Jegou et Auradou accusés d'agression sexuelle: le parquet évoque des "lésions compatibles" avec le récit de la victime

Deux jeunes joueurs du XV de France, Oscar Jegou et Hugo Auradou, arrêtés lundi à la suite d'une plainte pour agression sexuelle en Argentine où ils sont en tournée, doivent être entendus par le parquet qui a évoqué mardi des "lésions compatibles" avec le récit de la victime présumée.

Les deux hommes, qui sont à Buenos Aires avec les Bleus, doivent être transférés mercredi vers Mendoza (centre-ouest), lieu de l'agression présumée où les Français ont disputé samedi leur premier match de leur tournée face à la sélection argentine.

Selon la presse locale, l'agression présumée d'une jeune femme a eu lieu dans les heures suivant la rencontre, dans la nuit de samedi à dimanche, au Diplomatic Hotel de Mendoza, où logeaient joueurs et staff.

"La déposition est assez longue, complète, détaillée et correspond, pour l'heure, aux conclusions médico-légales"

Dans un communiqué publié dans la soirée, la Fédération française de rugby a confirmé que le président de la FFR Florian Grill et son vice-président Jean-Marc Lhermet avaient rencontré les deux joueurs. "Ces derniers ont confirmé avoir eu dans la nuit une relation sexuelle avec la jeune femme mais ont fermement nié toute forme de violence", a précisé l'instance.

La procureure générale de Mendoza (centre-ouest) a indiqué mardi qu'il existait des "éléments convaincants" et des "lésions compatibles" avec le récit de la victime présumée. "Les lésions sont compatibles avec le récit de la victime, mais pas nécessairement exclusivement issues d'une agression sexuelle", a déclaré Daniela Chaler à la radio LV10.

"La déposition est assez longue, complète, détaillée et correspond, pour l'heure, aux conclusions médico-légales", a ajouté la magistrate qui a demandé le placement en détention provisoire des deux joueurs en garde à vue dans la capitale argentine, a confirmé une source policière à l'AFP.

Pour leur transfert à Mendoza, à 1.100 km à l'ouest de Buenos Aires, où ils seront entendus avant une possible mise en examen, "ils doivent être accompagnés d'un traducteur" car "ces deux jeunes ne parlent pas espagnol", a ajouté Mme Chaler. "Nous devons donc nous assurer qu'ils comprennent la raison de leur détention et de leur transfert".

Selon le porte-parole du parquet de Mendoza, Martin Ahumada, le deuxième ligne de Pau Hugo Auradou, 20 ans, et le troisième ligne de La Rochelle Oscar Jegou, 21 ans, pourraient encourir jusqu'à 20 ans de prison.

Tout juste arrivé mardi à Buenos Aires, Florian Grill, qui devait accompagner les Bleus de Fabien Galthié pour Montevideo où ils rencontreront l'Uruguay en match amical mercredi, a affirmé qu'il restait dans la capitale argentine pour "gérer" l'affaire.

"Il y a une enquête en cours. Le fait que nous soyons là avec Jean-Marc (Lhermet, NDLR) est une bonne chose. On pourra accompagner et faciliter cette enquête", avait affirmé un peu plus tôt Grill à quelques journalistes.

"Si les faits sont avérés, ils sont incroyablement graves. Il faut avoir une pensée pour la jeune femme. C'est à l'inverse de tout ce que le rugby est, de tout ce que le rugby fait, de tout ce que le rugby construit (...) mais il faut laisser l'enquête, qui est nécessaire, se dérouler", avait-il ajouté.

"Si l'enquête établit les faits reprochés, ils constituent une atrocité sans nom. Pensée pour la victime", a écrit Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports, sur le réseau social X.

Une affaire Jaminet en parallèle

Florian Grill a précisé que "pour le moment, la poursuite de la tournée" n'était pas remise en cause. Le XV de France, avec un groupe très largement rajeuni et sans ses cadres, doit à nouveau défier les Pumas samedi Buenos Aires.

L'arrestation de Jegou et Auradou est intervenue au lendemain de la mise à l'écart de la tournée et du renvoi en France de l'arrière Melvyn Jaminet, après des propos racistes dans une vidéo publiée dimanche et dont il s'est ensuite dit "profondément désolé et honteux".

"Ma daronne (ma mère, NDLR) qui me demande si j'ai fait la fête (il souffle). Je te jure le premier arabe que je croise sur la route je lui mets un coup de casque", déclare le joueur (25 ans, 20 sélections) qui se filme lui-même dans cette courte vidéo non datée, postée sur Instagram et depuis supprimée.

Dans un communiqué publié rapidement après sa diffusion, la FFR avait condamné "avec la plus grande fermeté les propos tenus par Melvyn Jaminet" qui "sont totalement inacceptables et contraires aux valeurs fondamentales de notre sport". "Le rugby est anecdotique, tout le reste est accessoire. L'enchaînement est dramatique", a reconnu Florian Grill.

En janvier, le deuxième ligne Bastien Chalureau (Montpellier), qui faisait partie du groupe France lors de la Coupe du monde 2023, avait été condamné en appel à six mois de prison avec sursis pour des violences à l'encontre de deux hommes en 2020. Contrairement à la première instance, le tribunal n'avait pas retenu le caractère raciste de l'agression.

Article original publié sur RMC Sport