SpaceX : l’explosion de la fusée Starship n’était pas le pire

ESPACE - Une explosion à 30 km d’altitude et quatre minutes après son décollage, voilà comment a terminé Starship, la plus grande fusée jamais construite. Celle-ci a rencontré des anomalies durant le vol, forçant SpaceX à activer la commande d’auto-destruction. Malgré le destin funeste de Starship, SpaceX considère le vol de sa fusée comme une réussite, ce qui est loin de faire l’unanimité.

Ce n’est pas tant l’explosion qui fait débat mais plutôt les conséquences du décollage d’un point de vue environnemental, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en haut de l’article. Plusieurs associations ont d’ailleurs annoncé le 1er mai poursuivre en justice le régulateur aérien américain (FAA). Elles l’accusent d’avoir mal évalué l’impact environnemental de Starship.

Débris au décollage

Le décollage en lui-même a fait l’objet de critiques de la part des habitants de Port Isabel, une ville texane située à une dizaine de kilomètres de la base de lancement. Comme le rapporte le New York Times, les voitures et maisons de résidents ont été recouvertes d’une couche de poussière. La division de gestion des urgences du comté a néanmoins confirmé dans un post Facebook que cette poussière était « du sable et de la terre provenant du site de lancement de SpaceX, qui ont été soulevés dans les airs par la force du décollage. »

Le juge du comté Eddie Treviño Jr. a tout de même ordonné la fermeture de la plage de Boca Chica et une partie de l’autoroute State Hightway 4 jusqu’à 14h au lendemain du décollage de Starship « dans le but de protéger la santé et la sécurité publiques lors des efforts de nettoyage des anomalies ».

Le pas de tir de la fusée n’a pas non plus été épargné. Il a été partiellement détruit par la puissance des moteurs de l’engin, faisant voler débris et morceaux de béton. Un profond cratère a également été creusé en dessous de l’infrastructure, selon des images publiées par des spécialistes sur les réseaux sociaux.

Risques pour la biodiversité

L’autre enjeu environnemental concerne la biodiversité. « L’aire de lancement se trouve à côté d’habitats d’espèces protégées », a déclaré dans un communiqué le Center for Biological Diversity, en soulignant que le test avait « aspergé les alentours de particules » fines. Parmi ces espèces se trouve l’ocelot (un félin), le pluvier siffleur (un oiseau) ou encore la tortue de Kemp, une espèce menacée dont la plage de Boca Chica est l’un de ses derniers lieux de nidification.

L’organisation a également dénoncé la pollution sonore et lumineuse liée à la base spatiale, ainsi que les départs de feu causés. Le vol d’essai du 20 avril a causé un incendie d’environ 1,5 hectare dans le parc régional de Boca Chica, au sud de l’aire de lancement, selon les services fédéraux de protection de la faune (Fish and Wildlife Service).

« Les conséquences du décollage incluent de nombreux morceaux de béton, plaques en acier, métaux et autres objets projetés sur des centaines de mètres, et un nuage de béton pulvérisé a déposé de la matière » jusqu’à plus de 10 km au nord-ouest du pas de tir, ont détaillé les services fédéraux.

Si aucun animal n’a été retrouvé mort sur les terres gérées par ces services, le Center for Biological Diversity considèrent que les mesures prises par SpaceX « ne sont pas suffisantes pour empêcher le programme de vol de causer des dégâts environnementaux importants ».

Ce sont pour toutes ces raisons que le Center for Biological Diversity ainsi que plusieurs associations ont porté plainte contre la FAA. Quant au prochain décollage de Starship, il pourrait avoir lieu d’ici plusieurs mois. Le régulateur aérien américain a immobilisé le véhicule le temps qu’une enquête soit effectuée. Celle-ci doit permettre de comprendre les anomalies survenues lors du vol test de la fusée.

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