Séverine Ferrer : "À l'époque, on n'avait pas conscience du succès que "Fan 2" allait avoir... Que ça allait marquer autant"
Séverine Ferrer grandit à La Réunion, où elle lance sa carrière artistique. Après avoir tourné dans plusieurs séries, elle devient animatrice de l'émission "Fan de" sur M6, en 1997, où elle reçoit les plus grandes stars. Aujourd'hui comédienne en tournée à l'affiche de la pièce "À quel prix tu m'aimes ?", elle a accepté de revenir sur son parcours pour Yahoo dans "Inoubliable".
Séverine Ferrer n'est pas une enfant de la balle, mais une autre expression française lui conviendrait tout à fait : elle est tombée dedans quand elle était petite. Née à Montpellier, elle grandit à La Réunion : "J'ai commencé la danse à 4 ans. Quand j'écoute mes parents aujourd'hui, quand ils me racontent ce que je faisais à l'âge de 3 ans devant mon écran, je reproduisais toutes les chorégraphies..." raconte-t-elle face à la caméra de Yahoo. En effet, la télévision a toujours fasciné Séverine Ferrer, attirée dès le plus jeune âge par le monde du spectacle. "Je ne savais pas comment j'allais y arriver, mais je leur ai dit [à ses parents ; ndlr] : 'Je vais être là-dedans.' Donc dans cette petite boîte noire qu'était le téléviseur." Motivée par des modèles d'enfants-stars américains comme Shirley Temple, Will Smith, ou encore Britney Spears par la suite, la fillette est une touche-à-tout que ses parents soutiennent volontiers : "J'avais vraiment envie de faire ça, ce n'était pas un caprice de môme. Et mes parents l'ont très vite compris, ça a été le plus beau cadeau qu'ils ont pu me faire, de comprendre que c'était une vraie vocation. Donc ils ont tout fait pour que je puisse apprendre la danse, que je prenne des cours de théâtre".
À 7 ans, elle monte sur les planches. La même année, elle est élue Mini-Miss Réunion : "C'est évidemment cette élection qui a été un énorme tremplin pour moi. Suite à ça, il y a différentes marques qui m'ont appelée, on m'a fait faire des défilés de mannequin enfant, je me produisais dans des pubs..." Elle monte aussi un spectacle, le "Baby show", et se produit lors de nombreuses avant-premières d'artistes qui se rendent sur l'île. Jusqu'au jour où Séverine Ferrer a un déclic : "On a été invités en 1991 dans "Tous à la une", l'émission de Patrick Sabatier. Et c'est là que je me suis dit 'Bah en fait, Paris, c'est là que je veux être.'"
"Je ne suis pas là pour prendre le boulot des gens, c'est hors de question"
Séverine Ferrer se voit dans la "ville lumière" et embarque ses proches avec elle. À 12 ans et demi, elle s'installe dans la capitale. "Maman travaillait mais elle avait un très modeste salaire, elle travaillait dans un salon de coiffure. Papa s'occupait de ses enfants. On n'avait pas d'appart puisqu'on vivait chez les uns et les autres, on sous-louait. On n'avait pas le choix parce que sinon, on dormait sous les ponts, c'était très compliqué." Grâce aux premiers cachets de Séverine Ferrer, sa famille peut déménager à Boulogne : "À partir de ce moment-là c'était le bonheur, on était enfin tous réunis."
Après un passage dans "Classe mannequin", "un vrai tremplin", selon elle, l'artiste en herbe décroche un rôle dans le téléfilm "L'Annamite" (1995). En 1996, elle intègre le casting de la série "Studio Sud", qu'elle décrit comme "une sorte de "Fame" à la française pour M6."
Alors qu'elle est invitée dans un programme de MCM, une chaîne concurrente de M6, Séverine Ferrer reçoit une proposition inattendue : "Le directeur de l'antenne vient me voir à la fin du plateau. Il me dit 'On aimerait que tu présentes l'émission.'" La comédienne refuse dans un premier temps : "Je ne suis pas là pour prendre le boulot des gens, c'est hors de question."
Finalement, elle accepte la proposition après concertation avec M6. Au grand désespoir du directeur d'antenne : "Il me dit 'j'ai été trop bête.' Pendant trois ans, il m'a appelée tous les ans pour me dire 'T'es toujours heureuse ?'" Au bout d'un moment, M6 réussit à la convaincre : "Thierry Bizot [alors directeur des divertissements et des magazines ; ndlr] à l'époque, me dit 'Écoute faut qu'on te trouve une émission à toi, t'as envie de faire quoi ?' Moi ce qui me plaît c'est de repérer des jeunes talents, de leur donner leur chance..." De son côté, la chaîne est intéressée par les boys band. "Fan 2" était née.
"On a réussi à trouver un compromis où c'était rencontre avec les artistes et les fans. Ça a commencé le 15 février 1997, "Fan de", et ça a duré 9 ans", explique Séverine Ferrer. Je suis fière de "Fan de", je pense que "Fan 2" me collera à la peau éternellement. Je pense que sur ma tombe, il y aura marqué "Séverine Ferrer Fan 2" (rires). C'est un vrai bonheur, c'est un travail d'équipe. On n'avait pas conscience du succès qu'on pouvait avoir et des répercussions qu'il pouvait y avoir ensuite sur toute cette génération, que ça allait marquer autant."
Un accrochage avec Éric et Ramzy
Dans "Fan 2", elle reçoit Britney Spears, Janet Jackson... :"J'étais enceinte elle m'a touché le ventre, c'était comme une bénédiction." Si elle retient de beaux souvenirs de son passage dans le programme, l'animatrice admet aussi avoir fait des rencontres professionnelles décevantes : "Tu te rends compte qu'il y a des gens qui paraissent très faussement détachés, sympa, et qui derrière, sont des vraies pourritures. Tu les vois agir, en fait."
Elle se souvient en particulier d'une interview d'Éric et Ramzy, alors qu'ils tournaient "La Tour Montparnasse infernale". "Il pleuvait, j'étais enceinte jusqu'au cou, un peu à fleur de peau, on avait installé un espèce de plateau improvisé... Ils arrivent après une heure, je commence à leur dire 'On ne vous attendait plus', je commence à faire deux-trois vannes. Et puis à un moment, Éric me regarde et me fait : 'Qu'est-ce que tu fous là, t'en as pas marre, t'es enceinte, rentre chez toi !' Et puis ils se cassent, les deux s'en vont. Le lendemain, je reçois un énorme bouquet chez M6 de leur producteur, que j'ai fait renvoyer."
Finalement, l'histoire se termine bien puisque quelques années plus tard, Ramzy vient faire son mea culpa : "On est à un événement et il vient me voir. Il me fait 'Je voulais te dire un truc' et il se met à genoux devant moi. 'Pardonne-moi je t'en prie, excuse-moi de ce que j'ai pu faire à l'époque, on était des petits cons, vraiment. Je peux te dire que t'as été vengée par ma femme qui pendant sa grossesse, m'a fait vivre un enfer, et à chaque moment, je pensais à toi et je me suis dit que c'était tout simplement ce que je t'avais endurer que j'étais en train de payer, et je m'excuse platement.' On est potes maintenant, il n'y a plus de souci, mais ça fait partie des moments où tu te dis, bon bah j'aurais mieux fait de ne pas être la à ce moment-là."
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