MMA: Prochazka-Pereira, Pavlovich-Aspinall, Saint Denis... Pourquoi il ne faut pas rater l'UFC 295

Le Madison Square Garden, enceinte légendaire et historique

Elle est l’une des salles les plus mythiques de la planète. Oubliez. Elle est LA salle la plus mythique de la planète. Sport, musique, le Madison Square Garden de New York a accueilli ce qui se fait de mieux dans le monde du divertissement au fil de son histoire. Et depuis la légalisation du MMA dans son Etat, en 2016, l’UFC n’a pas dérogé à la règle et y revient chaque mois de novembre avec toujours une carte de choix. Première au Garden? UFC 205, en novembre 2016, pour la victoire de Conor McGregor sur Eddie Alvarez pour prendre la ceinture des -70 kilos et devenir le premier champ-champ – champion dans deux catégories différentes en même temps – de l’histoire de la grande organisation de MMA.

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L’année suivante, c’est le légendaire Georges St-Pierre qui fait son retour quatre ans après pour le dernier combat de sa carrière et une victoire sur Michael Bisping pour prendre le titre des -84 kilos après avoir longtemps régné sur la catégorie inférieure (-77 kilos). En 2018, Daniel Cormier défend sa ceinture des lourds – remportée quelques mois plus tôt face à Stipe Miocic – face à Derrick Lewis pour ce qui restera comme la dernière victoire de sa carrière.

En 2019, le combat principal voit pour la première fois la symbolique ceinture "BMF" mise en jeu entre Nate Diaz et Jorge Masvidal, vainqueur sur arrêt médical. Après un arrêt en 2020, gestion de la pandémie oblige, l’UFC revient au Garden en 2021 avec la deuxième victoire de Kamaru Usman sur Colby Covington pour défendre son titre des welters (-77 kg). En 2022, enfin, la rivalité entre Israel Adesanya et Alex Pereira est passée du kickboxing au MMA avec la victoire du second sur le premier pour devenir champion des moyens (-84 kg), titre qu’il perdra quelques mois plus tard contre le même Adesanya. Et en 2023, Pereira a encore l’occasion de se parer d’or à New York.

Prochazka-Pereira, le combat de la violence pour couronner un nouveau roi

Ils dessinent l’idée de deux guerriers. Le Tchèque venu du hooliganisme qui a trouvé la paix intérieure en adoptant le code des samouraïs. Le Brésilien descendant de la tribu Pataxo et ancien alcoolique qui a chassé ses démons via le combat. Deux hommes réunis par un principe dans la cage: la violence. Champion des -93 kilos dès son troisième combat à l’UFC, conséquence d’une arrivée dans l’organisation en boulet de canon avec des KO stratosphériques, Jiri Prochazka a dû abandonner sa ceinture il y a un an après avoir été victime d’une grosse blessure à l’épaule ("la pire de l’histoire de l’UFC" dixit le patron Dana White).

Invaincu depuis 2015, maître du chaos organisé, avec un style qui laisserait presque croire à de l’improvisation alors que son striking est plus technique et maîtrisé que certains ne le pensent, "BJP" est de retour pour récupérer sa couronne – aujourd’hui vacante après avoir été abandonnée par Jamahal Hill, lui aussi en raison d’une blessure – face à un homme coaché par… celui à qui il l’avait prise. Entouré de Glover Teixeira, Alex Pereira cherche à marquer un peu plus l’histoire des sports de combat. Ancien champion dans deux catégories au GLORY, la grosse organisation de kickboxing, "Poatan" (mains de pierre) peut faire de même à l’UFC. Après avoir conquis (puis perdu) le titre des -84 kilos face à son vieux rival du kick Israel Adesanya, Pereira s’attaque désormais à la catégorie supérieure, dont il a battu l’ancien champion Jan Blachowicz – face à qui avait échoué… Adesanya dans sa quête d’une autre ceinture – en juillet.

S’il devient le neuvième combattant de l’histoire à être monté sur le trône dans deux catégories à l’UFC (seuls quatre ont détenu les deux titres en même temps), il aura donc réalisé un exploit XXL sur deux sports. Avant peut-être de s’attaquer aux lourds, son physique semblant lui permettre, pour essayer de devenir le premier triple champion de l’histoire de l’organisation. Et sa victoire pourrait peut-être pousser Adesanya, qui a annoncé une pause dans sa carrière, à revenir plus vite que prévu dans la cage pour le défier une nouvelle fois pour la couronne. Il y a de l’enjeu, quoi. Et une promesse de spectacle. Sur 36 victoires cumulées en MMA, les deux hommes affichent… 31 KO/TKO! Le nouveau roi de la division longtemps dominée par la légende Jon Jones va être sacré au Madison Square Garden. Et sauf scénario improbable, son couronnement se fera sous le signe de la violence.

Pavlovich-Aspinall, explosion garantie (et titre intérimaire au bout)

Après l’UFC 294, qui avait dû modifier ses deux combats principaux à une dizaine de jours de l’événement, l’UFC 295 a lui aussi viré en chamboule-tout. Exit le main event prévu entre Jon Jones, champion des lourds, et Stipe Miocic, ancien roi considéré comme le meilleur de l’histoire dans cette catégorie à l’UFC. Jones forfait en raison d’une blessure qui va l’éloigner de la cage pour plusieurs mois et Miocic pas motivé pour affronter quelqu’un d’autre (ce sera sans doute le dernier combat de sa carrière), la grande organisation de MMA a dû changer son fusil d’épaule pour proposer un choc avec deux athlètes bien moins connus du grand public mais dont l’opposition fait saliver les amoureux de la discipline.

D’un côté, le Russe Sergei Pavlovich, numéro 2 du classement des challengers, qui était le remplaçant officiel du choc Jones-Miocic. De l’autre, le Britannique Tom Aspinall, numéro 4. En jeu? Le titre intérimaire des lourds, qui pourrait plus tard se transformer en titre incontesté si Jones et Miocic prennent leur retraite après leur combat au retour du premier. Avec une grosse question: ce choc peut-il dépasser le premier round? En quatorze combats cumulés à l’UFC, sept chacun, les deux hommes ont connu la deuxième reprise… une seule fois. Pavlovich, qui n'a connu la chose que trois fois sur ses dix-neuf combats en carrière (trois fois sur seize pour son adversaire) mais jamais à l’UFC, reste sur six victoires de rang par KO/TKO au premier round. Si on enlève sa défaite sur grave blessure face à Curis Blaydes à l’été 2022, Aspinall reste de son côté sur trois succès au premier round. Et sur ses six victoires à l’UFC, une seule a été obtenue au-delà de la première reprise.

Les deux hommes possèdent aussi les premier et troisième temps moyen de combat les plus courts pour les combattants à au moins cinq sorties dans la cage de l’UFC avec 2’19’’ et 2’23’’. Bref, on peut affirmer sans crainte que ça va envoyer fort et vite. Entre le cogneur Pavlovich qui éteint la lumière dès qu’il vous touche ou presque et le plus complet Aspinall, qui possède un sol de grande qualité et sait aussi bien se défendre en striking (il a notamment été sparring-partner du champion du monde des lourds en boxe Tyson Fury), l’opposition de style donne aussi très envie. Aspinall, qui n’a pas bénéficié d’un camp de préparation complet en acceptant le défi moins de trois semaines avant l’événement, va-t-il tout faire pour amener Pavlovich au sol et le soumettre? Le Britannique peut-il résister au Russe debout? Les réponses à ces questions façonneront l’identité du nouveau champion intérimaire des lourds.

Benoît Saint Denis a rendez-vous avec le top 15 (et avec le public US)

Le Madison Square Garden contre un membre du top 15 de sa catégorie pour une promesse de combat explosif. Benoît Saint Denis va jouer gros à New York. Mais il a toutes les armes pour assumer le rendez-vous. Après un été passé à martyriser des Brésiliens à bonne réputation, d’Ismael Bonfim en juillet à Las Vegas à Thiago Moises en septembre à Paris, "God of War" est déjà renvoyé au charbon par l’UFC, qui lui a montré toute sa confiance en le plaçant sur la carte principale d’un de ses plus gros événements de l’année. Une opportunité, aussi, de faire exploser sa popularité aux Etats-Unis comme à travers la planète.

Aux portes du top 15, Saint Denis va devoir passer par la case Matt Frevola, numéro 14 des challengers, pour les fracasser. Un combattant agressif et explosif comme le Français pour un grand spectacle annoncé qui ne devrait pas aller au bout des trois rounds (Saint Denis a remporté toutes ses victoires en carrière avant la limite, Frevola reste sur trois victoires par KO/TKO au premier round). Longtemps sous-estimé, le nouveau chouchou du MMA français veut confirmer aux yeux du monde sa légitimité à tutoyer les sommets des -70 kilos, une des catégories les plus relevées dans l’organisation.

Il pourra aussi répondre en partie aux doutes sur sa propension à trop aller à la "guerre" et à trop prendre de coups face à quelqu’un qui possède la capacité de le tester sur ce plan. Frevola aura l’avantage d’évoluer à domicile à New York – il vient de Long Island – mais le style de "BSD" n’aura sans doute aucun mal à plaire au public du Garden. Qui pourra en profiter en ce 11 novembre pour célébrer "le jour des vétérans" américain et l’Armistice dans ce combat entre un ancien des Forces Spéciales (saint Denis) et un ancien officier de réserve de l’armée US (Frevola). Benoît Saint Denis a une mission clamée à chaque micro : ramener la ceinture UFC des légers en France. Pour parvenir en haut du grand escalier, la prochaine marche se nomme Matt Frevola.

Article original publié sur RMC Sport