Starship, la plus grande fusée du monde lancée par SpaceX

La fusée Starship installée sur la rampe de lancement de la base spatiale Starbase, située à l’extrême sud du Texas, s’apprête à décoller pour un premier vol d’essai.  (Photo de SPACEX / AFP)
La fusée Starship installée sur la rampe de lancement de la base spatiale Starbase, située à l’extrême sud du Texas, s’apprête à décoller pour un premier vol d’essai. (Photo de SPACEX / AFP)

ESPACE - C’est la plus grosse et la plus puissante fusée jamais construite. SpaceX doit effectuer  le premier vol d’essai de Starship, ce lundi 17 avril à 8h heure locale, 15h en France. Du haut de ses 120 mètres, Starship appartient à la catégorie des lanceurs super-lourds, capables de transporter plus de 100 tonnes de cargaison en orbite. Sa puissance au décollage doit être plus de deux fois supérieure à celle de la légendaire Saturn V, la fusée du programme lunaire Apollo, qui elle, faisait déjà 111 mètres de haut.

Mais en plus de sa taille et de sa puissance, ce qui fait de Starship une fusée exceptionnelle est le fait qu’elle doit être entièrement réutilisable. L’objectif d’Elon Musk avec cette stratégie est de casser les prix. Chaque vol de Starship pourrait à terme ne coûter que « quelques millions » de dollars, a-t-il redit dimanche. À titre de comparaison, le lanceur Space Launch System (SLS) utilisé en novembre dernier dans le cadre de la mission Artemis 1 a coûté plus de 4 milliards de dollars à la NASA.

Le premier étage de la fusée de SpaceX, appelé Super Heavy, doit revenir sur sa tour de lancement, équipée de bras pour l’attraper. Le deuxième étage du véhicule, le vaisseau Starship, qui donne par extension son nom à la fusée entière, devra lui revenir se poser sur Terre à l’aide de rétrofusées. C’est cette manoeuvre qui avait été plusieurs fois tentée en 2020 et 2021. Plusieurs prototypes étaient alors redescendus trop vite, et avaient percuté le sol dans d’impressionnantes explosions. Mais au bout de la cinquième tentative l’atterrissage a finalement été réussi.

« Probablement pas un succès »

Si l’excitation est à son comble, l’issue de ce vol d’essai reste incertaine. L’engin, qui fonctionne à l’oxygène et au méthane liquides, n’a encore jamais volé dans sa configuration complète, avec son premier étage surpuissant, Super Heavy. Seul le vaisseau Starship, a effectué des tests suborbitaux, à environ 10 km d’altitude.

Lundi, le plan de vol est le suivant : environ trois minutes après le décollage, Super Heavy doit se détacher et retomber dans les eaux du golfe du Mexique. Le vaisseau Starship doit alors continuer seul son ascension, et effectuer un peu moins d’un tour de Terre avant de retomber dans l’océan Pacifique.

Mais il s’agit là du « meilleur scénario », a fait savoir SpaceX et le doute plane quant à la réussite de cet essai.  « Demain ne sera probablement pas un succès, si on entend par là atteindre l’orbite », a déclaré dimanche soir Elon Musk, parlant à ses abonnés via Twitter.  « Si nous voyons quoique ce soit qui nous inquiète, nous reporterons le vol », a-t-il prévenu. Et si le décollage a lieu, le milliardaire espère surtout qu’il ne détruise pas l’aire de lancement.

Sa crainte : que l’un des 33 moteurs Raptor de Super Heavy explose et provoque un « effet domino » en se propageant aux autres. « Cela prendrait sûrement plusieurs mois pour reconstruire le pas de tir si nous le faisons fondre », a-t-il dit. « Si on s’éloigne assez du pas de tir avant qu’il y ait un problème, je considérerai ça comme un succès ». Le but principal est de récolter un maximum de données pour les prototypes suivants.

La Lune puis Mars ?

Et s’il y a des chances que cet essai soit un échec, la fusée a tout de même déjà trouvé des clients. Son premier vol avec équipage est prévu en partenariat avec le milliardaire américain Jared Isaacman. Un autre milliardaire, le Japonais Yusaku Maezawa, et l’entrepreneur américain Dennis Tito (le premier touriste spatial de l’histoire), ont également annoncé qu’ils monteraient à bord pour un voyage autour de la Lune.

Car c’est bien là le but ultime de Starship : pouvoir envoyer des hommes sur la Lune. La Nasa a choisi ce vaisseau pour faire réatterrir, pour la première fois en plus d’un demi-siècle, ses astronautes sur le satellite de la Terre, lors de la mission Artemis 3 officiellement prévue en 2025. L’essai de ce lundi sera donc scruté de près par l’agence spatiale américaine.

La mission Artemis 3 dot se dérouler ainsi : les astronautes décolleront séparément à bord de la nouvelle méga-fusée de la Nasa, SLS (98 mètres de haut, avec une puissance au décollage quasiment deux fois inférieure à celle prévue pour Starship).

Ils se rendront jusqu’à la Lune dans la capsule Orion, et celle-ci s’amarrera alors au vaisseau Starship, préalablement placé en orbite lunaire. C’est lui qui fera descendre les astronautes sur la surface de la Lune. Sans cet alunisseur, Artemis 3 ne pourra pas avoir lieu.

Mais Elon Musk veut aller encore plus loin. Pour lui, Starship est surtout le vaisseau qui doit permettre à l’humanité de devenir multiplanétaire : « Nous avons un chemin ardu de deux ou trois ans devant nous (...) mais à la fin nous devrions avoir quelque chose qui permette d’installer une base sur la Lune et sur Mars. »

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