Ski alpin: pourquoi la menace d'une action de militants écologistes plane sur l'étape de Coupe du monde à Val d'Isère

Fin octobre à Sölden en Autriche, ils s’y étaient mis à plusieurs pour tenter de bloquer (sans grand succès) la route d’accès au glacier du Rettenbach, site du slalom géant d’ouverture de la Coupe du monde de ski alpin. Mi-novembre, non loin de là, leur action s’était concentrée sur le slalom de Gurgl. Peu nombreux, ils avaient pour le coup été très visibles.

Eux, ce sont des militants écologistes, en l’occurrence ceux du collectif autrichien pour le climat "Die Letzte Generation" (en français "la dernière génération"), fondé en 2021. À quatre, ils ont réussi ce jour-là à interrompre la deuxième manche de la course quelques minutes, faisant irruption dans la raquette d'arrivée, déversant au passage un produit orangé sur la neige et brandissant des bannières sur lesquelles on pouvait lire en allemand "Faites attention au climat".

"Ça m’inquiète vraiment", assure Victor Muffat-Jeandet

La manifestation avait particulièrement échaudé le bouillant skieur norvégien Henrik Kristoffersen, double champion du monde de slalom et connu pour son très fort caractère. Ce dernier en était même venu aux mains, attrapant par le col quelques secondes durant l'un des militants.

Pas qualifié pour la deuxième manche de la course, le skieur français Victor Muffat Jeandet avait lui assisté incrédule à la scène derrière un écran de télé. "Moi ça m’inquiète. Ça a été too much à Gurgl. Même quand Kristoffersen s’est manifesté. T’es pas d’accord, ok, mais tu ne tapes pas les gens. Ça m’inquiète vraiment qu’on en arrive à ces extrêmes. Au-delà d’Henrik, on va être jugé sur tout, on va être attaqué sur tout, il va falloir essayer de prendre du recul avec ça."

Et du recul, c’est précisément ce que tente d’avoir Alexis Pinturault, le champion du monde de combiné 2023 et vainqueur de la Coupe du monde 2021 au moment d’analyser ces situations. "Il faut quand même aussi réaliser que nous-mêmes on est conscient qu'on a besoin de faire des efforts, reconnaît 'Pintu'. Il y a des manières de faire, c'est sûr qu’interrompre une course, ce n’est pas forcément bien. Après j'entends aussi ces manifestants. Quand les gens ne trouvent pas forcément les moyens de s'exprimer et sont un peu désespérés, ils finissent par faire des actions un peu 'punchy'. Tout se défend et il y a toujours plusieurs manières de voir les choses. Quoi qu'il en soit je suis persuadé que la montagne doit faire davantage et fera davantage dans le futur pour devenir un exemple."

Une nouvelle action coup de poing ?

En attendant, la Coupe du monde de ski alpin risque de devoir s’adapter à la multiplication de ce genre d’actions dans les mois et années à venir, le ski étant l’un des sports les plus décriés par les militants écologistes pour des raisons parfois évidentes de bon sens, comme lorsque début 2023 à Adelboden en Suisse, on avait fait disputer deux courses de Coupe du monde sur une gigantesque langue de neige artificielle posée au beau milieu d’une montagne complètement verte, faute de précipitations ou d’un froid suffisant pour permettre à de la neige naturelle de blanchir les lieux.

À Val d’Isère, point de problème à ce niveau-là en ce début de mois de décembre. Le début de l’hiver a été particulièrement prolifique et de la neige est tombée en masse ces derniers jours, notamment sur la Face de Bellevarde, lieu du slalom géant de samedi et du slalom de dimanche. Ce n’est pas pour autant que des militants écologistes ne préparent pas une nouvelle action coup de poing. Sans en avoir la certitude, on l’envisage en tout cas fortement du côté des organisateurs.

Veille et sécurité renforcées autour de Val d’Isère ce week-end

"J’espère que ça n’arrivera pas mais on se prépare pour, reconnaît Ingrid Jacquemod, la directrice du Club des Sports de Val d’Isère, l’organisateur du Criterium de la Première Neige. On se dimensionne, c'est sûr qu'on a plus de personnes à la sécurité, qu'on accentue la veille via la préfecture et la gendarmerie. Et puis on va aussi être plus vigilants, car on sait qu’en tant qu’organisateur d’un grand évènement, on est des cibles et on peut être exposé à ce genre de choses."

Le Critérium de la Première Neige sait aussi pouvoir notamment compter sur un dispositif renforcé depuis désormais trois ans concernant l’accès au site de la course. Les accès à la raquette d’arrivée et à la fan-zone sont strictement contrôlés et seuls des spectateurs munis de billets d’accès payants peuvent pénétrer dans ces zones. Un dispositif qui devrait être encore renforcé ce week-end avec de nombreux points de vigilance tout autour du site.

Article original publié sur RMC Sport