La sortie au cinéma du film « La Salle des profs », met en valeur des personnages qui sont tous des antihéros

Leonie Benesch, ici dans le film « La Salle des profs ».
Copyright Alamodefilm Leonie Benesch, ici dans le film « La Salle des profs ».

CINÉMA - Ce qu’il se passe dans la salle des profs n’y reste pas toujours. N’en déplaise à Carla Nowak, héroïne du film dramatique allemand de İlker Çatak La salle des profs (Das Lehrerzimmer, en version originale). En lice pour le titre du meilleur long-métrage étranger aux Oscars, il arrive sur nos écrans, en France, ce mercredi 6 mars.

Carla Nowak (Leonie Benesch, dans le film) est une jeune enseignante en maths et EPS récemment arrivée dans une école du secondaire, en Allemagne. Le niveau est bon. Les élèves, eux, plutôt sympas et coopératifs. Et pourtant, un climat de suspicion règne dans le corps professoral. En cause : des vols à répétition.

Dans cette école, où l’on dit appliquer une politique de « tolérance zéro », une procédure humiliante contre un élève d’origine turque interroge Carla. Les enfants sont-ils à l’origine de ces vols ? Pour prouver le contraire, elle décide de laisser la caméra de son ordinateur filmer la salle des profs.

Découvrez ci-dessous la bande-annonce :

Lorsqu’elle découvre, de retour à sa place, que des billets ont disparu de son portefeuille, l’enseignante exhume la vidéo. Sur les images, un bras apparaît. À son chemisier, elle pense avoir identifié la personne : la secrétaire du collège. Celle-ci nie, mais est mise à pied temporairement.

Une héroïne ambiguë

Le doute s’installe, notamment chez Carla qui prend une succession de mauvaises décisions. Des conflits plus profonds surgissent et la situation embrase vite tout l’établissement, des élèves jusqu’aux profs, en passant par les parents.

S’il est possible de comprendre les motivations des uns et des autres dans leurs actions, il est toutefois très difficile d’avoir de la peine pour qui que ce soit. Chaque personnage de ce film est un antihéros plein d’ambiguïtés. Et rien ne nous les rend sympathique. Certainement pas leur vie privée, que le réalisateur a délibérément choisi de ne pas nous montrer dans ce huis clos oppressant.

« Que Carla Nowak ait un animal de compagnie ou des murs colorés dans son appartement n’a aucune importance. Le caractère d’une personne finit toujours par se révéler au moment de prendre des décisions difficiles, quand elle est sous stress ou qu’elle doit gérer des problèmes », témoigne İlker Çatak dans les notes de production.

Un casting réfléchi

Chez ses collègues, personne ne se distingue en bien. Leur volonté de faire front commun face aux élèves, malgré le risque éventuel d’accuser la mauvaise personne, trahit à la fois un esprit délétère, raciste et lâche. « Ce soin de créer un ensemble a été porté par Simone Bär, salue le réalisateur du film. Elle m’a toujours dit qu’il y avait tellement de bons acteurs et actrices que nous devions veiller à ce que personne ne se démarque. »

C’est réussi. Chez les collégiens, aussi. İlker Çatak dit avoir fait en sorte de créer une cohésion entre eux en les poussant à être attentifs à ce qui se passait sur le plateau et à ce qui arrivait aux uns et aux autres.

Leur attitude à faire bloc est aussi révélatrice que celle des enseignants. Ce n’est pas une critique du système éducatif, prévient le réalisateur. Avant de conclure : « Tous les personnages luttent pour avoir raison. Et c’est simplement un reflet de la société. Il suffit d’allumer la télévision pour voir que c’est l’unique sens du débat. »

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