Foot américain: un air d'Amérique souffle sur Paris avec ses Mousquetaires

Le logo de l'équipe de football américain des Paris Musketeers le 9 juin 2024 (Julie SEBADELHA)
Le logo de l'équipe de football américain des Paris Musketeers le 9 juin 2024 (Julie SEBADELHA)

Bande-son d’outre-Atlantique, club de supporters attitré et cheerleaders à chaque arrêt de jeu: il souffle un air d'Amérique au stade Jean-Bouin, à l'ombre du Parc des Princes, pour les matches à domicile des Paris Musketeers, seul club français en Ligue européenne de football américain.

Flanqués de maillots tricolores et d’une forte identité issue de l'imaginaire culturel français et parisien, les Mousquetaires déboulent des vestiaires avant chaque rencontre portés par le traditionnel spectacle qui accompagne les ligues sportives américaines. Le tifo qui se dresse dans les tribunes, pourtant issu du "soccer", s'inspire de la devise de D'Artagnan et consorts: "Un pour tous, tous parisiens". La plupart de l'effectif est d'ailleurs francilien.

Le logo du club rappelle aussi les soldats d'élite rendus célèbres par Alexandre Dumas: une grande croix blanche, version modernisée de la croix de soubreveste qu'arboraient autrefois les mousquetaires.

Le Paris Musketeers est le premier club professionnel français de football américain. Il évolue pour la deuxième année consécutive dans la European league of football (ELF), un compétition continentale privée qui regroupe 17 franchises à travers l'Europe divisée en trois conférences, Ouest, Centrale et Est.

- Double vie -

Une pratique professionnelle, mais chronophage et épuisante. L'équipe se déplace régulièrement dans les villes de la conférence Ouest comme Berlin, Cologne ou Madrid, il peut donc arriver qu'elle fasse "plus de 20 heures de trajet en bus" pour aller jouer à Hambourg, confie l'arrière défensif Maxime Roger. Le prochain déplacement est prévu sur le terrain des Bravos de Madrid, le 20 juillet.

"C'est pro parce qu’on est payé quoi qu’il arrive pendant notre saison, mais on n’est plus payé quand on arrête de jouer à la fin de la saison", explique Rémi Bertellin.

Pour le receveur en attaque de 30 ans, rejoindre les Paris Musketeers était une "évidence", même si le montant de son salaire, encore trop faible pour vivre "bien" lui impose un second emploi de consultant en informatique.

Alors, il consent à sacrifier son temps libre "avec la famille, les amis, la copine, tu as eu très peu de temps libre pendant la saison ou hors-saison".

Hugo Tekedam mène aussi deux vies. La première avec Paris, en tant que quarterback ou receveur, la "tour de contrôle qui prend les décisions dans le jeu ou celui qui réceptionne les lancers pour gagner du terrain", la seconde comme étudiant pour devenir coordinateur sportif.

- "Le plus de supporters" -

"C'est beaucoup d’investissement, mais c’est un train de vie auquel je suis habitué depuis très jeune, dès que je finis l’école je vais au sport, donc rien de nouveau pour moi", explique le joueur de 22 ans, qui vit à La Courneuve en Seine-Saint-Denis.

Après des décennies d'amateurisme malgré un Championnat Elite de 12 équipes, la concurrence du rugby à XV dont la pratique est plus développée dans l'hexagone, l'arrivée du football américain professionnel en France se fait à petits pas mais dans la ville "idéale", selon Maxime Roger.

L'ingénieur de 27 ans a pratiqué le football américain dans plusieurs clubs français avant d'arriver chez les Mousquetaires à leur création en 2023. "C'est à Paris que se trouvent les meilleurs joueurs, c'est aussi là qu'on peut avoir le plus de supporters derrière nous", explique-t-il à l'AFP.

L'an dernier, le club a pu compter sur 3.867 spectateurs en moyenne à domicile avec un record à 4.500. Vu le succès, le club a ouvert la seconde tribune latérale de Jean-Bouin.

L'objectif affiché du club est d'atteindre cette saison les play-offs, que les parisiens avaient manqué de peu l'an dernier avec un bilan de 6 victoires pour 6 défaites, le meilleur des nouvelles structures entrées en lice en 2023.

cmi/cyj