Coupe du monde de rugby: au cœur de la préparation des Portugais dans leur camp de base de Perpignan

Coupe du monde de rugby: au cœur de la préparation des Portugais dans leur camp de base de Perpignan

Les 33 joueurs et le staff portugais ont posé leurs valises à Perpignan dans les Pyrénées-Orientales. Petite nation du rugby, ce n'est que la deuxième fois de son histoire que le Portugal participe à une Coupe du monde. Avant leur premier match, samedi contre le Pays de Galles, RMC Sport a passé une journée entière avec les "Los Lobos" (les loups).

9h20, au Parc des sports de Perpignan, le car, aux couleurs du Portugal, arrive, protégé par tout un service de sécurité: "On n'a pas l’habitude d’être escorté par quatre voitures de police. Même à l’hôtel, il y a une brigade de déminage, quatre gars du GIGN et un gendarme qui nous protègent. C’est impressionnant", lâche Mike Tadjer, talonneur franco-portugais de 34 ans. A bord du bus, Mike sort dans les premiers, grosse enceinte dans les mains. Il connaît bien les infrastructures où l'équipe s'entraîne car il a joué pendant deux saisons à l'USAP (Union Sportive Arlequins Perpignanais). C'est presque une Coupe du monde à la maison pour lui: "C’est particulier. Je suis heureux d’être là. Je sens l’engouement de la part des supporters portugais ou même de l’USAP."

Du monde amateur à la Coupe du monde

Tout le monde arrive à l'entraînement avec le sourire. Direction les vestiaires avant d'aller sur la pelouse pour les arrières et à la musculation pour les avants. Sur le terrain numéro 2 du Parc des sports, la séance est studieuse et supervisée par Patrice Lagisquet, ancien joueur français et sélectionneur de l'équipe nationale du Portugal depuis 2019. Au bord de la pelouse, il échange avec son staff en anglais et parle en français avec une grande partie de ses joueurs (certains sont franco-portugais). Quand pendant, ce temps, dans la salle de gym, la musique est à fond, et les joueurs enchaînent les exercices: squats, chaise, développés couchés... Le tout dans la bonne humeur, avec le sourire et quelques pas de danse par-ci par-là pour certains.

Pourtant, la pression du match d'ouverture commence à monter. Une fois la séance terminée, Joao Mirra, coach assistant, Manuel Cardoso Pinto, ailier de 25 ans et Rafael Simoes, 3ème ligne de 31 ans, arrivent en conférence de presse. Face à eux, deux journalistes portugais et RMC Sport. Et tous les trois le disent: "On est anxieux à l'idée que la compétition commence". Joao Mirra a surtout "envie de tester ses joueurs et voir s'ils sont capables de jouer à ce niveau-là". Car dans l'équipe, la moitié des rugbyman sont amateurs. C'est le cas de Manuel. En dehors il est responsable commercial et Rafael est designer 3D: "Jusqu'au niveau sénior, le rugby était un hobby. Mais tous les efforts que l'on a fourni depuis tout petit sont récompensés". Car pour cette Coupe du Monde, tous les joueurs de l'équipe sont salariés de la Fédération Portugaise de rugby, une première et une belle avancée.

"Montrer que le Portugal a sa place dans le rugby mondial"

A leur hôtel, la Villa Duflot, à seulement quelques minutes en voiture de leur centre d'entraînement, l'ambiance est très calme. Tout le monde est dans sa chambre et se repose. "Quand on a plus de temps entre les séances, on joue au ping-pong, on fait des jeux de cartes, on va à la piscine, c'est une micro colonie de vacances", sourit Mike Tadjer, en short, t-shirt et pieds nus au bord de la piscine. Lui d'ailleurs nous accorde une dizaine de minutes d'interview à défaut de se reposer. Le moment de parler longuement de cette Coupe du monde, sûrement le dernier grand événement de sa carrière avant de prendre sa retraite. Alors, forcément, il a hâte que ça commence et de profiter du moment: "On a envie de montrer que Portugal a sa place dans le rugby mondial, montrer que l'on sait jouer, montrer à tout le monde que l'on peut batailler avec le haut du panier." Ce n'est que la deuxième fois que le Portugal participe à une Coupe du Monde, après 2007. A cette époque, l'équipe avait subi une lourde défaite face aux All Blacks (108-13): "Ça serait mentir de dire que l'on n’a pas peur de prendre ce genre de scores. La peur fait avancer dans ces moments-là. Si on pense que ça va suffir de jouer avec l’envie c’est se mentir à nous-même."

Réveillé de sa sieste pour venir témoigner au micro de RMC Sport, Vincent Pinto, l'ailier de 24 ans, a énormément de fierté de porter le maillot du Portugal, pays natal de son papa: "Jusqu’à maintenant on réalisait pas trop ce que l'on préparait. On était dans notre coin. Mais ce week-end on a regardé tous les matchs à la télévision, on a vu tous les supporters dans les stades. L'équipe s'est rendue compte que ça allait être dur."

"On rêve de créer l'exploit mais..."

Vincent Pinto, qui évolue à Colomiers en Pro D2 et qui a été champion du monde avec les U20 de l'équipe de France, est l'un des plus expérimenté de cette sélection: "Pour les joueurs qui n'ont pas l'habitude de jouer dans des stades pleins, il peut y avoir des maladresses. Alors, nous, les joueurs expérimentés, on doit prendre la pression pour que les autres jouent libérés."

Dans leur poule, Los Lobos joueront le pays de Galles, l'Australie, les Fidji et la Géorgie. Des adversaires plus forts qu'eux: "On a envie de créer l'exploit, on en rêve. Mais entre le rêve et la réalité, il y a tout un monde. On verra bien, mais on ne va pas se mettre une pression de résultat. Le plus important c'est que notre équipe exprime son talent, montrer notre enthousiasme pour le jeu et avoir le soutien du public", estime Patrice Lagisquet, le sélectionneur. Il est à la tête de cette équipe depuis 2019 et être à ce mondial c'est déjà un énorme exploit pour le rugby portugais: "C'est une reconnaissance du travail effectué et ça montre la qualité de la formation portugaise. J'espère qu'il y aura un tremplin, que ça permettra à la Fédération de professionnaliser ce sport. Et permettra aussi d’attirer plus de monde."

Dans son histoire, l'équipe nationale n'a jamais gagné un match en Coupe du monde./ Forcément, cette année, les joueurs ont envie de marquer les esprits. "Une belle Coupe du monde, ce serait gagner trois matchs, aller en quart au Vélodrome comme je suis un supporter de l'OM et je peux mourir tranquille, rigole Mike Tadjer. Plus sérieusement, notre plus grand rêve, c'est de gagner un match, de faire de belles prestations." "Pour moi, ça serait marquer un essai voire plus et faire de bons matchs et collectivement donner une belle image du Portugal et donner envie aux jeunes de jouer", enchaîne Vincent Pinto. Avant de partir en séance vidéo pour préparer le premier match, Patrice Lagisquet rappelle "que c'est la réalité du terrain qui parlera".

Article original publié sur RMC Sport