Personne n'est dupe de cette stratégie de déni, totalement artificielle. Les familles - la maman de Lindsay et les parents de Maïlys, de Flavie et d'Océane, toutes harcelées dans le même établissement - sont heurtées par cette attitude, mais ne sont pas surprises, connaissant le personnage", a réagi l'avocat de la famille de Lindsay, Me Pierre Debuisson. Il ferait mieux de faire profil bas et de présenter des excuses", a-t-il ajouté.

L'enquête sur la mort de Lindsay est toujours en cours.

Article original publié sur BFMTV.com