Starship : Elon Musk et SpaceX ont dû procéder à de nombreux changements pour que la fusée redécolle

ESPACE - Elon Musk retente sa chance. Le deuxième lancement d’essai de Starship, la plus grande et plus puissante fusée au monde jamais construite, est prévu ce samedi 18 novembre. SpaceX a reçu l’autorisation de la FAA, le régulateur américain de l’aviation. Mais elle n’était pas gagnée d’avance, sept mois après un décollage qui avait fait bien plus de dégâts que prévu.

SpaceX : l’explosion de la fusée Starship n’était pas le pire

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article, le pas de tir n’était pas aux normes et des risques concernant la biodiversité au niveau de la zone de lancement ont été mis en lumière, entrainant une enquête de la FAA. Si on ajoute à cela le fait que la fusée a explosé au bout de quatre minutes, ce premier lancement était loin d’être réussite contrairement à ce que déclarait Elon Musk, patron de SpaceX.

Le pas de tir entièrement reconstruit

Retour au printemps. Le 20 avril 2023, la fusée haute de 120 mètres s’élance vers le ciel. Mais au moment du décollage, un impressionnant nuage de poussière se forme au niveau des 33 moteurs du lanceur et s’étend jusqu’à la ville texane de Port Isabel, à une dizaine de kilomètres de la base de lancement de SpaceX. Les voitures et maisons de résidents sont recouvertes d’une couche de poussière, ce qui inquiète les autorités locales ; elles décident de fermer de la plage de Boca Chica et une partie de l’autoroute qui longe Starbase.

Le pas de tir de la fusée n’est pas non plus épargné. Il est partiellement détruit par la puissance des moteurs de l’engin, faisant voler débris et morceaux de béton. Un profond cratère a également été creusé en dessous de l’infrastructure.

Elon Musk assure que des changements ont été effectués, rapporte le site Space.com, pour que ces problèmes ne surviennent plus. L’aire de lancement a été reconstruite et un système de « déluge » d’eau a été installé et testé. Ces trombes d’eau déversées au moment de l’allumage des moteurs doivent atténuer les ondes acoustiques et donc limiter les vibrations. Le patron de SpaceX a également expliqué que 1000 mètres cubes de béton renforcé à haute résistance ont été coulés pour renforcer la plateforme.

Un danger pour la biodiversité ?

L’autre enjeu environnemental concerne la biodiversité. Plusieurs ONG avaient dit vouloir poursuivre SpaceX à cause des dégâts provoqués par le premier décollage. « L’aire de lancement se trouve à côté d’habitats d’espèces protégées », avait déclaré dans un communiqué l’ONG Center for Biological Diversity, en soulignant que le test avait « aspergé les alentours de particules » fines.

L’organisation a également dénoncé la pollution sonore et les départs de feu. Le premier vol d’essai avait provoqué un incendie d’environ 1,5 hectare dans le parc régional de Boca Chica, au sud de l’aire de lancement, selon les services fédéraux de protection de la faune. « Les conséquences du décollage incluent de nombreux morceaux de béton, plaques en acier, métaux et autres objets projetés sur des centaines de mètres, et un nuage de béton pulvérisé a déposé de la matière » jusqu’à plus de 10 km au nord-ouest du pas de tir, ont détaillé les services fédéraux.

La FAA avait ouvert une enquête environnementale, menée en collaboration avec les services fédéraux de protection de la nature (Fish and Wildlife Service). Mais celle-ci n’est pas encore terminée. Interrogé par l’AFP, Jared Margolis, avocat pour le Center for Biological Diversity a déclaré : « Nous craignons que ce deuxième lancement crée une fois de plus des dommages environnementaux importants ».

La Nasa sur le qui-vive

À cela s’ajoute le problème principal de SpaceX, celui concernant sa fusée en elle-même. Lors du premier essai, les deux étages de l’engin n’avaient pas réussi à se séparer en vol. Le système de séparation a donc été changé, a indiqué Elon Musk début octobre, en ajoutant que le test de ce nouveau système serait « la partie la plus risquée » du deuxième essai. « Je ne veux pas susciter de trop grands espoirs », a-t-il prévenu.

Ce nouveau décollage restera scruté de près, notamment par la Nasa. En effet, SpaceX, est chargée de construire l’alunisseur qui déposera les astronautes sur le sol lunaire lors de la mission Artemis 3 prévue en décembre 2025. L’alunisseur doit être une version modifiée du vaisseau Starship mais l’engin semble encore loin d’être prêt.

Jim Free, haut responsable de la Nasa, a plusieurs fois fait part de ses inquiétudes pour Artemis 3, notamment à cause « des difficultés rencontrées par SpaceX ». « On peut s’attendre à ce que le projet glisse vers 2026 », a-t-il déclaré en juin. Deux mois plus tard, il suggérait même que la mission Artémis 3 pourrait être transformée en une « mission différente » en cas de retards sur certains éléments clés.

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