Les Sentinelles. Nadia Khiari : “Faire un dessin, c’est créer des questionnements, développer l’esprit critique”

Société, environnement, genre, économie… Après Six pieds sur Terre, Courrier international et l’Agence française de développement (AFD) présentent leur nouveau podcast, Les Sentinelles, des voix d’ailleurs pour un monde en commun. Le principe : donner à entendre des voix d’autres pays et d’autres continents sur les grands défis d’un monde durable, des défis qui nous concernent tous : le climat, l’agriculture, l’habitat, les libertés…

C’est d’une de ces libertés fondamentales que nous parlons dans notre première série. Nous sommes allés interroger des journalistes, des dessinateurs de presse, des créateurs de radio, pour qu’ils nous donnent le pouls de la liberté de la presse. Leurs réponses en cinq épisodes, du Tchad au Brésil, en passant par la Russie ou la Tunisie.

Pour ce dernier épisode, nous donnons la parole à Nadia Khiari, la dessinatrice de Willis from Tunis : un chat né en janvier 2011, pendant les “printemps arabes”, qui commente l’actualité tunisienne et mondiale dans les pages de Siné Mensuel, mais aussi, régulièrement, dans celles de Courrier international. “Un chat plutôt gentil et mignon, mais qui, régulièrement, sort ses griffes”, souligne Nadia Khiari.

Dessin de Willis, Tunisie.
Dessin de Willis, Tunisie.

“Faire un dessin, c’est créer des questionnements, c’est développer l’esprit critique, c’est contrer un pouvoir surpuissant. C’est révéler aussi les discours formatés des politiques, rappelle-t-elle. On a besoin du dessin de presse, mais le monde se ferme de plus en plus. Et le danger qui nous guette, c’est d’être virés de nos journaux parce qu’on dérange.”

Malgré le bref espoir apporté par les “printemps arabes” en 2011, la vie démocratique en Tunisie est à nouveau verrouillée par le pouvoir. Le président Kaïs Saïed reprend à son compte de vieilles méthodes liberticides : la publication récente du décret 54, censé lutter contre les fake news, représente en fait un danger réel pour la liberté d’expression, souligne la dessinatrice.

“Moi, je me considère comme une citoyenne tunisienne qui lutte pour que son pays aille mieux. Et mon moyen de communiquer, c’est le dessin. C’est celui dans lequel je me sens le plus à l’aise. C’est une manière de parler de sujets importants : si l’on ne remet pas en question l’ordre établi, on n’avance pas, et la société n’évolue pas”, conclut Nadia Khiari. “Le dessin de presse et le journalisme sont indispensables à l’évolution et à la santé d’une démocratie.”

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