« Sidaction 2024 : Monsieur le Président, vous devez parler du VIH/sida ! » - TRIBUNE

« Sidaction 2024 : Monsieur le Président, vous devez parler du VIH/sida ! » - TRIBUNE (photo d’illustration)
BSIP / Universal Images Group via Getty « Sidaction 2024 : Monsieur le Président, vous devez parler du VIH/sida ! » - TRIBUNE (photo d’illustration)

TRIBUNE - Alors que le Sidaction 2024 démarre ce vendredi pour sa trentième édition, il est indispensable qu’Emmanuel Macron s’empare de ce sujet de santé publique majeur. Lundi, le président de la République sera en Guyane, département français le plus touché par l’épidémie du VIH/sida. Au sein de ce territoire, plus de 1 % de la population vit avec le VIH et, chaque année, toujours autant de personnes séropositives sont diagnostiquées positives à un stade avancé (plus de 30 %). Pourtant il est fort à parier que le Président ne parlera pas du sida.

Même si les chiffres sont moins impressionnants en métropole, l’épidémie connaît une réelle stagnation sur tout le territoire français, qui rend de moins en moins probable l’objectif de l’ONUSIDA, une fin du sida d’ici 2030. Que ce soit en Guyane ou en métropole, la cause de ce non-recul de l’épidémie est similaire : un manque cruel de parole publique et de communication.

La cause du non-recul de l’épidémie reste un manque cruel de parole publique et de communication

En effet le sida est un virus qui se combat d’abord et en premier lieu par la prévention et donc par la communication. Ce sont les mots et les messages de prévention qui vont inciter les personnes à franchir la porte des laboratoires de biologie médicale, lesquels, depuis 2022, effectuent tous des tests gratuits et sans ordonnance. Si les associations ainsi que toutes les personnes engagées sur le sujet font leur maximum pour sensibiliser la population, à l’image de ce Sidaction qui démarre, l’État, qui a la capacité de toucher tout le monde et en tout temps, ne remplit pas son rôle.

Si toutes les personnes séropositives sont dépistées et mises sous traitement, la fin du VIH/sida est possible, et cela en quelques années. Seulement, le gouvernement doit s’en donner les moyens. Pourquoi ne pas envisager de grandes campagnes de prévention, des clips de prévention sur un temps plus long qu’une journée ou qu’un week-end ? Au niveau législatif, pourquoi ne pas légiférer sur des rappels de dépistage conseillés régulièrement tout au long de la vie ?

Ce manque d’implication et de communication de la part des autorités est d’autant plus frustrant qu’elles ont su le faire durant la crise du Covid19. Jamais, sur une période aussi courte, et certainement à juste titre, nous n’avions vu autant de messages de prévention à la télévision, à la radio sur les réseaux sociaux et dans les médias. Ce moment nous a bien démontré qu’une épidémie se combattait efficacement par la communication et que l’État était l’acteur le mieux placé pour le faire.

Oui, « le sida se soigne aussi par la politique »

Une parole forte de l’État et un réel engagement sont aussi attendus sur un autre sujet, le chemsex. Lié au VIH/sida par les pratiques sexuelles à risque qu’il peut entraîner, le chemsex fait des ravages dans la plus grande indifférence des autorités de santé. Dernier drame en date après la très médiatisée « affaire Palmade », deux nouveaux morts à Bordeaux. Combien de morts et de contaminations faudra-t-il pour que l’État réagisse et applique enfin le rapport qui lui a été rendu par le Professeur Amine Benyamina il y a trois ans de cela ?

Le Sidaction est chaque année un moment essentiel pour parler du sida, des discriminations qui lui sont associées et d’encourager à donner pour la recherche. Malheureusement ce moment a lieu une fois par année et ne peut remplacer le rôle de l’État. Le sida a tué pas moins de 38 millions de personnes et continue de tuer près de 700 000 personnes dans le monde chaque année. Il mérite toute la communication, la prévention et l’engagement politique nécessaire pour en finir. Car oui, « le sida se soigne aussi par la politique ».

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