UFC 294: Usman-Chimaev, une légende contre un phénomène sur la route de l’or

La métaphore fait sourire. Interrogé lors du media day sur son adversaire du week-end à Abu Dhabi, Khamzat Chimaev a fait dans la figure de style pour évoquer Kamaru Usman. "Depuis mon premier jour à l’UFC, tout le monde parle de ce combat. Nos qualités en lutte, notre striking, tout ça. C’est un combattant, comme moi, mais c’est l’ancienne version. Je suis nouveau. C’est comme les iPhones. Il est l’iPhone 5, je suis un iPhone Pro. C’est différent." Co-combat principal du bouillant UFC 294, le choc Usman-Chimaev était attendu il y a déjà plus d’un an, quand le premier était encore champion des -77 kilos (welters) et le second un phénomène aux dents longues. Il a finalement lieu quand on l’attendait le moins.

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Après une pesée ratée en -77 lors avant sa dernière apparition dans la cage, en septembre 2022, Chimaev devait affronter Paulo Costa chez les -84 kilos (moyens), ce qui aurait été un bon test pour lui sur le gabarit comme le style. Mais une infection au coude subie a obligé le Brésilien à déclarer forfait à dix jours de l’événement. Et l’UFC a trouvé un remplaçant qui rend l’affiche encore plus clinquante. D’un côté, Kamaru Usman, ancien roi de la catégorie inférieur invaincu plus de neuf ans avant ses deux défaites de rang face à Leon Edwards. De l’autre, Khamzat Chimaev, le nouvel épouvantail de l’UFC, invaincu en carrière (12-0) et qui roule sur ses adversaires, tous terminés avant la limite sauf un – Gilbert Burns – depuis son arrivée dans la plus grande organisation de MMA à l’été 2020 (où il avait enchaîné deux victoires en… dix jours).

Avec de l’or à l’horizon: le vainqueur sera le prochain challenger de Sean Strickland, nouveau champion des moyens depuis sa victoire sur Israel Adesanya en septembre à l’UFC 293. Deux stars et de l’enjeu. Difficile de faire plus savoureux. D’autant que les styles devraient proposer une opposition de feu. Les deux sont des maîtres de la lutte. Chimaev n’a jamais subi la moindre amenée au sol à l’UFC. Usman? Une seule fois. On attend donc très fort de les voir se coller l’un à l’autre pour savoir qui prendra le dessus. Mais une interrogation plane sur le combat. Le Usman qui montera dans la cage à Abu Dhabi ressemblera-t-il à celui qui a longtemps régné sur les welters?

"The Nigerian Nightmare" affiche trente-six printemps au compteur. On sait que ses genoux sont en mauvais état, au point de voir des images de l’entraînement public de la semaine avec son partenaire de salle Justin Gaethje lancer la rumeur d’une blessure (il a démenti depuis mais les images laissent planer un doute). Ses deux dernières sorties dans l’octogone de l’UFC ont aussi pu l’atteindre sur le plan psychologique. Mis KO par Edwards à une minute de la fin du dernier round dans leur deuxième combat en août 2022 – ils s’étaient déjà affrontés en 2015 – alors qu’il avait les choses en mains, dominé sans discussion possible lors de leur troisième danse en mars dernier, l’ancien lutteur ne présente forcément plus la même confiance intérieure.

De quoi inspirer Chimaev en conférence de presse: "Si tu prétends être le meilleur au monde, pourquoi as-tu perdu tes deux derniers combats? Tu es trop vieux pour ça. Tu devrais commencer à coacher, c'est mieux pour toi." Réponse de l’intéressé? "Ça fait partie de la vie. C'est une leçon que je vais devoir t'apprendre." Car sa situation peut aussi être une force. Pas favori des bookmakers, donné battu par beaucoup de spécialistes, Usman n’a pas grand-chose à perdre. Mais beaucoup à gagner s’il peut s’imposer pour s’offrir un combat pour le titre face à un Strickland qu’il a déjà battu sur décision unanime en avril 2017. Une nouvelle défaite pourrait selon certains être synonyme de bout de la route.

Mais l’intéressé a un autre plan, matérialisé dans ses mots au micro de RMC Sport: "Après ce combat, je vais prendre la ceinture des moyens puis redescendre récupérer celle des welters. C’est un bon plan, non?" Et de compléter devant les médias: "Quelle meilleure façon de s’en aller? Je prends les deux ceintures, j’envoie des doigts à tout le monde et je me retire!" Chimaev, qui n’a plus combattu depuis treize mois (de folles rumeurs ont tourné sur son absence, que certains supposaient par exemple liée à ses liens avec dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov qui est dans le viseur des autorités américaines), est là pour faire capoter l’affaire.

Dans un choc en trois rounds, le premier pour Usman depuis janvier 2018, ce qui pourrait l’avantager s’il a des problèmes physiques même si on sait à l’inverse qu’il met parfois un peu de temps à rentrer dans ses combats, le Suédois d’origine tchétchène qui sera à domicile à Abu Dhabi – il est devenu citoyen des Emirats arabes unis ces dernières semaines – devra se montrer intelligent vu le pedigree en face. S’il part à la bataille comme face à Burns, qu’il avait battu sur décision en avril 2022 alors que le Brésilien avait été mis TKO par Usman en février 2021, l’ancien champion des welters a tout pour le surprendre.

Mais s’il fait parler sa technique et sa puissance physique, Usman pourrait être parti pour une longue (ou plutôt une courte) soirée. Et Chimaev lancé vers son premier combat pour un titre UFC. Il n’a aucune autre perspective en tête, motivé à imposer l’inéluctable aux patrons de l’organisation. "Je ne pense pas à la suite. Avant Burns, ils m’avaient promis un combat pour le titre en cas de victoire. Mais quand j’ai recombattu, je ne l’ai pas eu. Je ne vise pas juste le titre, je veux faire tomber toutes les têtes à l’UFC. Défoncer quelqu’un, faire de l’argent, être heureux. Si je termine tout le monde, ils devront me donner toutes les ceintures." A l’UFC 294, un phénomène défie une légende de sept ans son aîné. Pour ce qui pourrait bien s’apparenter à un passage de témoin entre les générations si Chimaev finit le bras levé.

Article original publié sur RMC Sport