Rennes: Julien Stéphan, un exil compliqué… et un retour à la case départ

Rennes: Julien Stéphan, un exil compliqué… et un retour à la case départ

Il préfère tourner la page. Comme expliqué ce samedi, Bruno Genesio va lâcher son poste d’entraîneur du Stade rennais, lassé par plusieurs facteurs et pas convaincu par les mesures avancées par ses dirigeants pour redresser une équipe seulement 13e de Ligue 1 après 12 journées. Pour le remplacer, un nom bien connu des supporteurs bretons: Julien Stéphan. C’est lui qui avait laissé sa place à Genesio en mars 2021. Dans des circonstances un peu similaires. À court de solution, au cœur d’une série noire (une victoire sur ses dix derniers matchs dirigés), il avait choisi de quitter le navire de lui-même après une énième défaite contre Nice.

"L’analyse de la situation m’a conduit à présenter ma démission à mes dirigeants. Je quitte le Stade Rennais le cœur gros mais avec le sentiment d’avoir toujours donné le meilleur de moi-même pour le bien du club. (…) J’espère de tout cœur qu’avec un autre discours et une autre méthode, les joueurs renoueront avec des résultats plus conformes à leur niveau", avait-il alors expliqué, en insistant sur ses "neuf saisons inoubliables" passées chez les Rouge et Noir.

D’abord en charge des U19, puis de la réserve, Stéphan avait été propulsé sur le banc de l’équipe première en décembre 2018 à la place de Sabri Lamouchi. En un peu plus de deux ans, son bilan a évidemment été marqué par la victoire en Coupe de France (2019) et la qualification pour les 16es de finale de la Ligue Europa, une première dans l’histoire du club.

Un bilan mitigé à Strasbourg

Avec lui, Rennes a lâché son étiquette de loser et il suffit de se rappeler la vague de remerciements reçue au moment de son départ pour comprendre sa place dans l’histoire de ce club. À côté de ces débuts fracassants, surtout pour un novice, il y a cette fin plus compliquée, marquée par un enchaînement de mauvais résultats et une véritable usure. Il n’empêche, lorsqu’il présente sa démission, beaucoup l’imaginent rebondir assez vite dans un grand club, au regard de ce qu’il a accompli en Bretagne et de sa "hype" sur le marché. Le voir débarquer à Strasbourg en mai 2021 représente une demi-surprise. Lui y voit l’opportunité de construire un projet ambitieux. En Alsace, où vient de se terminer un règne de cinq ans de Thierry Laurey, son premier exercice est remarquable. Avec une sixième place finale en championnat et une place européenne manquée pour trois petits points.

Ses joueurs louent ses tactiques et ses causeries, le public tombe sous le charme de son football offensif. Sa cote remonte en flèche, à tel point qu’il est évoqué à l’OL pour remplacer Peter Bosz. Il fait le choix de rester à Strasbourg, où la suite se révèle bien plus compliquée. Enfermé dans un jeu de possession stérile et plombé par sa défense, son Racing devient trop lisible pour les adversaires et plonge au classement. Lorsqu’il se retrouve avant-dernier, avec un seul succès sur les 17 premières journées, Marc Keller le pousse dehors, en janvier 2023. Le dur apprentissage du métier d’entraîneur. Viré pour la première fois de sa carrière, Stéphan prend le temps de la réflexion.

Il aurait aimé les Espoirs ou Monaco

"Quand on est limogé en cours de saison, les premières semaines sont un peu difficiles. Il faut digérer et une fois que c’est fait, on est dans l’analyse, le bilan et la projection. Ça fait maintenant quelques mois que je suis prêt à repartir. J’attends qu’un bon projet puisse se présenter. Un projet si possible pour jouer un premier tiers de classement", dit-il début juin dans Génération After sur RMC, convaincu par ailleurs d’avoir fait "une erreur" en quittant Rennes.

Pour étoffer son CV, il se met à l’anglais, se dit ouvert à une expérience à l’étranger, y compris en MLS ou en Championship, mais aucune piste n’aboutit. Après avoir longtemps pensé à lui pour succéder à Sylvain Ripoll, la FFF donne finalement les Espoirs à Thierry Henry. Monaco l’intéresse également, mais là encore, un autre profil est retenu, celui d’Adi Hütter.

Quant aux dirigeants du club saoudien d’Al Ahli, avec qui il est en contact l’été dernier, ils se tournent plutôt vers l’Allemand Matthias Jaissle. C’est donc à Rennes que Julien Stéphan va reprendre le fil de sa carrière à 43 ans, avec un contrat de six mois pour boucler la saison en cours. Il y retrouvera Florian Maurice comme directeur technique et quelques joueurs comme Adrien Truffert, Benjamin Bourigeaud et Martin Terrier.

Il devra surtout trouver la clé pour sortir de la crise une formation qui ne compte qu’un point d’avance sur Lorient, barragiste, et deux sur Clermont, premier relégable. "Nous avons partagé des émotions uniques, qui me resteront gravées à jamais", avait-il déclaré au moment de sa démission. "Je souhaite beaucoup de bonheur à ceux qui soutiennent et ceux qui font le Stade Rennais." Il sait ce qu’il doit faire pour leur en redonner.

Article original publié sur RMC Sport