UFC 294: Pourquoi Volkanovski peut réaliser un exploit dingue face à Makhachev

La rumeur, tout proche de devenir réalité, l’envoyait défendre sa couronne des plumes (-66 kilos) à l’UFC 297, en janvier prochain à Toronto, contre Ilia Topuria. Mais on va le revoir bien plus tôt que prévu dans la cage. Pour un combat à la portée bien plus historique. Charles Oliveira blessé à l’arcade suite à un choc de tête à l’entraînement et obligé de déclarer forfait, Alexander Volkanovski va prendre sa place le 21 octobre à Abu Dhabi dans le combat principal de l’UFC 294 pour affronter le champion des légers (-70 kilos), Islam Makhachev (un choix qui ne plaira pas à Mateusz Gamrot, qui avait été désigné comme le "remplaçant" officiel pour Makhachev-Oliveira).

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Une revanche de leur combat de février dernier à l’UFC 284 en Australie, quand le Daghestanais avait battu le combattant local sur décision pour conserver sa couronne remportée quelques mois plus tôt face à Oliveira. "The Great" relève un défi XXL. Qui peut lui permettre de réaliser un exploit dingue. Volkanovski sort d’une défense victorieuse – une démonstration conclue sur un TKO au troisième round – de son titre des plumes contre Yair Rodriguez début juillet à Las Vegas, en tête d’affiche de l’UFC 290. Après ce combat, il a subi une opération à la main. Malgré ce timing défavorable, il a accepté la revanche contre Makhachev à la dernière minute, onze jours avant l’événement, et en "un seul coup de fil" dixit Dana White. "C’est un monstre absolu", s’extasie le patron exécutif de l’UFC.

L’histoire ne joue pourtant pas en sa faveur. L’Australien vient d’avoir 35 ans. Dans l’histoire de l’organisation phare du MMA, les combattants de 35 ans ou plus ayant eu une chance pour le titre dans les divisions inférieures aux moyens (-84 kilos) présentent un bilan de… 2-30 dans ces combats pour la ceinture. A Abu Dhabi, où il a pris la ceinture et où il a combattu lors de deux de ses quatre dernières sorties dans l’octogone, Makhachev sera aussi un peu "à domicile" avec un public acquis à sa cause (comme c’était le cas pour Volkanovski en Australie en février). Tout considéré, on pourrait le croire fou d’avoir accepté ce challenge.

Mais on peut aussi voir la chose autrement: s’il parvient à le faire, il signera une des plus belles victoires de l’histoire de l’UFC pour devenir le cinquième champ-champ – champion dans deux catégories différentes en même temps – depuis les débuts de l’organisation. La marche à gravir est haute, très haute, mais celui que beaucoup considèrent déjà comme le plus grand de l’histoire de la catégorie des plumes n’est pas un combattant comme les autres. Il devra gérer le long voyage tardif et le décalage horaire, alors que son adversaire est déjà depuis quelques temps à Abu Dhabi, mais on peut lui faire confiance pour être prêt physiquement quand on sait combien il s’entraîne toute l’année même quand il n’a pas de combat prévu.

Malgré le manque de temps, il n’aura pas de déficit sur l’étude d’un adversaire qu’il avait déjà scruté sous toutes les coutures avant leur premier choc, notamment préparé avec le cador australien du grappling Craig Jones (qui a déjà pris l'avion pour le rejoindre pour travailler pour la revanche), et on sait même de source sûre qu’il a déjà un peu travaillé sur les ajustements à faire pour une revanche après leur premier affrontement. Et un "short notice" (combat pris au dernier moment) marche dans les deux sens. Makhachev, qui a lui aussi accepté le changement "sans hésiter" selon son manager Ali Abdelaziz, aussi doit s’adapter.

Le Daghestanais, qui bénéficiera en sa faveur d'un temps de réhydratation plus long que lors de leur premier choc en Australie, a l'avantage d'avoir eu un camp complet mais se prépare depuis des semaines pour Oliveira, combattant très différent dans le gabarit comme dans le style, et doit désormais prendre le chemin d’un Volkanovski qui l’avait beaucoup plus embêté que le Brésilien lors de leur premier combat. On peut enfin considérer que l’Australien est en position idéale, tout à gagner et rien à perdre. S’il s’incline, beaucoup lui trouveront l’excuse du combat accepté à la dernière minute. S’il triomphe, il aura signé un exploit qui le placera d’office dans la discussion du GOAT (le plus grand de tous les temps).

Reste juste une frustration. Vu la qualité de leur premier combat, que certains avaient jugé en faveur de l’Australien, on aurait adoré voir cette revanche se faire avec une préparation normale pour les deux. Histoire de voir jusqu’où aurait pu mener l’adaptation de ces deux combattants intelligents – et très bien entourés sur ce plan – après ce qu’on avait vu lors de leur première danse. Mais malgré les conditions pas idéales, ces deux champions exceptionnels ont de quoi nous offrir du grand spectacle. On va plutôt voir le verre à moitié plein. Pour la deuxième fois en un an, deux des trois premiers du (subjectif) classement toutes catégories confondues de l’UFC vont se croiser dans la cage. C’est assez rare pour être apprécié à sa juste valeur.

Article original publié sur RMC Sport