Fatigue des footballeurs: "Le championnat à 18 équipes est très positif"

Fatigue des footballeurs: "Le championnat à 18 équipes est très positif"

Depuis la Coupe du monde au Qatar, on peut avoir l’impression que les joueurs internationaux n’ont jamais arrêté...

C’est vrai. La plupart ont eu une petite pause cet été, les clubs font attention à cette partie, surtout dans la gestion de la charge d’entraînement. Ils ont des données qui vont comptabiliser les temps de jeu, les temps d’entraînement et les nombres de matchs joués. Selon les résultats, ils ont des alertes qui sont complétées avec des indicateurs de charge interne qui peuvent être biochimique, les hormones ou des bilans sanguins. Et des indicateurs de charges externes qui peuvent être les performances des joueurs au cours d'un match, au cours de l'entraînement.

Par exemple, vous avez des joueurs qui vont avoir du mal à atteindre leur vitesse maximale à l'entraînement. C’est peut-être un signe que le joueur est en état de fatigue et qu’il va falloir alléger pendant les semaines qui suivent les cadences. Et ça en général, c’est effectué dans les grands clubs. Après ce qui est important, c’est quand tu enchaînes la Coupe du monde, le championnat avec un peu plus de matchs et une période assez courte pour certains joueurs à la trêve, et puis derrière tu bascules une nouvelle fois sur un rythme avec des temps de jeu supérieurs. Ce virage est souvent difficile à négocier. Avec les temps additionnels qui se rallongent, on augmente de pratiquement 10% le temps de jeu effectif.

Les joueurs ne sont pas assez préparés?

Ils doivent encore mieux se préparer. Ça peut paraître pas grand-chose, mais jouer cinq, six, sept ou huit minutes en plus à tous les matchs, toutes les semaines, l’impact est fort. Ces données ont un impact sur l’aspect physique, sur la fatigue. Ce n’était pas forcément prévu. Ça a été pris en considération par des préparateurs physiques et des staffs médicaux. Mais pour certains joueurs qui sont devenus essentiels dans un effectif, il y a aussi l’impossibilité d'avoir une stratégie de rotation de l'équipe. Ça peut également jouer.

"En fin de saison, il faut couper, s’aérer l’esprit, ne plus penser au football"

Les trois à quatre semaines de repos tous les étés, ça permet vraiment de relâcher l’organisme?

Il y a différentes stratégies qui sont souvent liées au temps de jeu de la saison. Si vous êtes international avec un faible temps de jeu, dans ce cas, certains joueurs vont avoir envie de travailler certaines qualités durant les vacances estivales. Ça arrive très régulièrement. Mais il faut bien retenir que la récupération du joueur doit être physique et surtout mentale. Les deux sont liés. En fin de saison, il faut couper, s’aérer l’esprit, ne plus penser au football. C’est important d’avoir minimum deux semaines off. Après, pendant ces deux semaines, ils peuvent garder une petite activité. En général, ce qui est proposé par les clubs c’est un jour sur deux. Et la préparation individuelle des joueurs peut souvent donner des mauvaises bases. Pas tout le temps, mais ça peut arriver, par exemple si un préparateur demande à un joueur de travailler l’explosivité en fin de saison. Ils n’ont pas besoin de ça.

Les clubs de Ligue 1 discutent-ils avec les préparateurs individuels?

Oui, les bons clubs discutent avec eux. À l’AS Monaco ou à l’OGC Nice, la relation est parfaite avec les préparateurs physiques individuels. Même si les joueurs sont dans leurs clubs, je ne pense pas qu'ils aient forcément un besoin parce que leur structuration dans l'entraînement amène à une optimisation de la performance qui est vraiment moderne. Mais des joueurs vont quand même faire appel à des préparateurs physiques, et ces derniers doivent avoir connaissance de ce qui est fait en club. Il faut surtout penser aux temps de récupération. En période estivale, si on ne prend pas en compte cette période de récupération, on va surchauffer même si on ne fait pas grand-chose.

"Le cas d'Eden Hazard est révélateur"

Vous échangez souvent avec les joueurs, est-ce qu’ils disent qu’ils n’en peuvent plus des cadences?

Par exemple, on va prendre le cas de Eden Hazard. À 32 ans, il prend sa retraire après une belle carrière où il a joué entre 50 et 70 matchs par saison, c’est énorme. Avec de la fatigue physique et de la fatigue mentale. Jouer tous les 3 jours, les déplacements, les voyages, l'avion, rentrer tard le soir, la pression de la performance, la pression sociale et médiatique que peuvent avoir ces joueurs-là. Tout est lié. Si mentalement tu commences à décrocher, l’aspect athlétique va suivre. Le cas d'Eden Hazard est révélateur de ça, mais à grande échelle, sur une carrière. Et sur une saison c’est pareil, si tu charges trop ton joueur, à la fin de la saison il va être épuisé et va subir des blessures de fatigue.

Les petites blessures que l’on voit depuis plusieurs semaines chez les internationaux, c’est le résultat d’une année folle?

Ce qui est important, c'est de dissocier des blessures de contact et les blessures musculaires. Dans une grande proportion, les blessures musculaires témoignent souvent d'une fatigue, d'une surcharge. Personnellement, je n’observe pas plus de blessures musculaires que les années précédentes. Pour l’instant, il y a très peu de retour d’expérience pour effectuer des comparaisons. On arrive toujours à une période en octobre-novembre où les terrains sont plus difficiles, où tu as de la fatigue après trois mois de compétition. Les calendriers sont bien remplis avec la Coupe d’Europe. Mais je peux dire que le championnat à 18 équipes, c’est très très positif pour les joueurs. C’est un changement énorme par rapport aux autres saisons avec quatre matchs de moins, c’est capital pour le physique.

Article original publié sur RMC Sport