Mondiaux d'athlétisme: la dernière chance de rassurer avant Paris 2024

Mondiaux d'athlétisme: la dernière chance de rassurer avant Paris 2024

"Le zéro pointé ne me fait pas plus peur qu’une ou deux médailles", avoue directement Romain Barras, le directeur de la haute-performance. "Ça restera en dessous de nos espoirs, maintenant mon rôle c’est de voir au-delà des médailles et pousser les athlètes à se transcender à un an des Jeux Olympiques de Paris, avec des gens qui doivent se révéler".

Le boss Kevin Mayer mis à part, les certitudes sont en effet nulles. Mais qui aurait prédit à Eugene 2022 que Wilfried Happio passerait sous les 48 secondes sur 400m haies et qu’il échouerait à 2 centièmes du podium mondial. Qui connaissait le hurdler Just Kwaou-Mathey, double médaillé européen de bronze depuis ? Pas grand monde et le Bleus regorgent de jeunesse encourageante, comme le prouvent les bilans des derniers championnats du monde U20 ou d’Europe U23.

Zhoya : "Je veux être champion du monde"

Et si les Bleus ont terminé Eugene 2022 à la 22e place, bloquée entre les Bahamas et le Kazakhstan, le niveau réel des tricolores se situe à l’étage supérieur. On peut citer évidemment le 110m haies où Wilhem Belocian et Just Kwaou-Mathey espèrent la médaille, comme Sasha Zhoya, récent champion de France en 13"01 (non homologué car légèrement trop venté). "Je veux être champion du monde, monter sur le podium, chanter la Marseillaise et basta", assume le Franco-Australien.

Et malgré sa chute en finale des Europe et son élimination en demi-finale mondiale l’été dernier, sa confiance en lui est toujours la même. "Il y a beaucoup d’émotions c’est normal, mais je suis compétiteur. Je ne viens pas pour participer même si je dois prendre de l’expérience (il a 21 ans), même si je ne suis pas numéro un au classement mondial, je viens chercher l’or". Imaginer le trio français en finale est loin d’être incongru, comme un rappel du fabuleux triplé français aux championnats d’Europe 2016 (Martinot-Lagarde, Bascou, Belocian sur le podium).

Quinze finalistes ? Ce serait mieux qu’à Paris en 2003

Cette densité française se retrouve aussi sur le 800m avec Benjamin Robert, le français le plus rapide avec le 6e temps des engagés mais aussi Gabriel Tual, déjà finaliste mondial et olympique. "Gabriel a été impressionnant à l’INSEP pendant le camp de préparation", confie un proche de la sélection, "il est sur les bases du record de France de Pierre-Ambroise Bosse (1’42"53)".

Même s’il est déjà costaud, Tual serait une des révélations pour le grand public, celles qu’espère Romain Barras. Si tous les Bleus assument leur statut, sans compter une ou deux de ces fameuses révélations, la Fédération Française d’Athlétisme rêve d’une quinzaine de finalistes. Le patron des Bleus est satisfait de cette densité. "Quinze top 8, ce serait mieux qu’à Paris 2003 où il y avait douze finalistes, et c’est l’année de référence pour l’équipe de France. Alors certes c’étaient des finales très bien rentabilisées avec huit médailles à la clé, mais la densité actuelle est intéressante."

"Tout le monde ne retiendra que Paris 2024"

Les ambitions reviennent et la bonne humeur entre les jeunes de la génération 2024 est contagieuse. Mais quelques vieux de la vieille sont encore là, comme la doyenne Mélina Robert-Michon, 44 ans et dixièmes championnats du monde personnels à venir. Avec sa meilleure saison depuis 2017 et un jet à 65m49 au disque, MRM peut aussi entrevoir une belle compétition.

"C’est agréable à vivre et le travail fait depuis un an demi paie. Déjà, je veux passer les qualifications. J’ai beau en avoir fait dix il faut prendre ça au sérieux". Pour finir, certains veulent aussi désamorcer une trop grande pression sur Budapest. Mouhamadou Fall, seul Français sur 100m, rappelle que l’objectif ultime, c’est Paris 2024. "Si on fait zéro médaille mais dix médailles à Paris, tout le monde retiendra Paris. Donc il faut aussi prendre Budapest comme une préparation aux Jeux olympiques". Un discours sage, mais que l’on n’a pas encore envie d’écouter, car les promesses Bleues sont bien réelles.

Article original publié sur RMC Sport