Manizha Talash, la danseuse olympique chassée par les talibans

Sur cette photo prise le 12 juin 2021, Manizha Talash, la seule femme d'un groupe de danseurs de break composé principalement de garçons hazaras, s'entraîne à faire un mouvement à Kaboul. | Adek Berry / AFP
Sur cette photo prise le 12 juin 2021, Manizha Talash, la seule femme d'un groupe de danseurs de break composé principalement de garçons hazaras, s'entraîne à faire un mouvement à Kaboul. | Adek Berry / AFP

Certains athlètes viennent de loin, mais peu pourront en dire autant. Manizha Talash fait partie des seize «B-Girls» qualifiées pour Paris 2024 qui inaugureront la nouvelle discipline olympique: le breakdance. Un sport qu'elle pratique depuis quatre années, soit deux ans avant qu'il ne soit officiellement au programme des Jeux olympiques parisiens, et un an avant que les talibans ne l'interdisent en reprenant le pouvoir en Afghanistan.

Âgée de 21 ans, Manizha fait partie de ces athlètes dont la participation était quasi perdue d'avance. Elle concourra sous la bannière de la délégation des réfugiés et non de l'Afghanistan, qu'elle a dû fuir en 2021 lors du retour des talibans. Là-bas, elle est pourtant devenue la première danseuse de break de son pays. Mais la danse a rejoint le sport, l'école et la culture au rang des activités interdites aux femmes.

Ses acrobaties rythmées lui valent, dès ses débuts, des critiques puis des menaces de mort de la part de ses voisins et de sa famille éloignée. «Si un garçon danse, c'est déjà mal vu en Afghanistan et à Kaboul, raconte Jawad Sezdah, l'un des meilleurs amis de Manizha, au Washington Post. Alors si c'est une fille, c'est encore pire. C'est dangereux. La société n'accepte pas qu'une fille puisse danser.»

À Kaboul, c'est Jawad qui initie Manizha au break. Alors adolescente de 17 ans, elle est hypnotisée par l'une de ses vidéos, mais aussi par le manque de danseuses, et le contacte pour apprendre. Des cinquante-six jeunes de la communauté hip-hop qu'elle rejoint à Kaboul, dont Jawad est l'un des leaders, elle est la seule fille.

Et ça commence à se savoir. Le groupe est visé par un attentat à la voiture piégée dès leur première prestation en public. Aucun danseur n'est touché, mais il y a des victimes parmi les passants. Un autre attentat, kamikaze cette fois-ci, est déjoué à l'intérieur de leur salle d'entraînement. Le club…

Lire la suite sur Slate.fr