Ski Alpin: "De l'eczéma sur les mains à cause de la frustration de ne pas skier", raconte Romane Miradoli

Ski Alpin: "De l'eczéma sur les mains à cause de la frustration de ne pas skier", raconte Romane Miradoli

"Globalement, ça va super bien", sourit Romane Miradoli, le visage plein d’envie. Rencontrée au détour de la piscine intérieure et de la salle de musculation de l’hôtel cossu de l’équipe de France de ski alpin à Val d’Isère, la skieuse de Flaine, bientôt 30 ans, devrait faire son retour à la compétition ce weekend en Savoie, neuf mois après sa blessure au genou gauche contactée en Norvège en fin d’hiver dernier, et une semaine à peine après avoir rechaussé les skis lors des entraînements officiels des épreuves de vitesse de Saint-Moritz en Suisse.

"Je me sens bien, mais je sens que je manque de kilomètres pour aller chercher plus de vitesse et me sentir complètement à l'aise sur une descente de coupe du monde, reconnaît-elle pour autant. Je n’ai pas envie de prendre un départ juste pour dire j'ai pris un départ, j'ai envie de m’élancer quand je serai vraiment prête."

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"Des pensées négatives" au moment de remonter sur les skis

Car Romane Miradoli s’estime déjà heureuse d’être revenue à temps après cette nouvelle rupture du ligament croisé du genou gauche, pile dans le timing qu’elle s’était fixé avec son staff et ses médecins. "Tant que je n’avais pas le feu vert pour skier, je n’y pensais même pas, reconnaît-elle. J'ai tout bien respecté, pour avoir ce feu vert pour remonter sur les skis. Mais c’est vrai qu’avoir le feu vert c'est une chose, remettre les skis et se sentir bien et ne pas avoir de douleur c’est autre chose".

Dans ce genre de situations, surtout dans le cadre d’une blessure en récidive, l’appréhension est l’ennemi intime et invisible du skieur. "Les premiers jours, j'ai eu des pensées vraiment négatives, et ce n’était pas très rigolo, avec la peur de se refaire encore mal ou d’imaginer que ça se passe mal, ça fait partie des doutes, explique Romane Miradoli. D’autant qu’il n’est pas vraiment possible de faire un travail psychologique en amont quand on n'est pas confronté à la situation."

De l'eczéma, traduction d'une immense frustration de ne pas courir

Moralité, la Française a laissé venir lors des entraînements non officiels, puis pris énormément de plaisir lors des entraînements officiels de Saint-Moritz en Suisse la semaine dernière, lors desquels ses deux performances très moyennes d’un point de vue strictement chronométrique n’ont pas influé sur le moral, bien au contraire. "J’ai pris les manches comme elles venaient en fait et je me suis rendu compte une fois lancée dans mon truc que tout allait bien, et que je n’avais plus de pensées négatives." Un plaisir encore évident ce vendredi matin sur la piste Oreiller-Killy, lors de l'entraînement officiel de la descente de Val d'Isère, à laquelle elle ne prendra pas part samedi.

Ce n'est pas faute pour Romane Miradoli d'avoir l'immense envie d’en découdre après des mois de convalescence où elle a été obligée de ronger son frein. "J’ai hâte avoue-t-elle, car ce n’est vraiment pas facile d'être au bas de la piste et de ne pas courir comme la semaine dernière pour les épreuves de Saint-Moritz ou comme cela sera le cas samedi à Val d'Isère. Je ne m'en sentais pas complètement capable mais c'était assez horrible de ne pas pouvoir mettre les skis. Là, j'ai plein d'eczéma sur les mains, je pense que mon corps parle à ma place et dit toute ma frustration."

D’autant qu’avec le départ à la retraite de Tessa Worley, double championne du monde de géant et qui a porté de très longues années durant, l’équipe de France féminine à bout de bras, Romane Miradoli a désormais un costume de leader à endosser, elle qui est la dernière française en date à avoir remporté une épreuve de vitesse en Coupe du Monde, à Lenzerheide en 2022. "C'est vrai que c'était facile avec elle et son charisme, mais il y a une fin à tout, et on a une bonne équipe avec Clara Direz et Laura Gauche".

Article original publié sur RMC Sport