"Ce soir, on va encore prendre cher": un policier témoigne de la violence des émeutes

"Ce soir, on va encore prendre cher": un policier témoigne de la violence des émeutes

Florian a plus de vingt ans d'expérience dans la police. Affecté un temps en région parisienne, aux Mureaux notamment, il a "fait" les émeutes de 2005. "Là, c'est pire", tranche-t-il d'emblée. "Aujourd'hui, on est confronté à des violences gratuites, ils cassent pour casser", estime ce policier affecté à la section d'intervention d'Orléans.

La nuit de jeudi à vendredi était sa troisième nuit sur le terrain, troisième nuit de violences. "Nous sommes allés en renfort à Montargis (à une soixantaine de kilomètres d'Orléans, NDLR), ils ont brûlé une pharmacie, une trentaines de commerces ont été pillés et saccagés", détaille Florian.

"Ils s'en prennent à des écoles, à des mairies annexes qui sont là pour les habitants, c'est lamentable."

Violences "opportunistes"

Quand on lui demande ce qui a changé par rapport aux émeutes de 2005, provoquées par la mort de deux jeunes garçons à Aulnay-sous-Bois alors qu'ils tentaient d'échapper à la police, Florian évoque "l'agressivité" des auteurs des exactions. De nombreux commissariats ont été pris pour cible, incendiés, parfois pillés. Idem pour les véhicules de police.

"Autant on pourrait se dire que quand ils attaquent certains bâtiments, ils attaquent l'État, mais là on n'est plus sur de la colère d'émeutiers de quartier, ils profitent du malheur qui est arrivé à la famille de Nahel". À ces violences "opportunistes", s'ajoute une surenchère sur les réseaux sociaux qui n'existait pas en 2005. Le président de la République vient d'ailleurs de demander à TikTok et Snapchat de supprimer les contenus "les plus sensibles".

"On va vous crever"

Et dans leurs violences, ces émeutiers s'en prennent à ceux qui sont en première ligne: les policiers. "Ca fait deux nuits qu'on est dans les projectiles, déplore-t-il. Hier, on a passé la nuit sur la voie publique, on a pris des tirs de mortiers, on nous a lancé des 'on va vous crever, on va vous brûler'. En face de nous, c'est une centaine de jeunes qui pensent qu'à cramer du flic, à brûler tout ce qui passe, ça fait peur." 249 policiers et gendarmes ont été blessés sur toute la France, dans la nuit de jeudi à vendredi.

"Ils viennent vraiment au contact, ils cherchent à récupérer un collègue pour faire l'exemple", prévient ce policier orléanais.

"Beaucoup de barrages sur les routes", "Plusieurs collègues sont pris à partie, c'est le bordel", expliquent d'autres policiers dans des échanges de messages dont BFMTV a pu prendre connaissance. Le rôle des policiers est alors de sécuriser au maximum les bâtiments et les personnes. "Même les pompiers sont pris pour cible", déplore le policier du Loiret.

"En quelques minutes, ce sont des pluie de mortiers d'artifice", abonde-t-il. S'il reconnaît ressentir de la "peur" face à cette situation, il l'assure: "On continuera à être sur le terrain parce que c'est notre job, on rétablira l'ordre tant qu'on peut".

Mais "ce soir, on est conscient qu'on va encore prendre cher".

Article original publié sur BFMTV.com