Sortie cinéma : « The Bikeriders » avec Tom Hardy ne va pas vous donner envie de rejoindre un club de motards

Universal Pictures
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CINÉMA - Préparez-vous à enfiler votre blouson en cuir et à enfourcher votre bécane. À vos risques et périls. The Bikeriders sort au cinéma ce mercredi 19 juin. Il invite les spectateurs au sein d’un groupe de motards menés par Tom Hardy alias Johnny, et Austin Butler alias Benny. Le long-métrage de Jeff Nichols offre une vision démystifiée du « club de bikers ». Vous aurez peut-être envie de passer votre permis moto, mais probablement pas de vous inscrire au club du coin.

The Bikeriders est l’adaptation libre du livre éponyme de photos et de témoignages de Danny Lyon publié pour la première fois en 1968. Dans son nouveau film, Jeff Nichols (Mud) nous invite à oublier momentanément le plus mythique des films de motards, j’ai nommé Easy Rider. Et nous offre une perspective très différente de celle que proposent habituellement le cinéma et la télévision sur les « riders ». Plus touchante, plus trash, moins glamour aussi.

Le tout premier élément qui change radicalement le point de vue classique sur les clubs de riders est la narration. Elle suit le fil de plusieurs interviews que le photo-journaliste Danny réalise et notamment celles de Kathy, durant plusieurs années et époques. C’est donc à travers le regard d’une femme que nous entrevoyons la plupart du temps les évènements, et ça change presque tout. Au départ effrayée par les motards franchement rustres, Kathy, incarnée par l’éblouissante Jodie Comer, tombe sous le charme de Benny, tête brûlée aux grand yeux bleus joué par Austin Butler. Mais ce qui commence comme un conte de fées (dans lequel le carrosse est une grosse cylindrée) vire relativement rapidement au drame.

Tout en faisant sa lessive dans une laverie ou le café dans sa cuisine, Kathy raconte tout. Le drôle et le touchant, comme le triste et le terrifiant. Elle n’est pas « hypnotisée » par les bécanes, et voit surtout les failles des hommes qui les bichonnent. Leur solitude, leurs paradoxes et leur obsession qui s’expriment parfois au péril de leur vie.

Le grand retour de Tom Hardy

Autre élément qui fait de The Bikeriders un film de motards différent : le personnage de Tom Hardy. Il incarne Johnny, fondateur et président du club des Vandals de Chicago. Père de famille et chauffeur routier de son état, il ne correspond pas vraiment au cliché « classique » du leader de bande de motards. Très loin de Clay Morrow (Ron Pearlman) dans Sons of Anarchy par exemple.

Depuis Venom 2 en 2021, Tom Hardy n’était pas apparu sur grand écran. Et l’acteur britannique a soigné ce retour comme il l’a expliqué à Variety : « Quand vous pensez aux films de bikers, vous imaginez du cuir, un truc sexy, de la super musique, des beaux cheveux. Et ça aurait été le choix évident de le jouer juste comme ça. Pour quelqu’un comme moi, le choix évident c’était donc d’aller à l’opposé de ça. Ce type (Johnny) est un clown triste. »

Il a donc choisi de donner à Johnny une voix « un peu ridicule, façon Bugs Bunny ». Il incarne un leader plein d’insécurité, de doutes, qui souffre d’un criant besoin de reconnaissance, d’appartenance à un groupe. Un chef charismatique malgré lui, et rapidement dépassé par ce qu’il a créé.

La violence des « gangs » de bikers

Car The Bikeriders montre aussi ce qui se passe parfois derrière la passion pour les engins à deux roues et l’apparente solidarité : la brutalité et la loi du plus fort. Plus les Vandals s’agrandissent et donnent naissance à de nouvelles antennes locales, moins l’ambiance y est bon enfant. Les feux de camp et les fêtes très alcoolisées continuent, mais la violence y est étouffante. Le film de Jeff Nichols dévoile la métamorphose lente mais inévitable d’un groupe de passionnés, en une bande de criminels. Et celle du groupe de mordus de moto, en gang de bikers.

Derrière la peinture rutilante des carrosseries, il y a de la rouille. Le personnage de Benny, figure illustrant le fantasme du motard tel qu’il apparaît dans l’imaginaire traditionnellement, n’est pas épargné non plus.

Au début du long-métrage on avait bien envie nous aussi, comme Kathy, d’enfiler un blouson des Vandals pour filer sur la route, accroché derrière Benny, Cal ou Zipco. Mais à la fin du film, cette pulsion nous a définitivement quitté.

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