Ligue 1: les coups de pied arrêtés, un mal typiquement français

Ligue 1: les coups de pied arrêtés, un mal typiquement français

Le point commun entre Marseille, Lens, Lyon et Rennes dans les matchs de préparation? Ils encaissent des buts sur coups de pied arrêtés (CPA). Il y a tout d’abord Marseille, qui a encaissé deux buts consécutifs à des corners lors de sa défaite contre Leverkusen (2-1), une semaine après avoir perdu contre Eupen (1-0), encore sur corner. Cela fait trois coups de pied arrêtés encaissés en trois matchs pour Marseille, soit 100% des buts encaissés en préparation.

Lyon de son côté a encaissé deux buts sur coups de pied arrêtés dans le même match samedi contre Crystal Palace (2-2). Cela rappelle la combinaison sur touche contre Manchester United lors de la défaite (1-0).

Lens à Old Trafford concède le but du 3 à 1 sur coup franc excentré. Rennes, après avoir été en difficulté contre Nottingham Forest (0-5) sans pour autant concéder de but, n’aura tenu que cinq minutes de jeu contre Wolverhampton (3-1) avant de concéder une combinaison sur corner, samedi. La saison dernière, les deux buts concédés sur coups des pieds arrêtés par le PSG contre le Maccabi Haïfa (7-2) en Ligue des champions avaient pesé dans la course à la première place du groupe.

Ce n’est pas qu’une impression, les clubs français sont en retard, comme le confirment les statistiques des meilleures équipes des grands championnats européens. En comparant la différence entre le but marqués et encaissés sur une saison (toutes compétitions confondues), lors de la saison dernière 2022/2023, on retrouve les meilleurs clubs. En Angleterre, Liverpool et Manchester City (+16), en Italie, Naples (+15), en Allemagne, l'Union Berlin (+14), au Portugal, Porto (+12) et Benfica Lisbonne (+11).

Pour tous ces clubs qui jouent la champions League, à combien peut-on estimer la valeur d’un joueur qui inscrirait autant de buts dans une saison? Côté français, les meilleures équipes se situent à +7 avec le PSG et l'OM. Les autres clubs majeurs français souffrent (Lens, Rennes: -1, Lille: 0, Toulouse: +4).

Un secteur beaucoup moins travaillé en France

En France, ces phases de jeu sont séparées entre plusieurs membres au sein du staff (souvent un adjoint et le coach des gardiens) pour être abordées 15-20 minutes la veille du match. En Angleterre, c’est 10 à 15 minutes par jour, pour atteindre entre 70 et 90 minutes par semaine.

Deux tiers des clubs anglais ont un spécialiste dans leur staff technique: Brentford, Manchester City, United, Brighton, West Ham, Everton, Aston Villa, Nottingham Forest, Southampton… Le Bayern vient récemment de recruter celui de Chelsea: Anthony Barry. Des Français figurent parmi eux: Nicolas Jover, Arsenal ex Man City, véritable référence mondiale dans son domaine ou Damien Della Santa (ex Nice). Un axe de progression certain pour les clubs français pour conquérir le football européen.

Des Français comme références

Invité de l’After la semaine dernière, Damien Della Santa expliquait l’importance de cette phase de jeu et ses énormes bénéfices quand elle est travaillée. "A Nice, on faisait 10-15 minutes par jour la saison dernière, on copiait les standards de Premier League. C’est-à-dire 1h15 par semaine. On a multiplié par dix l’efficacité défensive de l’équipe. On passe d’un but concédé tous les 11 coups de pied arrêtés à un but sur 116."

"C’est un travail d’entraîneur adjoint spécifiquement dédié sur ces missions avec une partie d’analyse, de conception de stratégies, de mises en place sur le terrain, de gestion de la compétition, puis d’analyse de la compétition", précise-t-il. Lui ne croit plus aux combinaisons (comme la chenille messine) mais davantage aux schémas selon les tailles et les qualités des joueurs de tête. Une symphonie d’horlogerie pour synchroniser le tireur avec les appels de joueurs dans la surface.

"On travaille tout: les coups de pied offensifs et défensifs, les touches qui sont très importantes, c’est environ 60 actions par match, estime-t-il. Il y a environ 10 corners par équipe et une vingtaine de touche en Ligue 1." "Il y a un cadre avec des rôles, des principes de jeu, des zones à cibler, des outils sont transmis aux joueurs pour être dans des bonnes dispositions, conclut-il. Par exemple, permettre à ceux qui ont un bon jeu de tête de partir de plus loin, ceux qui sont plus en difficulté de partir plus près du but et choisir des appels de balles qui correspondent aux qualités de joueurs. Mon but est de donner des principes aux joueurs pour les rendre autonomes selon que l’adversaire défende en zone ou en individuel."

Article original publié sur RMC Sport