France-Gibraltar: Marcus Thuram, et si c'était lui l'avant-centre des Bleus à l'Euro 2024?

France-Gibraltar: Marcus Thuram, et si c'était lui l'avant-centre des Bleus à l'Euro 2024?

Kylian Mbappé n'a pas voulu trancher: "Vous voulez que j'ai des problèmes?", a-t-il plaisanté en répondant au journaliste qui lui demandait de parler des différences entre Randal Kolo Muani, Olivier Giroud et Marcus Thuram au poste d'avant-centre de l'équipe de France. "Les trois sont forts et marquent des buts. On a de la chance d'avoir les trois. Ce sont trois profils différents. Que le meilleur joue et nous on va s'adapter", a lancé le capitaine français à la presse.

C'est Marcus Thuram qui tient toutefois la corde pour la place de titulaire dans le rôle de numéro 9 des Bleus samedi soir face à Gibraltar (20h45), dans le cadre des qualifications pour l'Euro 2024. Une façon de tester plus durablement celui qui a souvent fait des entrées en jeu remarquées avec l'équipe de France lors des derniers rassemblements? Sans doute le sélectionneur a-t-il suivi attentivement son début de saison en Italie.

Mbappé: "Ça fait des années que je lui dis qu'il va finir là!"

Fini le statut d'ailier: arrivé libre cet été à l'Inter Milan, Marcus Thuram s'y est installé dans l'axe. Tout sauf une surprise pour celui qui le connaît depuis Clairefontaine il y a une dizaine d'années: "Ça fait des années que je lui dis qu'il va finir là!", plaisantait Kylian Mbappé vendredi. "Il ne m'écoute pas! Il a toutes les qualités pour être un très bon avant-centre. On échange tous les jours, j'ai beaucoup d'affection pour lui. Il a fait le bon choix."

L'indispensable Olivier Giroud, 37 ans, semble désormais plus dans la rotation qu'un titulaire indiscutable. La Coupe du monde 2022 - notamment cette finale contre l'Argentine (et ce duel face à Emiliano Martinez qui aurait pu offrir le sacre aux Bleus) - semblait avoir donné un avantage à Randal Kolo Muani dans la quête de la place d'avant-centre. Mais l'ancien Nantais connaît un début d'aventure difficile au PSG quand Marcus Thuram flambe.

Le déclic de l'axe

Quatre buts et cinq passes décisives en 12 matchs de Serie A cette saison avec l'Inter, et une certitude désormais: l'axe lui va bien. Il se destinait pourtant à un rôle sur une aile. Mais son passage à Mönchengladbach lui aura sans doute apporté une variété dans son jeu et une lecture des actions qui a, derrière, peut-être amené cette mutation. "A Guingamp je l’ai utilisé deux ou trois fois en pointe mais, en analysant avec lui ses performances à ce poste, on a convenu que le moment n’était pas encore venu, il n’était pas prêt. C’est un rôle très compliqué, tu vas au charbon, t’es souvent seul face à deux centraux, c’est beaucoup de duels, avec pas mal de jeu ingrat dos au but. Comme il était plus jeune, il avait envie de plus toucher le ballon, de se retrouver libre sur le côté à partir dans des un contre un à dribbler, un domaine où il est très fort", raconte son ancien coach Jocelyn Gourvennec à 20 Minutes.

Didier Deschamps confirme la progression du joueur et son état d'esprit apaisé dans son nouveau rôle: "Il a cette capacité à voir les espaces et faire beaucoup d'efforts. Il est plus efficace, il peut gagner encore dans cette efficacité mais ça fait partie de sa progression, c'est un jeune joueur. Il est épanoui, plein de confiance", note le sélectionneur des Bleus.

1,92m et un gabarit qui font de lui une option intéressante en pivot, pour servir de point d'appui à un Kylian Mbappé qui a tant de fois montré - et pas uniquement lors du "pivot gang" au PSG - qu'il préférait jouer avec un coéquipier dans cette fonction pour lui libérer des espaces.

"L'Italie m'apprend à être spécifique au poste"

Buteur pour la première fois sous le maillot bleu en septembre dernier (2-0 contre l'Irlande) après 11 sélections, Marcus Thuram assumait, lors de la dernière trêve internationale en octobre, son ambition de briguer une place de titulaire pour l'Euro 2024: "Oui, c'est un rêve d'enfant pour moi. C'est ça aussi qui me fait me lever le matin. C'est l'essence de mon travail de réussir à devenir un jour titulaire. Je sais ce que je veux, je sais ce que je fais, je connais les sacrifices que j'ai faits et que je ferai pour y arriver", confiait-il alors à l'Equipe. En assurant ne pas scruter l'état de forme de ses rivaux au poste, Giroud et Kolo Muani: "Jamais je ne réfléchirai comme ça. Je sais qu'il y a de très bons attaquants en équipe de France, je me concentre sur ce que je fais."

"L'Italie m'apprend à être spécifique au poste", poursuivait-il. "C'est une des raisons pour lesquelles j'ai choisi l'Inter. Ça va vraiment me permettre de me fixer à ce poste axial. En Italie, on me demande d'être beaucoup en pivot pour les coéquipiers, de servir de relais pour les milieux, d'attaquer la profondeur." Associé à Lautaro Martinez à l'Inter Milan, Marcus Thuram peut-il jouer seul à la pointe de l'attaque des Bleus? Tout dépend aussi du dispositif offensif global, de la mobilité des ailiers et des solutions autour de lui.

Article original publié sur RMC Sport