Semaine de 4 jours, semaine en 4 jours : pourquoi la nuance est importante

La distinction sémantique renvoie en fait à deux visions diamétralement opposées du passage à la semaine de travail de quatre jours.

Et vous, seriez-vous plutôt favorable à la semaine de 4 jours ou à la semaine en 4 jours ? (Photo : Getty Images/iStockphoto)

Réduction du temps de travail ou simple compression ? Invité ce mercredi soir du 20h de TF1, le Premier ministre Gabriel Attal devrait présenter les pistes évoquées lors du séminaire gouvernemental sur le travail qui s'est tenu dans la matinée. Parmi ces dernières, le chef du gouvernement devrait notamment mentionner la possibilité du passage à la semaine en 4 jours pour certains salariés de la fonction publique, mais aussi pour les parents divorcés.

De quoi s'agit-il exactement ? Ces dernières années, de nombreuses études et expérimentations ont été menées autour de l'idée de passer de cinq jours de travail par semaine à quatre, mais sur ce sujet, deux visions diamétralement opposées de l'essence de la réforme s'opposent.

La semaine de 4 jours, avec réduction du temps de travail et maintien du salaire

"Quand on parle de semaine de quatre jours, il y a d’abord la version avec réduction du temps de travail, explique la journaliste économique de Franceinfo Sarah Lemoine. Le salarié peut alors travailler 32h sur quatre jours, au lieu de 35 heures sur cinq jours. Ou bien 35h sur quatre jours, au lieu de 38h sur cinq jours. Avec maintien du salaire, en général."

Théorisée dans les années 1990, la semaine de 4 jours a ensuite connu des applications concrètes en France, après avoir été autorisée par une loi facultative en 1996. Le dispositif est ainsi appliqué aujourd'hui par des entreprises comme Brioche Pasquier, Fleury Michon, Mamie Nova ou la Macif, qui en ont toutes profité pour créer des emplois.

À l'origine du terme "semaine de 4 jours", le député européen Pierre Larrouturou l'a déposé et compte désormais mobiliser autour de cette revendication, en insistant sur le fait que le passage aux 4 jours doit se faire "sans baisse de salaire, avec création d’emploi et avec un mécanisme d’aide pour les entreprises". Aux États-Unis, l'idée fait également son chemin, défendue par la figure tutélaire de la gauche américaine, Bernie Sanders.

La semaine en 4 jours, sans réduction du temps de travail

La version de la semaine de travail de 4 jours retenue par l'actuel gouvernement français est toutefois bien différente, puisqu'il s'agit en réalité d'une "semaine en 4 jours". "C'est la version où l'on comprime le temps de travail, résume Marie Bouny, du cabinet SIA Partners, citée par Franceinfo. Elle représente plus de 80% des expérimentations."

"On travaille le même nombre d’heures, mais sur quatre jours, précise Sarah Lemoine. Ce qui induit des journées beaucoup plus longues. 8h45 pour un salarié à 35h, par exemple. Sans compter la pause déjeuner et le temps de transport, évidemment. Ce sera 9h15 pour un salarié à 37h. Et 9h45 pour un salarié à 39h. C’est d’ailleurs la limite, puisque la durée quotidienne maximale ne peut dépasser 10 heures, sauf cas particuliers, dans le Code du travail."

Comme le rappelle Capital, c'est bien cette version de la "semaine en 4 jours" qui a séduit Gabriel Attal, au point que celui-ci envisage de la faire appliquer à grande échelle. En janvier, le Premier ministre avait déjà évoqué une première fois le dispositif, en annonçant le lancement d'une expérimentation dans les ministères. Entre la semaine de 4 jours avec réduction du temps de travail (et sans baisse de salaire) et la semaine de 4 jours sans réduction du temps de travail, il y a donc un monde d'écart.