OL: Rayan Cherki est-il "Grosso compatible"?

OL: Rayan Cherki est-il "Grosso compatible"?

Il n’avait plus connu telle sensation depuis le 28 avril dernier et un déplacement sur la pelouse de Strasbourg. Ce soir-là, à l’occasion de la 33e journée de Ligue 1, Laurent Blanc avait décidé d'asseoir Rayan Cherki sur le banc au début de la rencontre pour la dernière fois avant une série de dix titularisations consécutives (la dernière le 17 septembre dernier face au Havre sous les ordres de Jean-François Vulliez, coach intérimaire après le départ de Laurent Blanc). Une éternité à l’échelle de la jeune carrière de l'espoir lyonnais, qui n’a que très rarement su convaincre ses entraîneurs sur la durée depuis ses débuts professionnels.

Samedi soir face à Brest (défaite 1-0), le milieu offensif a été sorti du onze pour la première fois depuis près de cinq mois. Pour ses grands débuts sur le banc de l’OL, Fabio Grosso a décidé de trancher dans le vif et de se passer des services du joueur de 20 ans au profit de l'ailier portugais Diego Moreira (19 ans), seulement 14 minutes de Ligue 1 au compteur (le 17 septembre lors du 0-0 contre Le Havre) avant de démarrer la rencontre face aux Brestois.

"J'ai confiance en lui, mais j'ai préféré mettre d'autres joueurs", s’est contenté d’expliquer Fabio Grosso après la défaite à Francis-Le-Blé, sans donner plus de détails.

Un profil trop éloigné de ce qu'attend Grosso?

Mais une telle décision, au regard de ce que représente Cherki au sein du club et de sa place dans le cœur des supporters, n’a rien d’anodin. Et elle pousse à d’ores et déjà s'interroger sur sa compatibilité avec Fabio Grosso. Offensivement, le technicien italien est un adepte du jeu direct qui veut des attaquants capables de multiplier les courses à haute intensité et de dévorer les espaces libres. Des préceptes qui, sur le papier, ne correspondent pas aux caractéristiques de Rayan Cherki, manieur de ballons, joueur de un contre un et meneur de jeu à l’aise dans les petits espaces.

Comme détaillé par RMC Sport il y a quelques jours au moment de s’attarder sur la révolution impulsée par Fabio Grosso depuis sa prise de fonction, il se murmure déjà que quelques "joueurs de ballon", comprenez des individualistes, se sont faits reprendre sur des gestes superflus alors que le réalisme et l’efficacité doivent primer. Grosso exige des "vrais footballeurs", comprenez ceux qui pensent collectif. Des messages directs et/ou subliminaux passent ainsi au cours des séances vidéos, puis sur le terrain.

L’international espoirs fait-il partie de ces joueurs dans le viseur du champion du monde 2006 ? Il est trop tôt pour le savoir. Mais en termes de réalisme, les statistiques de Cherki ne parlent pas vraiment pour lui. S’il a toujours su faire parler la poudre avec les espoirs, avec 8 buts en 16 sélections, dont deux lors de ses deux premières apparitions sous les ordres du nouveau sélectionneur Thierry Henry lors de la dernière trêve internationale, le Lyonnais peine toujours à se montrer décisif en club. En 108 matchs toutes compétitions confondues avec le maillot de l’OL, il a inscrit 14 buts et délivré 13 passes décisives. Un bilan insuffisant au regard de son talent et des différences qu’il est capable de faire.

Rien d'inéluctable

Passé par les équipes de jeunes de la Juventus, le milieu du Servette Yoan Severin a expérimenté la méthode Grosso. Interrogé par RMC Sport, il se souvient de ses années de formation sous les ordres du nouvel entraîneur de l'OL, un homme qui "dit clairement à ceux qui ne sont pas concernés qu’il faut vite se mettre au diapason".

"S’il y a deux, trois ou quatre joueurs qui ne sont pas dans le projet, cela peut vite devenir compliqué", prévient le défenseur français du Servette Genève.

Pour l’heure, aucune fracture apparente ne semble avoir eu lieu entre Cherki et son coach et, samedi soir, le milieu offensif n’a montré aucun signe d’agacement. Reste à savoir jusqu’à quand le sourire qu’il affichait sur le banc de Francis-Le-Blé va rester accroché à son visage.

Un habitué du genre

La situation n’a toutefois rien d’inéluctable. D’abord parce que, sans lui, l’OL n’a absolument rien montré samedi soir et que Grosso va sans doute encore tâtonner pour trouver la formule idoine. Ensuite car Cherki a pris l’habitude d’être dans l’obligation de renverser l’opinion de son coach lors des dernières saisons. Alors qu’il n’avait jamais eu les faveurs de Peter Bosz lors du passage du technicien néerlandais dans le Rhône (2021-2022), il a ensuite dû cravacher pour gagner du temps de jeu sous Laurent Blanc. Très peu utilisé lors des premiers pas de l’ancien sélectionneur entre octobre et novembre 2022, Cherki est presque devenu indiscutable sur la deuxième moitié de la saison dernière (20 titularisations en 23 journées de Ligue 1 entre décembre et juin).

"Je pense que j'ai eu ce déclic quand j'ai eu une discussion avec le coach avant la trêve, pour lui demander où on en était, ce qu'on faisait, rembobinait le principal intéressé en juin dernier pour expliquer ce revirement de situation. Quand j'ai vu que lui aussi avait envie de me faire confiance et de me donner ma chance, je me suis dit que j'allais avoir quelques cartes à jouer et qu'il fallait que je les joue à fond." Reste désormais à savoir si Grosso saura lui aussi trouver les mots.

Article original publié sur RMC Sport