Starliner de Boeing : ses retards à répétition du pourraient lui valoir une nouvelle humiliation

La capsule Starliner en redescente, avec les flotteurs gonflés (vue d’artiste).
Boeing La capsule Starliner en redescente, avec les flotteurs gonflés (vue d’artiste).

ESPACE - Finalement cela sera pour le 5 juin, ou peut-être le 6. Starliner, la capsule habitée conçue par Boeing, a sa nouvelle date de lancement, quelques jours à peine après un nouvel essai avorté le 1er juin. Si tout va bien, et que cette première mission d’essai habitée est un succès, l’autre série noire de Boeing (après ses avions aux défauts multiples) pourra enfin prendre fin. Mais une ultime humiliation guette l’avionneur américain, de celles qu’Elon Musk pourrait trouver savoureuse.

Ce Boeing Transavia parti d’Orly fait demi-tour en raison d’une fissure dans le cockpit et ruine un voyage scolaire

Parce qu’un peu de retard, surtout dans un domaine aussi pointu que le vol habité, ça va. Mais beaucoup, vraiment beaucoup de retard, autant que Boeing et son Starliner en tout cas, bonjour les dégâts. Depuis 2012, date de sélection du projet par la Nasa, les problèmes techniques n’ont cessé de ralentir les plans originaux, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous.

Imaginez : le premier vol habité, celui qui ne cesse d’être repoussé ces derniers mois, aurait dû avoir lieu en... 2017. Et en parallèle, malgré quelques avanies, l’autre entreprise sélectionnée par la Nasa pour mettre au point une capsule réutilisable n’a cessé d’avancer ses pions.

Une tragique histoire d’agenda

SpaceX a ainsi eu le temps de fignoler son concurrent à Starliner, Crew Dragon. Mieux encore, la société d’Elon Musk, dont le premier vol habité date de 2020 a transporté déjà une cinquantaine d’astronautes vers l’ISS, à travers une douzaine de missions. Un portfolio impeccable, qui fait pâlir d’autant plus l’étoile de Boeing.

Tout semblait pourtant rentrer enfin dans l’ordre. Le 6 mai 2024, après la réparation d’un harnais qui a coûté 11 mois supplémentaires à la mission, Starliner était sur le pas de tir, prêt à s’envoler avec à son bord trois astronautes américains : Sunite Williams, Barry Wimore, Mike Fincke. Jusqu’à ce que d’ultimes contrôles découvrent une fuite d’hélium dans le réservoir de la capsule.

Qu’à cela ne tienne : le 1er juin sera la bonne date. Tout est prêt, fin prêt, quand à 3 minutes du lancement un voyant s’allume en rouge : un problème d’alimentation électrique. La réparation est facile, le délai, cette fois, ne sera pas d’un an, ni d’un mois, mais d’à peine quelques jours… Mais ceux-là risquent d’être de trop. Car à l’horizon se profile une nouvelle humiliation du calendrier. Les 5 et 6 juin, la nouvelle fenêtre de tir pour ce lancement, c’est également celle du décollage prévu de la navette Starship de SpaceX.

Une symbolique désastreuse

Pour cet engin XXL, celui qui doit un jour rejoindre la Lune, ce n’est pas le premier, mais le quatrième vol de test. Surplombant l’imposant lanceur Super Heavy, il s’agit de la plus imposante et puissante fusée jamais conçue, pensée pour transporter des astronautes sur notre satellite naturel dès 2026.

La concomitance des deux lancements tient du désastre pour la communication de Boeing et son projet spatial, comme si SpaceX, avec son Crew Dragon déjà fonctionnel, était passé à autre chose depuis longtemps. Les amateurs de spatial n’ont pas manqué de le noter, multipliant les piques. « À ce rythme, ils feraient mieux d’embarquer Starliner à bord de Starship » s’amuse un internaute, quand un autre note simplement « Starship sera en orbite avant Starliner ».

La route de Starship est pourtant loin d’être sans obstacle jusqu’ici. Une enquête suite à un manquement à la sécurité fin 2020, une fuite de méthane en 2021, une série de dysfonctionnements durant le troisième vol test en mars 2024… La fusée n’est pas sans poser de problèmes, et la date prévue pour la mission Artemis 3 se rapproche dangereusement, dans moins de deux ans désormais.

Il n’empêche : l’aventure spatiale de Boeing est de plus en plus considérée comme maudite, comme s’en amusaient (déjà !) certains en 2021, lorsqu’un panneau de protection était tombé pendant le transport de Starliner. Certes, si l’on est porté par l’optimisme, un lancement le même jour de Starship et Starliner serait un beau symbole du renouveau spatial actuel. Mais il ne faudrait pas que Boeing doive annoncer un nouveau délai lorsque la fusée d’Elon Musk ne sera déjà plus qu’un point à l’horizon.

À voir également sur Le HuffPost :

La sonde chinoise Chang’e-6 a atterri avec succès sur la face cachée de la Lune

Ariane 6 à la verticale : avant le lancement en juin ou juillet à Kourou, « le plus dur est à venir »