Wimbledon: Mpetshi Perricard dans la tradition des grands serveurs

Le Français Giovanni Mpetshi Perricard au service au premier tour de Wimbledon contre l'Américain Sebastian Korda le 2 juillet 2024 à Londres (Ben Stansall)
Le Français Giovanni Mpetshi Perricard au service au premier tour de Wimbledon contre l'Américain Sebastian Korda le 2 juillet 2024 à Londres (Ben Stansall)

Wimbledon met en valeur les grands serveurs comme l'illustre cette année le Français Giovanni Mpetshi Perricard, auteur au premier tour de 99 services qui ne lui sont pas revenus et qui compte sur cette arme pour affronter Yoshihito Nishioka au deuxième jeudi.

Eliminé au troisième tour des qualifications, "Gio" a été repêché. Chance. Mais le sort lui a mis un très bon joueur en face pour le premier match de sa carrière dans le Majeur sur gazon en la personne de l'Américain Sebastian Korda, 21e mondial et huitième de finaliste pour sa première participation en 2021. Malchance.

Alors, le Français a sorti l'artillerie lourde, très lourde. Il a passé 51 aces et 48 services gagnants sur les 186 points remportés au total pour s'imposer 7-6 (7/5), 6-7 (4/7), 7-6 (8/6), 6-7 (4/7), 6-3 !

"Franchement, je suis content d'avoir ce service qui m'aide énormément. Sur les balles de break, je reste calme, je ne pense pas à l'ace ou au service gagnant. Si j'en fais, tant mieux. Si la balle revient, bah, va falloir que je me débrouille, mais je ne me mets pas la pression en me disant qu'il faut absolument que je fasse un ace", assure-t-il.

- Danger -

C'est peut-être plus encore sur les points où il est en danger que Mpetshi Perricard s'appuie sur ce service redoutable.

Il a ainsi réussi deux aces de suite dont un sur seconde balle alors que Korda menait 6 points à  5 dans le tie break du troisième set. Au total sur le match, il a sauvé onze balles de break, dont six sur des aces, et n'a jamais concédé sa mise en jeu.

Mais attention ! Si Mpetshi Perricard est si efficace sur son engagement, c'est le fruit d'un long travail. Et il n'est pas question de se reposer sur ce seul point fort.

"Je trouve que ce n'est pas évident de servir. Sinon, tout le monde serait fort. Quand on est grand (2,03m), c'est sûr que ça aide. Mais si tu n'as pas une bonne technique, si tu n'as pas travaillé à l'entraînement, si tu n'as pas fait des heures et des heures de panier, tu ne vas pas pouvoir servir beaucoup d'aces en match", insiste-t-il.

En connaisseur, l'Américain John Isner, détenteur du record de 113 aces en un seul match, à Wimbledon en 2010 contre Nicolas Mahut, qualifie de "superbe" le geste de service du Français.

"Je ne toucherais à rien à sa technique, elle me semble parfaite. Et il a montré qu'il pouvait déjà trouver toutes les zones. Il frappe aussi très fort en deuxième balle avec peu de déchet", commente-t-il dans le journal L'Equipe mercredi.

- "Chantier" -

Car en face, entre le matériel, l'entraînement, les courts qui ralentissent, les balles qui s'alourdissent, les joueurs retournent de mieux en mieux et surtout de plus en plus long.

"Donc il faut être de plus en plus précis", insiste le Français, persuadé de devoir élargir sa palette de jeu.

"Il faut avoir un fond de jeu suffisamment fort pour pouvoir faire la différence dans le jeu", assure-t-il.

Ce travail, et il y en a "beaucoup" reconnaît-il, il le fait avec son entraîneur Emmanuel Planque.

Quand les deux hommes ont commencé leur collaboration en 2022, GMP estime que son jeu "était un grand chantier".

"Il fallait changer des choses. Déjà, je n'avais pas la bonne vision du jeu. Je ne voyais pas comment j'allais jouer dans quelques années. Je ne voyais pas trop mes armes", énumère le joueur.

Outre son énorme service, il possède un violent coup droit mais qu'il va apprendre à utiliser "pour faire mal" et non pas pour "faire le jeu". Le but, devenir le plus agressif possible.

ig/chc