Yahoo Actualités "Rien à foot de l'âge": on a suivi un entraînement avec les mamies footeuses
Sur le bord du stade de l’Hermière à Serris (Seine-et-Marne), bouteille d’eau à la main, Marsha, 67 ans, mime un tir et lance sa jambe vers le haut. "J’aimerais bien faire des lobs". "Future ballon d’or", chambre une de ses coéquipières qui ajoute: "Je vous présente Marta, elle s’appelle Marsha, elle est Péruvienne, mais on va l’appeler Marta comme la Brésilienne."
La sexagénaire originaire du Pérou, Marsha Brunel (née Ballon), n’avait pourtant jamais joué au foot avant de participer au stage organisé cette semaine par l’association "Footeuses à Tout âge", en partenariat avec la Val d’Europe Football Club. "Mon mari et mon petit-fils m’ont entraînée la semaine dernière pour que je connaisse ce qu’était un ballon de football", plaisante Marsha venue spécialement des Bouches-du-Rhône (13) pour ce stage, "et je ne regrette pas, je vais continuer à pratiquer en rentrant à la maison".
Comme elle, une dizaine de femmes entre 50 et 68 ans participent à cette semaine de stage qui allie football, ateliers yoga et alimentation ou encore visites touristiques. Au programme du jour, "conduite de balle" et "sophrologie", explique Jean-Baptiste Appert, responsable de la section féminine du Val d’Europe Football Club et devenu le coach des mamies footeuses pour la semaine.
“Je suis licenciée dans un petit club… Mais je suis la plus vieille”
Les joueuses les plus chevronnées conseillent les novices. "C’est bien, tu progresses drôlement", félicite Évelyne après avoir contrôlé une passe de Marsha. Si Évelyne Collay, la Stéphanoise, vient de rejoindre l'association “Footeuses à Tout âge”, elle joue en club depuis ses 12 ans. “Je suis licenciée dans un petit club de foot à huit dans la Loire, mais je suis la plus vieille. C’est bien de pouvoir jouer avec des femmes de mon âge, ça va mieux”, insiste l’ex-militaire de 61 ans.
“Dans le foot féminin, c’est un terrain que l’on n’a pas exploré”, regrette l’entraîneur Jean-Baptiste Appert qui souligne le manque d’offres pour les femmes plus âgées dans les clubs. "Chez les garçons, c’est bien structuré. On a des vétérans de plus de 35 ans, plus de 45 et même plus de 55 ans mais les filles sont contraintes de jouer dans les catégories "seniors” qui commencent à 18 ans donc les écarts d’âge les dissuadent de jouer au football", relève le coach qui a souhaité accueillir l’association “Footeuses à Tout âge” et qui n’exclut pas de créer une section féminine pour les plus de 50 ans au Val d’Europe FC.
"On laisse nos douleurs au vestiaire"
En attendant, Jean-Baptiste entraîne les mamies footeuses comme il entraîne les jeunes footballeuses du club: "On ne change rien dans les entraînements: le jeu, la compétition motivent à tous les âges", et les joueuses l’en remercient. Victime d’une rupture des ligaments de la cheville droite l’année dernière et opérée au mois de février, Christelle Peyrard, 51 ans, avait peur de reprendre le football. “Ça m’a débloquée, ça m’a remise sur le chemin du foot et je revis”, remercie la cinquantenaire après la petite confrontation de fin d’entraînement.
"On laisse les douleurs au vestiaire et on a vingt ans dans notre tête", renchérit Patricia Breux, une des premières adhérentes de l’association née en 2019. L’avant-centre de 64 ans avait disputé les quarts de finale de la Coupe du monde des mamies contre l’Afrique du Sud qui s’était imposée à domicile en mars dernier. Compétitrices, Patricia, mais aussi Marsha et Évelyne, les nouvelles recrues, rêvent de revanche lors d’une nouvelle Coupe du monde en 2025.
De quoi inspirer les jeunes générations. "Elles ont un beau toucher de ballon et font de bons appels, j’espère que je jouerai comme elles à leur âge”, s’exclame Elsa Gambaro qui avait, pour une séance, troqué son maillot des U 14 du Val d’Europe FC contre le maillot rose des mamies footeuses avec un slogan inscrit dans le dos: “Celles qui n’en ont rien à foot de l’âge”.
