MMA: Pourquoi Salahdine Parnasse peut signer un exploit historique avec une triple ceinture au KSW

L’exploit serait historique. Inédit. Même le tenter n’a jamais été fait. Peut-on régner sur trois catégories de poids en même temps, avec onze kilos d’écart entre la première et la troisième, dans une grande organisation de MMA? L’histoire de la discipline répond non. Mais un homme veut réussir ce qui n’a jamais été essayé: Salahdine Parnasse. Déjà champion des -66 et -70 kilos au KSW, organisation polonaise considérée par beaucoup comme la meilleure en Europe, le combattant français s’attaque à une montagne ce samedi soir à Gliwice: détrôner l’invaincu Adrian Bartosinski, 14-0 en carrière dont 12 victoires avant la limite, et prendre la couronne des -77 kilos.Ne cherchez pas. Personne n’a jamais réussi ni tenté la chose.

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De quoi comprendre sa portée. Dans l’histoire des plus grandes organisations de la discipline (UFC, ONE Championship, Bellator, PFL/WSOF, PRIDE, Strikeforce), ils sont vingt-et-un à avoir remporté des titres dans deux catégories différentes. Parmi eux, quinze ont porté les deux ceintures en même temps. Mais aucun n’a été s’aventurer dans l’idée de la triple couronne. A l’UFC, où on a connu quatre "double champ"en simultané (neuf en tout dont Alex Pereira qui semble en mesure de tenter d’aller en chercher une troisième chez les lourds, mais ce ne sera pas en même temps), la superstar Conor McGregor aurait pu se lancer cet énorme défi, dans les mêmes catégories que Salahdine Parnasse, et se voir accorder sa chance en novembre 2016, au sommet de sa gloire dans le MMA, après avoir pris les ceintures des -66 puis des -70 kilos.

Il aurait même eu une bonne possibilité de réussite face au champion des -77 de l’époque, Tyron Woodley. Mais l’Irlandais, qui a depuis avoué qu’il regrettait de ne pas l’avoir fait pour marquer un peu plus l’histoire, avait préféré le challenge et le gros chèque d’un combat de boxe face à Floyd Mayweather. Au Bellator, le Brésilien Patricio "Pitbull" Freire a pour sa part essayé d’être champion dans trois catégories. Mais pas en même temps. Et il a échoué sur la dernière marche. Outre Parnasse, un homme semble en capacité de pouvoir le faire: le Russe invaincu Anatoly Malykhin, champion des lourds et des lourds-légers au ONE, une organisation asiatique, qui possède le gabarit pour pouvoir également s’attaquer aux moyens.

Mais le garçon est aidé par les catégories du ONE, dont la limite pour les lourds est au même niveau que l’UFC et les autres grandes organisations (120 kilos) mais qui a installé une limite supplémentaire pour les lourds-légers (102) et placé celle des moyens au même plan que celle habituelle chez les lourds-légers (93). Un ONE qui ne souhaite en outre pas vraiment verser dans cette idée après avoir déjà bloqué le Néerlandais Reinier de Ridder – détrôné par Malykhin chez les lourds-légers – quand il souhaitait le faire. Bref, l’exploit serait bel et bien dingue. Mais pas de quoi faire peur à l’intéressé.

Parnasse a souhaité ce challenge. Il l’a réclamé à son staff, l’ambition plein les mots. "Je voulais marquer mon sport et c’est ce que je vais faire avec cette troisième ceinture, lance le combattant de la Atch Academy au micro de RMC Sport. J’ai quasiment fait le tour de l’organisation et je me suis dit que j’allais faire un coup historique. J’ai vu qu’il faisait à peu près la même taille que moi. Je me suis dit que je pouvais relever ce défi et le surpasser, c’est pour ça que j’ai dit à mes coaches que j’étais chaud pour le prendre. J’ai envie de rentrer dans les légendes de mon sport et pour ça, il faut se mettre des grands défis. C’est ce que je me suis mis."

Pour se préparer au choc et à un Bartosinski qui devrait faire au moins dix kilos de plus que lui dans la cage, Parnasse – qui peut au moins profiter de ne pas se priver sur l’alimentation – a dû passer par la salle de musculation et prendre du (bon) poids. Tout en essayant de garder ses grosses qualités de vitesse et d’explosivité. Equation pas simple à résoudre. "Je sens que je suis moins rapide, concède-t-il. Mais je sais que je fais plus mal à l’impact. Et par rapport aux -77 kilos, je suis plus rapide naturellement. J’essaie de bouger à la même fréquence que quand je combats en 66 ou 70, de garder mon coup d’œil."

"Ce qu’il a réussi à faire en un minimum de temps est incroyable, confirme Stéphane 'Atch' Chaufourier, son coach et mentor. Il est beaucoup plus puissant. Mais le but pour nous est qu’il garde cette agilité. Le fait d’avoir pris un peu de puissance le rend moins rapide, c’est certain, on ne peut pas être aussi rapide à 80 kilos qu’à 70, mais on va se rapprocher de ça." Ultra complet, bon en striking comme en grappling, hyper efficace dans ses transitions entre les différentes armes du MMA, discipline qu’il pratique depuis ses onze ans chez Atch, Salahdine Parnasse a les armes pour faire tomber Adrian Bartosinski. Et graver à jamais son nom dans le grand livre de l’histoire du MMA.

Article original publié sur RMC Sport