Grosso tâtonnant, Textor absent... L'OL a-t-il les moyens de se sortir de cette saison cauchemardesque

Grosso tâtonnant, Textor absent... L'OL a-t-il les moyens de se sortir de cette saison cauchemardesque

"Si cela ne gagne pas cet après-midi, je ne reviens pas." On ne sait pas ce que va faire ce supporter croisé juste avant la rencontre, mais force est de constater que beaucoup considèrent le match nul arraché à Metz (1-1) comme une défaite. C’était d’ailleurs le sentiment qui parcourait le vestiaire dimanche après-midi, où la tristesse se lisait sur les visages, notamment sur ceux des cadres. Alexandre Lacazette, accroupi sur la ligne médiane au moment de la célébration du but messin, le regard perdu, avait déjà donné un aperçu public de ce sentiment général et généralisé.

Avec désormais une question qui tourne en boucle: l’OL a-t-il les moyens de se sortir de l’ornière? L’étau se resserre en tous cas. Il y a déjà les statistiques qui donnaient, il y a deux journées de cela, à peine 20% de chance de se maintenir. Un match joué plus tard, c’est l’écart avec ses concurrents directs qui illustre de manière plus spectaculaire le défi: sept points avec le premier non relégable (Lorient), six avec le barragiste (Metz) et deux avec le 17e (Clermont).

Un parcours du combattant avant Noël

Certes, il reste 23 rencontres (plus celle à rejouer à Marseille) pour grignoter ce retard; mais le calendrier à venir donne plus des maux de têtes que des motifs d’espoirs avec notamment des déplacements à Rennes, Lens et Monaco et une réception de Lille avant la trêve de Noël. Quant aux mots prononcés par Fabio Grosso, ils dégagent une forme d’impuissance, avec ce verbe "travailler" qui revient en boucle.

Or, force est de constater que cette méthode employée depuis sept semaines – il a effectivement remplacé Laurent Blanc, le 18 septembre après l’intérim opéré par les entraîneurs maison (Vulliez, Bréchet et Anderson) – ne prend pas encore: en cinq rencontres, le champion du monde italien cumule trois défaites (à Brest, 1-0, à Reims, 2-0 et devant Clermont) pour deux nuls (3-3 contre Lorient et 1-1 face à Metz). Et toujours pas d’ouverture de score en 900 minutes de jeu. Et seulement 56 minutes à "mener" une rencontre – le 8 octobre face à Lorient de la 23e à la 79e minute. Pas de quoi donner du crédit à son management, d’autant que ses compositions initiales face à Clermont – il procède à trois changements à la mi-temps – et face à Metz – avec une défense à cinq face au 16e du classement - interpellent.

Fabio Grosso, un homme sans solution pour le moment malgré un groupe au complet, sauf Corentin Tolisso, suspendu ce week-end. Et un entraîneur qui tâtonne: en cinq matchs dirigés, il a utilisé 20 titulaires différents avec seulement Anthony Lopes et Maxence Caqueret comme tauliers récurrents. Mais le groupe avance toujours avec cette contraction collée aux crampons et qui tire tout le monde vers le bas, les cadres en premier.

De "l’omni président-présent" Aulas... à "l'omni absent" Textor

Fabio Grosso, un homme seul aussi: d’un côté, il a souhaité s’isoler avec ses adjoints pour protéger le groupe dans la tempête actuelle; de l’autre, il subit l’incroyable période autour d’un propriétaire, John Textor, qui dirige son club en "distanciel" à tel point que l'homme d’affaires américain a téléphoné à Tony Parker pour lui dire de venir s’asseoir dans son fauteuil, dans la "President box" pour combler un vide. Or, le quadruple champion NBA de basket n’occupe plus aucune fonction au club, n’étant même plus au conseil d’administration. Et ce alors qu’une légende du club, buteur des premiers titres, Sonny Anderson, officiel ambassadeur d’OL Groupe, est prié de rester à l’écart du groupe professionnel…

Quant au président exécutif intérimaire, Santiago Cucci, sur le départ à l’issue du passage devant la DNCG à la fin novembre, il n’était même pas présent au Groupama Stadium. Il est loin le temps de "l’omni président-présent" (Jean-Michel Aulas), résume un habitué des loges qui surnomme le nouveau boss, "l’omni absent"…

Un absent – John Textor – qui voit sa (maigre) cote de popularité s’effondrer: les banderoles déployées en extérieur et sur chaque bloc des huit groupes de supporters (des Bad Gones aux Lyon 1950 en passant par les Rouge et Bleu, Génération OL ou Hexagones…) voulaient surtout lui rappeler sa déconnexion par rapport à la réalité, lui qui évoquait après la défaite à la maison face à Clermont "une question comique", quand on l’interrogeait sur la potentielle descente du club.

Quant aux Bad Gones, juste avant d’échanger avec Fabio Grosso, ils entonnaient un nouveau refrain: "Textor, t’es où ?…" Va-t-il répondre aux fans, d’une manière ou d’une autre? À l’OL, on se retranche derrière un silence, rappelant la jurisprudence de John Textor, qui, depuis sa prise de pouvoir, ne communique jamais publiquement sur ses relations avec eux.

Au-delà du bilan sportif jamais vu en 65 ans de présence dans l’élite, c’est tout un club, pourtant construit sur de solides bases - le seul qui possède en propre son stade – qui vacille. Seuls les supporters restent à la hauteur: ils étaient encore 42.040 face à Metz, après les 44.000 personnes recensées face à Clermont ou les 43.100 face à Lorient. Un soutien bienvenu et rare, alors que l’on a connu public lyonnais plus frondeur à une époque, pas si lointaine, où elle ne se classait pas très loin du podium. Là aussi, la zénitude apparente et la patience confinent au surréalisme, au cœur de la période trouble que traverse, au cœur de cette saison 2023-2024, l’institution OL…

Article original publié sur RMC Sport