SOPK ou syndrome des ovaires polykystiques : symptômes, traitement… ce qu’il faut savoir de cette maladie

Maladie hormonale qui concerne environ une femme sur dix, le SOPK est la première cause d’infertilité chez la femme jeune.
Malorny / Getty Images Maladie hormonale qui concerne environ une femme sur dix, le SOPK est la première cause d’infertilité chez la femme jeune.

SANTÉ - « J’ai deux garçons en bonne santé mais pendant longtemps, j’ai cru que cela ne serait pas possible parce que j’ai ce qu’on appelle le SOPK qui est une des causes d’infertilité. » Dans une vidéo diffusée dimanche 12 mai, Prisca Thevenot s’est confiée sur son syndrome des ovaires polykystiques, une maladie hormonale qui concerne environ une femme sur dix.

D’où viennent ces poils inhabituels au menton qui poussent parfois chez les femmes

Cette intervention fait suite aux annonces d’Emmanuel Macron, dans une interview publiée le 8 mai par le magazine ELLE, sur ce qu’il avait précédemment appelé le « réarmement démographique » de la France. Le président a notamment annoncé le lancement de bilans de fertilité et d’une campagne en faveur de l’autoconservation des ovocytes.

Le SOPK est la première cause d’infertilité chez la femme jeune et augmente aussi le risque de cancer de l’endomètre. Celles qui en souffrent peuvent subir des périodes d’errance médicale avant de pouvoir mettre un nom sur leur syndrome et, selon l’OMS, jusqu’à 70 % des cas ne sont pas diagnostiqués. Symptômes, traitement, impact sur la santé mentale… On fait le point sur cette maladie.

Les symptômes

Ils sont variés selon les femmes, aussi bien pour ce qui est de leurs caractéristiques que de leur niveau d’intensité.

Parmi les symptômes, on retrouve un trouble de l’ovulation, c’est-à-dire la rareté ou l’absence d’ovulations (dysovulation ou anovulation). Cela se traduit par des cycles menstruels perturbés. Il peut s’agir de règles irrégulières, imprévisibles, très abondantes, longues, ou au contraire, inexistantes. « Ces troubles provoquent une infertilité chez environ la moitié des femmes présentant un SOPK », selon l’Inserm.

L’autre grande catégorie de symptômes du SOPK est liée à l’hyperandrogénie. En présence du syndrome, « les ovaires sécrètent trop d’androgènes et particulièrement de testostérone ». Ce déséquilibre peut se traduire de plusieurs façons à partir de la puberté. Parmi ces symptômes, l’hyperpilosité, qui touche 70 % des femmes souffrant d’un SOPK. Il s’agit d’une pilosité excessive sur le visage ou le corps, en particulier au-dessus de la lèvre supérieure, sur le menton, la poitrine, dans le dos ou sur les fesses. Ce déséquilibre hormonal peut aussi s’accompagner d’une peau grasse et d’acné, ainsi que d’une alopécie – une chute de cheveux sur le sommet du crâne ou au niveau des tempes.

Par ailleurs, la prise de poids est un autre symptôme du SOPK, ainsi que la difficulté à maigrir, selon le site de l’Assurance maladie, Ameli. Les patientes sont aussi plus susceptibles d’être touchées par d’autres problèmes de santé comme un diabète de type 2, une hypertension artérielle et des maladies cardiovasculaires.

Impact sur la santé mentale

Outre les symptômes physiques, le SOPK a aussi des effets sur la santé mentale. Comme l’explique l’OMS, le syndrome « peut également être à l’origine d’une anxiété, de dépression ou d’une image corporelle négative. Certains symptômes tels que l’infertilité, l’obésité et la pilosité indésirable peuvent entraîner une stigmatisation sociale. Cette situation peut avoir des conséquences sur d’autres domaines de la vie tels que la famille, les relations, le travail et la participation à la vie de la communauté. »

En février 2024, une étude publiée dans la revue Annals of Internal Medicine établissait un lien entre SOPK et dégradation de la santé mentale. Pour étudier les effets du syndrome, les bases de données nationales taïwanaises entre 1997 et 2012 ont été analysées afin de comparer les trajectoires de 18 960 femmes de 12 à 64 ans diagnostiquées d’un SOPK, et celles de femmes non touchées par la maladie.

Le résultat était très clair : chez les adolescentes, le risque de tentative de suicide est 5,38 fois plus élevé en cas de SOPK diagnostiqué. Ce taux monte à 9,15 fois pour les adultes de moins de 40 ans, et diminue à 3,75 fois pour les adultes plus âgées. Ces évolutions peuvent s’expliquer par les changements de perception autour de la fertilité et de l’apparence physique au cours de la vie d’une femme. En conclusion de l’étude, les auteurs soulignaient « l’importance d’une surveillance régulière de la santé mentale et du risque de suicide » des personnes touchées.

Le diagnostic

Si une patiente cumule plusieurs des symptômes physiques listés plus haut, alors qu’elle n’a pas d’autre maladie entraînant la sécrétion d’androgènes, un bilan sanguin est effectué. Il permet notamment d’observer les niveaux d’hormones, parmi lesquels la testostérone ou l’hormone lutéinisante.

Comme l’explique Ameli, ce « bilan hormonal est pratiqué entre le 2e et le 5e jour du cycle menstruel. Chez les patientes qui n’ont plus de règles, celles-ci sont provoquées par un traitement à base de progestérone administré pendant 10 jours. »

Le site de l’Assurance maladie explique qu’un bilan métabolique sanguin complète le bilan hormonal, avec « un dosage de la glycémie et éventuellement l’insulinémie qui affiche des taux élevés en cas de SOPK » ainsi qu’un « bilan lipidique pour mesurer le cholestérol et les triglycérides ».

Éventuellement, le diagnostic peut être complété par une échographie abdominopelvienne transvaginale « pour détecter les ovaires polykystiques et exclure d’autres causes possibles des symptômes ». Mais cette étape ne suffit pas au diagnostic et n’est pas toujours indispensable.

Traitement

Le SOPK est incurable et le traitement est uniquement symptomatique. « Il repose sur une amélioration de l’hygiène de vie, un traitement médicamenteux en cas d’hirsutisme et/ou d’infertilité, et un accompagnement psychologique lorsque cela s’avère nécessaire », explique l’Inserm.

Côté hygiène de vie, une alimentation équilibrée et une augmentation de l’activité physique sont recommandées pour les patientes en situation de surpoids. Cela permet de « réduire l’hyperandrogénie et ses symptômes », selon Ameli, en plus d’avoir « un retentissement positif sur le risque de complications métaboliques associées au SOPK, et notamment une diminution du risque de développer un diabète de type 2 ».

Côté traitement médicamenteux, une pilule contraceptive œstroprogestative peut permettre de réguler les cycles menstruels, diminuer l’acné, l’hyperpilosité et la chute des cheveux. « D’autres médicaments permettent de réduire l’acné ou la pilosité indésirable causée par le SOPK », précise l’OMS.

En cas d’infertilité et de désir d’enfant, plusieurs traitements peuvent être envisagés, comme la stimulation ovarienne, la chirurgie ovarienne par « drilling », ou, en dernier recours, la fécondation in vitro.

Si vous pensez être atteinte d’un SOPK, parlez de vos symptômes à votre médecin.

À voir également sur Le HuffPost :

« J’ai des problèmes de fertilité et j’aimerais pouvoir en parler sans honte ni culpabilité » - Témoignage

Pour le « réarmement démographique », l’Élysée envisage un bilan de fertilité remboursé à 25 ans