MMA: l’agence antidopage américaine et l’UFC vont se séparer, McGregor au cœur des débats

L’histoire durait depuis 2015. Elle va s’arrêter au dernier jour de l’année 2023. Après près de dix ans de collaboration sur la lutte antidopage et plus de 27.000 tests réalisés sur l’effectif de l’organisation, le partenariat entre l’USADA (agence américaine antidopage) et l’UFC va prendre fin à l’issue du contrat actuel, le 1er janvier prochain. Un coup de tonnerre confirmé par le patron de l’USADA, Travis Tygart, dans un communiqué qu’il débute par un point sur la situation de… Conor McGregor.

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Vous allez vite comprendre le rapport. Plus grande star de l’histoire de l’UFC, l’Irlandais a annoncé ces derniers jours avoir enfin fait son retour dans le pool de tests de l’USADA pour les combattants UFC, où il doit apparaître au moins six mois (avec au minimum deux tests négatifs sur la période) avant de pouvoir faire son retour dans la cage de l’organisation. La situation est confirmée par Tygart. Qui en profite pour aller plus loin.

"Nous avons été clairs et fermes avec l’UFC sur le fait que l’organisation ne devait pas donner d’exception à McGregor pour combattre avant d’avoir passé deux tests négatifs et d’avoir été dans le pool pour au moins six mois, indique-t-il dans le communiqué. Les règles permettent également à l’USADA de garder quelqu’un dans ce pool de tests plus longtemps avant de pouvoir combattre selon ses déclarations quand cette personne rejoint le pool et les résultats de ces tests. Malheureusement, nous ne savons pas si l’UFC honorera cette exigence des six mois ou plus car l’USADA ne sera plus impliquée dans le programme antidopage de l’UFC à partir du 1er janvier 2024."

Et le communiqué de poursuivre en précisant: "Malgré une réunion positive et productive au sujet d’un renouvellement de contrat en mai 2023, l’UFC a fait volte-face et informé l’USADA ce lundi 9 octobre qu’elle allait dans une autre direction". Dans sa déclaration, Tygart souligne combien la situation de McGregor – qui avait quitté le pool de tests après sa grave blessure à la jambe contre Dustin Poirier en juillet 2021, son dernier combat en date – se trouve au cœur de la détérioration de la relation entre son agence et l’organisation phare du MMA mondial.

"Nous restons fermes sur cette règle des six mois"

"La relation entre l’USADA et l’UFC est devenue intenable en raison des déclarations de dirigeants de l’UFC et d’autres remettant en question la position de principe de l’USADA selon laquelle McGregor ne devait pas être autorisé à combattre sans avoir été dans le pool de tests pendant au moins six mois, explique le communiqué. Un commentateur UFC a fait écho à cela en déclarant récemment que l’USADA ne devrait pas superviser le programme antidopage de l’UFC car nous restons fermes sur cette règle des six mois pour McGregor et que nous ne permettons pas aux combattants sur une base médicale approuvée d’utiliser des produits dopants comme les peptides expérimentaux et non approuvés ou la testostérone pour se soigner et revenir plus vite dans l’octogone."

Un sous-entendu qui pose forcément des questions… On peut également s’interroger sur l’avenir de la lutte antidopage à l’UFC. A l’image de la NFL ou de la NBA, autres puissantes entités privées du sport américain, l’organisation ne sera plus supervisée par l’USADA (qui au passage perd un chèque de plusieurs millions de dollars par an avec l’arrêt de ce contrat). Mais les grandes ligues de foot américain et de basket peuvent compter sur un solide syndicat des joueurs pour négocier ce genre de choses. Ce n’est pas le cas pour l’UFC. Qui va pouvoir décider seule de la nouvelle route prise sur ce terrain.

Un contrat avec un autre organisme de lutte antidopage comme VADA, agence notamment impliquée dans la boxe (ils peuvent aussi se lier à une autre agence nationale émanant d'un autre pays)? Un retour à la situation pré-USADA, quand les commissions athlétiques des différents Etats américains ou pays géraient les contrôles antidopage de l’organisation, ce qui rendait cette lutte inexistante ou presque vu leurs moyens (il y avait souvent un seul contrôle, le soir du combat)? On devrait vite en savoir plus.

Car impossible (ce serait trop une folie) d’imaginer l’UFC abandonner toute forme de lutte antidopage, surtout en comptant dans ses rangs l’ancien agent fédéral Jeff Novitzky, qui avait été au cœur des enquêtes pour faire "tomber" l’athlète Marion Jones et le cycliste Lance Armstrong avant de rejoindre l’UFC en 2015 en tant que "vice-président de la santé et de la performance des athlètes", rôle dans lequel il devait notamment diriger le programme antidopage de l’organisation.

"Cette décision met en péril les immenses progrès réalisés dans ce sport"

"Nous sommes déçus pour les combattants de l’UFC, des contracteurs indépendants qui comptent sur notre programme global indépendant et très haut standard pour protéger leurs droits d’un octogone propre, sûr et juste, pointe le communiqué de l’USADA. Cette décision de l’UFC met en péril les immenses progrès réalisés dans ce sport sous le leadership de l’USADA." La conclusion claque, avec encore un clin d’œil pour McGregor et sa situation: "La santé et la sécurité à long terme des combattants – en plus d’un terrain de jeu juste – sont plus importants pour l’USADA que des profits à courts terme au dépend des athlètes propres. L’USADA est fière du travail que nous avons effectué ces huit dernières années pour rendre plus propre l’UFC."

Une séparation qui a beaucoup fait réagir les combattants de l’organisation, entre ceux qui s’inquiètent et ceux qui se… réjouissent en raison de problèmes rencontrés dans le passé (Jon Jones par exemple) avec une agence dont l’évolution des sanctions n’a pas toujours été comprise dans le milieu malgré le suivi du Code mondial antidopage qui évolue lui aussi avec le temps. Dans la première catégorie, on notera notamment la réaction sur les réseaux sociaux de Nassourdine Imavov, représentant français présent dans le top 15 de la catégorie des -84 kilos, qui a publié un emoji qui ne laisse aucun doute sur son avis. Le "Sniper" a sans doute raison de s’inquiéter. A partir du début 2024, les combattants UFC d’un pays comme la France seront toujours soumis aux contrôles inopinés de l’AFLD, l’agence française de lutte contre le dopage. Ce qui ne sera plus forcément le cas pour des combattants de certaines autres nationalités.

Article original publié sur RMC Sport