Le gouvernement s'en prend aux anti-vaccins

Neuf parents sur dix continueraient à faire vacciner leurs enfants si la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite n'était plus obligatoire, selon un sondage de BVA publié mercredi pour l'association E3M, critique face aux vaccins. /Photo d'archives/REUTERS/Karoly Arvai

PARIS (Reuters) - Le gouvernement travaille à lutter contre la désinformation propagée sur les réseaux sociaux par les anti-vaccins dans un contexte de baisse "inacceptable" du taux de vaccination, a déclaré mercredi Agnès Buzyn, la ministre de la Santé. "Nous sommes dans l'irrationnel le plus total. Nous travaillons aujourd'hui à lutter contre les réseaux sociaux et à lutter contre la désinformation", a-t-elle expliqué à l'Assemblée nationale lors des questions au gouvernement. Les associations anti-vaccination se font entendre depuis que le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé, lors de son discours de politique générale le 5 juillet, que huit nouveaux vaccins seraient obligatoires pour les mineurs dès 2018. Les opposants ont accusé les vaccins, le plus souvent sans preuve scientifique, de ne pas être adapté aux jeunes enfants, de causer l'autisme ou encore de ne pas être sûrs. L'association Autisme Vaccination, qui dit réunir près d'une centaine de familles, prépare ainsi une action de groupe contre quatre laboratoires pharmaceutiques dont les produits seraient responsables, selon elle, d'une recrudescence des cas d'autisme chez les enfants, ce qui n'a pas été prouvé par la science. SANS OBLIGATION LE TAUX DE VACCINATION BAISSERA Agnès Buzyn a défendu cette mesure. "Ce n'est pas mon tempérament d'être coercitive mais en matière de vaccination je suis obligée de vous proposer de passer par là, parce que le taux de couverture des vaccins non obligatoires est en train de se réduire", a expliqué l'ancienne médecin. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un taux de vaccination de 95%. Selon les chiffres de la ministre, la couverture est de 80% pour la rougeole et de 70% pour les méningites. "C'est inacceptable. S'il n'y avait pas d'obligation, nous savons que le taux de couverture baisserait à cause de ces réseaux sociaux et à cause de cette désinformation", a-t-elle alerté. Des associations ont pointé le rôle supposé de l'aluminium comme adjuvant qui provoquerait des lésions musculaires. "(Les adjuvants) ne sont pas nocifs pour la santé, les rapports le montrent", a répondu la ministre, mettant en avant que la science avait un recul de 90 ans et de plusieurs centaines de millions de personnes vaccinées depuis que les vaccins existent. Parmi ces associations, E3M a commandé un sondage publié mercredi par BVA qui montre que neuf parents sur dix continueraient à faire vacciner leurs enfants si la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite n'était plus obligatoire. Parmi les 10% de parents qui continueraient à ne pas faire vacciner leurs enfants, pour près de six sur dix ce serait par peur de risques potentiels, notamment liés à de possibles effets secondaires, indique l'institut. En outre, près d'un de ces parents sur trois s'oppose au principe de la vaccination, et 16% éprouvent de la méfiance vis-à-vis du "système", notamment parce que, selon eux, la vaccination "ne sert qu'à enrichir les laboratoires pharmaceutiques" et la "magouille politicienne". Le sondage de BVA a été réalisé en ligne entre les 8 et 12 juillet, auprès d'un échantillon de 1.001 personnes représentatif de la population française des parents d'enfants de moins de 15 ans. (Cyril Camu, édité par Yves Clarisse)