OM: Style de jeu, habitué au rôle de pompier de service… que vaut Gattuso?

OM: Style de jeu, habitué au rôle de pompier de service… que vaut Gattuso?

Les supporters et observateurs qui regrettaient le manque de caractère de Marcelino, pas adapté, selon certains, au fameux "contexte marseillais", pourraient être servis. Quelques jours après le départ du technicien espagnol, en plein cœur d’une semaine ô combien mouvementée sur la Canebière, Pablo Longoria a jeté son dévolu sur Gennaro Gattuso (45 ans).

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Après s’être temporairement mis en retrait à cause de la fameuse réunion entre les représentants des groupes de supporters, le président olympien a fait du technicien olympien sa priorité. Les négociations, tenues secrètes, sont désormais très bien avancées et Gattuso sera probablement sur le banc de l’OM dès samedi à Monaco (21h, 7e journée de Ligue 1). Marseille souhaitait enrôler un coach de caractère pour secouer un groupe qui manque de personnalité et pour s'adapter à un contexte de crise. Un costume de pompier de service qui semble taillé sur mesure pour Gattuso, un temps annoncé très proche de l’OL pour succéder à Laurent Blanc.

Maximum cinq mois en place lors de ses trois premières expériences

Connu pour être un joueur caractériel, besogneux et prêt à aller à la guerre pour remporter un match, l’ancien milieu de terrain de l’AC Milan (plus de 450 matchs entre 1999 et 2012) n’a pas changé depuis qu’il s’est assis sur un banc de touche. Le champion du monde 2006 ne recule devant rien, et ses choix de carrière illustrent bien ce trait de caractère. Gattuso a débuté sa reconversion comme entraîneur-joueur au FC Sion de Christian Constantin, l’un des présidents les plus fantasques du football européen. Après seulement deux mois en Suisse, il rejoint ensuite le Palerme de Maurizio Zamparini, autre président consommateur d’entraîneurs, où l’aventure ne dure que huit petits matchs.

En 2014, il s’engage pour l’obscur OFI Crète, qu’il quitte après avoir dirigé… 17 rencontres. Lassé par l’instabilité du club, il avait voulu démissionner avant mais s’était rétracté devant une manifestation de supporters, réunis devant chez lui pour lui demander de rester. En résumé, sur ses trois premières expériences sur un banc, il n’a jamais tenu plus de cinq mois en place.

Il faut attendre son grand retour en Italie pour trouver un semblant de stabilité. Arrivé à Pise en 2015, il parvient à faire monter le club de Serie C à la Série B dès sa première saison. Mais là encore, la situation va vite se gâter et Gattuso claque la porte dans la foulée de la montée en deuxième division et en pleine préparation (juillet 2016)... pour revenir en sauveur deux mois plus tard (septembre 2016), sans réussir à éviter la relégation à la fin de la saison.

Milan, Naples... Habitué au rôle de pompier de service

En novembre 2017, il connaît sa première expérience prestigieuse sur le banc de l’AC Milan, le club de sa vie. Nommé en plein milieu de la saison, là encore dans un rôle de pompier de service, il redresse l’équipe lors de son premier exercice et échoue d’un rien à la qualifier en Ligue des champions en 2019, avant de quitter le club à la fin de la saison.

Quelques mois plus tard, Aurelio De Laurentiis, patron de Naples, fait appel à lui après une mutinerie des joueurs. Le caractère de "Rino" permet alors de canaliser le groupe et de rétablir des bases. Sur le banc de Naples, un club et une ville souvent comparés à Marseille, Gattuso remporte notamment la Coupe d’Italie 2020, son premier - et unique - trophée en tant qu’entraîneur.

Parti de la Fiorentina... sans avoir dirigé le moindre match officiel

Sa dernière expérience sur un banc remonte à janvier 2023, moment qu’il a choisi pour claquer la porte de Valence en pointant du doigt le manque de moyens du club, seulement six mois après son arrivée. Avant Valence, il s'était également engagé à la Fiorentina. Mais, en raison de désaccord sur le mercato, il quitte le club 23 jours après son arrivée, sans avoir dirigé le moindre match officiel.

Jamais plus de deux ans dans un club, capable de claquer la porte avant même le début de saison, appelé en sauveur lorsque la situation est critique… Le décor est posé et il permet de comprendre la personnalité d’un entraîneur haut en couleur. "Des joueurs vont peut-être devoir se mouiller la nuque quand ils vont voir arriver Gattuso, qui martèle qu’il est le pire ennemi de ses joueurs quand le match débute", confiait Johann Crochet spécialiste du foot italien pour RMC Sport, lorsque l’ancien Milanais était évoqué du côté de l’OL. Ce qui est vrai pour le club rhodanien l’est aussi pour l’OM, où Samuel Gigot a déploré "un manque de couilles" après la débâcle au Parc des Princes face au PSG dimanche (4-0, 6e journée de Ligue 1).

"Je veux cinq mauvais joueurs comme moi et cinq comme Kaka et Ronaldinho"

"Je veux que mes joueurs aient des couilles… et du cœur, avait d’ailleurs lancé Gattuso à ce sujet lors de son passage en Crête au début de sa carrière de coach. Moi je bosse 12 heures par jour, mais j’entends de la merde tous les jours."

Ça, c’était pour ce que Gattuso attend au niveau de l’implication. Et d’un point de vue purement footballistique alors ? "Je veux cinq mauvais joueurs comme moi et cinq comme Kaka et Ronaldinho", imageait-il en 2020 avant un 8e de finale de Ligue des champions entre Naples et le Barça. Si tu mets 11 défenseurs contre 11 attaquants, les défenseurs gagneraient. Mais, aujourd’hui, je vois le football différemment, je préfère les joueurs techniques aux joueurs comme Gattuso. Le Gattuso des premières années, évidemment, car j’avais des fers à la place des pieds sur la fin."

"Il a eu des discours très contradictoires, analyse Johann Crochet. D’un côté, il te disait qu’il s’inspirait de Marcelo Lippi mais de l’autre qu’il mettrait les joueurs qui lui ressemblaient sur le banc parce qu’il avait besoin d’un football moderne et de joueurs qui pensent et réfléchissent au milieu de terrain." Au cours de ses expériences les plus récentes, à Naples, Milan et Valence, Gattuso a le plus souvent opté pour un 4-3-3 ou un 4-2-3-1.

"Tactiquement, il fera des choses, ajoutait Johann Crochet au moment où Gattuso était pressenti pour s’asseoir sur le banc de Lyon. Il ne faudra pas s’attendre à une grande révolution, ça peut être une première étape pour redonner de l’élan à ce club. Un peu comme à Naples, il est arrivé, à reposer les bases et derrière ils ont mis Spalletti pour développer le côté tactique, du jeu et du spectacle." Les fans de l’OM signeraient des deux mains pour vivre le même destin que le Napoli, sacré champion d’Italie la saison passée après 33 ans de disette.

Article original publié sur RMC Sport