Dominique Reynié : « On ne peut pas dire qu’un parti est antisémite et ensuite s’y rallier »

Jordan Bardella et Marine Le Pen sur une affiche du Rassemblement national pour les élections législatives du 30 juin 2024.  - Credit:Adil Benayache/Sipa
Jordan Bardella et Marine Le Pen sur une affiche du Rassemblement national pour les élections législatives du 30 juin 2024. - Credit:Adil Benayache/Sipa

Le premier tour des législatives marquera un tournant dans notre vie politique. La dissolution, censée clarifier la situation, n'a pas produit les effets escomptés. Pire, elle pourrait bien déboucher sur une crise plus grave encore. Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), mène depuis des années des études sur la tectonique des plaques politiques à l'œuvre en France et en Europe.

Aujourd'hui, il est inquiet. Que restera-t-il après l'effondrement des partis traditionnels, quels scénarios possibles pour l'avenir politique de la France ? Il livre son analyse au Point, à l'occasion de la publication d'une note sur le grand désarroi des Français dans l'entre-deux-tours.

Le Point : Comment qualifier et expliquer cette incroyable progression du Rassemblement national ?

Dominique Reynié : Le RN a obtenu plus de 9 millions de suffrages, un chiffre jamais atteint auparavant au premier tour d'une élection aussi importante. C'est plus que le score de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle. Si on compare avec le premier tour des législatives de 2022, où le RN faisait environ 4 millions de voix, c'est plus du double.

Bien sûr, c'est un effet de la très forte mobilisation, mais cela confirme que, parmi les abstentionnistes, il y avait des électeurs du RN et ils sont venus voter cette fois-ci. De plus en plus de Français sont disposés à voter RN. Avant, on mesurait un électorat potentiel à travers les enquêtes d'o [...] Lire la suite