Climat, violences urbaines, Russie... Les menaces auxquelles les gendarmes se préparent à un an des JO de Paris 2024

Des semaines sous tension. Dans moins d'un an, la sécurité des Jeux olympiques sera l’un des éléments les plus importants pour juger de la réussite de cet événement planétaire. Depuis des mois, l’ensemble des forces de l’ordre travaille et prépare ce rendez-vous planétaire en collaboration avec les équipes de Paris 2024. Les premiers "test event" ont permis d'évaluer le plan de sécurité, comme à Marseille pour la voile et à Paris avec le triathlon.

RMC Sport et BFMTV se sont procurés une note d’alerte datée du 21 août 2023 et diffusée par la gendarmerie nationale via la sous-direction de l’anticipation opérationnelle, le service de renseignement de la Gendarmerie nationale française. Celle-ci confirme que les forces de l'ordre anticipent la possibilité d'incidents de plusieurs natures pendant les JO.

"Cet événement, fortement médiatisé et gage de l’image de la France à l’international, est susceptible de faire l’objet d’actions terroristes, cyber, criminelles ou de la part des mouvances de subversions violentes (ultradroite, ultragauche, écologisme radical, contestation sociale) en quête de visibilité médiatique", explique ainsi la note.

Un accroissement probable des activités illicites

Dans ce document de dix pages, la gendarmerie nationale dresse un portrait de la situation connu depuis plusieurs semaines. L’ensemble des menaces est commenté par les services de la sous-direction à l’anticipation opérationnelle.

En ce qui concerne la menace terroriste, les services estiment que celle-ci "pourrait être constituée notamment par des individus souffrant de troubles psychologiques, sans ancrage idéologique. Influencés par les discours propagandistes et anti-blasphématoires, leur éventuel passage à l’acte violent est difficilement prévisible".

Une menace plus quotidienne est mise en avant par les gendarmes, la menace de nature criminelle. Avec la possibilité de vols, de trafics et de fraudes lors des Jeux de Paris.

"La forte augmentation de la population entraînera certainement un accroissement des activités illicites", explique cette note.

Autre menace, le côté cyber. Plusieurs catégories de "cibles cyber" sont identifiées par les gendarmes. Les sites sportifs, les acteurs économiques ou encore les délégations sportives, comme le détaille la note. "Des campagnes de désinformation visant des équipes, vol de données confidentielles, déstabilisation par attaques des lieux de vie (hôtellerie, restauration)", peut-on y lire.

La note voit ainsi comme quasi acquise la perspective d'une attaque contre les Jeux de Paris.

"La question n'est pas de savoir si l'évènement va être attaqué mais de savoir quand et comment (…) il est plausible qu'un ou plusieurs systèmes d'information concourant à l'organisation des JOP2024 soient déjà compromis et permettent à terme de lancer une attaque potentiellement coordonnée sur plusieurs sites", prédit-elle.

Le risque d'une menace contestataire importante

Mais la plus grande partie de cette note d’alerte est consacrée à la menace contestataire. Les autorités de gendarmerie craignent ainsi que les Jeux de Paris servent "de vitrine à la commission d’actions diverses dans le cadre de contestations sociales et sociétales".

"Certains sponsors (Airbnb, Alibaba, Coca-Cola, CMA-CGM, Orange, EDF, Visa, ...) sont déjà ciblés par des activistes écologistes ou d’ultragauche. Des dégradations ou des blocages de sites pourraient être organisés par des militants", y explique-t-on.

Plusieurs groupes ou collectifs sont ainsi particulièrement surveillés par les services auteurs de cette note d'alerte, qui s'appuient sur des exemples récents. "Le 17 septembre 2022, des membres du collectif anti-JOP 'Saccage 2024' et le groupe 'XR' (Extinction Rébellion, ndlr) ont mené une action conjointe au Golf national de Guyancourt, en pénétrant sur le parcours et en dégradant le gazon. Ils ont également apposé des pancartes comportant des messages hostiles à la pratique du golf et aux JOP 2024 (…) A l’instar de la contestation écoradicale XR et SLT via la multiplication des dégradations à l’endroit des practices de golfs, l’arrosage des pelouses de certains sites (golf national, équitation, foot, rugby) pourrait être ciblé".

Les gendarmes craignent également que les équipes de bénévoles soient infiltrées par des éléments contestataires. "'Saccage 2024' appelle ses partisans à s’inscrire en tant que bénévoles afin de se désister au dernier moment (perturbation de l’organisation) ou de saboter de l’intérieur l’évènement", expliquent-ils. 45.000 bénévoles seront désignés sur les 300.000 candidatures reçues. Toutefois, selon nos informations, ce type d'action n'est pas le plus redouté par les autorités, qui craignent plus les infiltrations d'éléments violents. Sur ce point, l'organisation prévoit de réaliser un criblage des postulants, ce qui devrait limiter les personnes malintentionnées.

Enfin, RMC Sport avait dévoilé en mai dernier un document envoyé aux préfets par le ministère de l’Intérieur avec une description de l’ensemble du dispositif de sécurisation du relais de la flamme olympique et des différentes "villes étapes". Ce parcours de la flamme est aussi évoqué dans cette note d’alerte.

"Le relais de la flamme olympique, en mobilité à travers l’Hexagone et territoires ultramarins, apparaît comme une cible médiatique potentielle de choix pour les opposants aux JO, à l’instar d’une vidéo 'tuto militants' intitulée 'Comment éteindre la flamme olympique', publiée le 26 juin dernier par ‘SACCAGE 2024’", complète cette note.

La crainte de violences urbaines

Enfin les services de gendarmerie évoquent une autre menace: celle des violences urbaines qui "pourraient à nouveau survenir suite à un évènement particulier, ce qui impacterait la réponse capacitaire des forces de sécurité intérieures mobilisées sur la sécurisation des JOP 2024". Les émeutes ayant suivi la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier, avaient en effet particulièrement éprouvé les forces de l'ordre, mobilisées en grand nombre pendant plusieurs nuits consécutives.

La note évoque enfin le contexte international difficile et d'éventuelles actions en lien avec "le soutien de la France à l'Ukraine dans le cadre du conflit l'opposant à la Russie", ainsi que "les conflits israélo-palestinien et kurdo-turc", qui "demeurent des sujets de contestation, notamment communautaires, pouvant impacter les délégations".

Article original publié sur RMC Sport