PSG: "Théorie du puzzle" et "connexion entre joueurs", Luis Campos dévoile comment il construit ses effectifs

PSG: "Théorie du puzzle" et "connexion entre joueurs", Luis Campos dévoile comment il construit ses effectifs

Les plus-values démentielles réalisées sur les ventes de Kylian Mbappé, Bernardo Silva ou encore Victor Osimhen sont projetées sur l'immense tableau blanc de l'ampithèâtre Descartes en guise d'introduction. "Je précise, je n'ai pas gagné tout cet argent pour moi", sourit Luis Campos devant un parterre d'étudiants, tous venus écouter l'un des dirigeants sportifs les plus influents au monde exposer sa manière de travailler.

L'actuel conseiller sportif du PSG était ce vendredi l'invité de l'école d'économie de la Sorbonne (Paris) pour donner une conférence sur le mercato et participer à une session de questions-réponses. L'opportunité pour le Portugais, également passé par Monaco et Lille, où il à chaque fois bâti un effectif champion de France, de détailler pendant une grosse heure "la méthode Campos".

Powerpoint à l'apppui, le dirigeant parisien, qui n'a pas hésité à déssiner des schémas à la craie sur le tableau noir afin d'illustrer ses propos, a notamment exposé sa "théorie du puzzle" pour expliquer la manière dont il construit ses équipes. "Le football est un sport collectif, une équipe est pour moi un puzzle de 22-24 joueurs", a d'abord introduit le Portugais. Avant de projeter une image représentant un puzzle de la Tour Eiffel.

"Ce puzzle est très joli. Mais si on enlève deux pièces et qu'on les remplace par des pièces d'un autre puzzle très joli... la Tour Eiffel est horrible, a imagé Luis Campos. Pourtant, on a pris de très jolies pièces dans un autre endroit. Parfois on dit à propos d’un joueur: 'Il est extraordinaire, j'adore'. Mais il faut voir s'il s'incorpore bien dans l'équipe, sinon il va casser votre travail."

"Là où je suis fort, c’est pour trouver des joueurs capables de bien combiner entre eux"

Sans jamais aller trop loin dans les considérations économiques qui rythment le quotidien des étudiants assis face à lui, Campos a poursuivi sa démonstration en insistant sur la nécessité de créer un effectif complémentaire.

"L’important est la connexion entre chaque joueur, comme en neurologie. On peut avoir onze joueurs extraordinaires, mais s'ils ne se connectent pas entre eux, ça ne peut pas marcher. Là où je suis fort, c’est pour trouver des joueurs capables de combiner bien entre eux. Quand Monaco a été champion en 2017 (il avait participé à construire l’effectif entre 2013 et 2016, ndlr), la force du club était la connexion entre tous ces joueurs. L'année suivant le titre, Monaco a vendu Bernardo Silva pour très cher et a mis beaucoup d'argent sur un autre joueur pour le remplacer (il ne cite pas le joueur, ndlr). Ils ont acheté le joueur avec les meilleures stats au monde. Mais ils ont oublié qu'il jouait tout le temps près de la ligne… où avait l’habitude de passer Djibril Sidibé."

"Hakimi et Mbappé? S’ils peuvent être amis c'est bien, mais le plus important est qu'ils gagnent sur le terrain, a complété Campos au sujet de la complicité entre certains joueurs en dehors du football. J'ai été dans une équipe où les joueurs se disaient à peine bonjour, mais ils étaient tellement professionnels qu'ils ont tout donné pour gagner, ils travaillaient ensemble dans l'objectif de gagner. Pas besoin d'être les meilleurs amis du monde, il faut être connaisseur du jeu."

Les joueurs "A1", "A2" et "B2"

Tout en mentionnant le besoin de "défendre la culture du club, de la ville et de tout ce qui a été mis en place sur les années précédentes" lors des choix effectués sur le marché des transferts, Campos s’est ensuite attardé sur une autre théorie qui lui est chère: la différenciation entre les joueurs "A1", "A2" et "B2".

“Pour moi une équipe doit avoir quatre joueurs A1, un joueur fondamental, capable de gagner lui-même des matchs ou des points. Un A1 au poste de gardien, un A1 en défense, un A1 en milieu et un A1 en attaque. C'est la colonne vertébrale de l'équipe. Pas deux, pas trois... un seul A1 pour chaque ligne. Après, il y a les B1, les jeunes joueurs capables d'être un jour A1. Ce sont des électrons libres, des jeunes avec un talent extraordinaire qui ont été vendus pour beaucoup d'argent. Bernardo Silva, Nicolas Pépé à Lille... Ils se sont tous transformés en joueurs extraordinaires. Les A2, enfin, sont quant à eux des joueurs d'équipes. Ce ne sont pas les meilleurs du monde mais ils sont très importants."

La "nouvelle direction prise" par le PSG

Face à lui, les étudiants ont semblé conquis. Mais ces derniers n’ont pas hésité à lui poser quelques questions sur le PSG, notamment pour savoir s’il avait quelques regrets concernant certains recrutements. "Le foot est un jeu collectif. Dès qu'on joue moins en équipe, qu'un joueur est plus important que le club ou l'équipe, c'est plus compliqué", a-t-il répondu sans entrer dans les détails - même si les arrivées de Lionel Messi et Neymar sont dans l’esprit de certains.

"Au PSG, on a l'exemple d'un ou deux joueurs qui changent beaucoup cette année et qui sont mieux adaptés. On est beaucoup plus dans une pensée collective. Ça fait que tout le monde peut briller. C'est une nouvelle direction prise par le club et je pense que ça aboutira sur moins d'échecs concernant certains joueurs." Et à Campos de conclure en revenant sur sa fameuse théorie du puzzle: "Le puzzle prend forme... mais seul le terrain validera ou non le travail effectué." Cela n’échappera pas aux observateurs et à tous les supporteurs du PSG en fin de saison.

Article original publié sur RMC Sport