Sectes : quels sont les mouvements les plus courants en France ?
Alors qu’une secte internationale de yoga vient d’être démantelée, zoom sur les mouvements sectaires qui inquiètent le plus les autorités françaises.
Les dérives sectaires évoluent avec leur temps. Les gourous du bien-être, naturopathes, antivax ou encore yogi, sont venus concurrencer les scientologues et les témoins de Jéhovah traditionnels. Dernier grand coup de filet en date : le démantèlement d’un réseau de la fédération de yoga Atman mardi. Le chef spirituel de ce qui était autrefois appelé Mouvement pour l’intégration spirituelle vers l’absolu (MISA), Gregorian Bivolaru, et 40 autres personnes ont été placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d’abus de faiblesse, de viols, de traite d’êtres humains et de “séquestration en bande organisée”.
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La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (miviludes), qui analyse le phénomène sectaire et coordonne l’action des pouvoirs publics, avait alerté en juillet 2022 le procureur de la République après douze signalements d’anciens membres du mouvement MISA par la Ligue des droits de l’homme.
Une hausse sans précédent des dérives sectaires
Si le droit français ne définit pas le terme de secte dans un souci de respect des opinions, notamment religieuses, le système juridique sanctionne en revanche les dérives sectaires. Il s’agit des pratiques qui “portent atteinte à l’ordre public, aux lois et aux règlements, aux libertés fondamentales et à la sécurité ou à l’intégrité des personnes par la mise en œuvre de techniques de sujétion, de pressions ou de menaces, ou par des pratiques favorisant l’emprise mentale et privant les personnes d’une partie de leur libre arbitre”, définit la miviludes.
Dans son dernier rapport, publié en novembre 2022, l’organisme s'inquiète de l’augmentation des signalements tout domaine confondu. Elle a reçu 4020 saisines en 2021, soit 86,1% de plus qu’en 2015. Les dérives qui se manifestent dans certaines communautés à caractère religieux ne sont pas la majorité des cas constatés aujourd’hui. Sur l’ensemble de ces saisines, 396 impliquent directement ou indirectement des mineurs.
La santé, porte d’entrée vers les dérives sectaires
Parmi les 3118 saisines traitées, une grande majorité concerne le domaine de la santé, dont 70% des pratiques de soins non conventionnelles comme la naturopathie ou le reiki. Cette offre sectaire a notamment été portée par la pandémie du Covid-19 et son climat anxiogène. L’organisme alerte sur les pseudo-guérisseurs qui exercent une emprise mentale sur des personnes fragiles et recrutent désormais via les réseaux sociaux. Le naturopathe Thierry Casasnovas a par exemple été mis en examen le 10 mars dernier pour avoir conseillé à sa communauté YouTube de 600 000 abonnés de soigner des maladies graves avec un régime à base de légumes crus.
D’autres saisines traitées par la miviludes portent sur des mouvements identifiés (témoins de Jéhovah, Eglise de scientologie, anthroposophie qui repose sur une doctrine spirituelle et philosophique promouvant l’accès à un état supérieur de conscience…) ou sont rattachées à des mouvances religieuses comme la chrétienté. C’est le cas de La Famille par exemple, une communauté religieuse constituée de huit familles parisiennes où ses membres sont obligés de se marier entre eux. Les Frères de Plymouth, un mouvement d’origine protestante, sont quant à eux régis par un code de conduite très strict.
"Féminin sacré", "masculinisme"... l'art de surfer sur les enjeux sociétaux
Les dérives sectaires surveillées visent aussi des éco-villages, ces lieux de vie communautaires et autarciques où des violences psychologiques, voire physiques, ont été rapportées. Mais aussi les missionnaires de la théorie du féminin sacré qui s’inscrit dans une démarche revendiquée féministe et dont “l’objectif semble être purement financier”. Ainsi, des stages proposant aux femmes de les aider à révéler leur “empowerment” sont proposés à plus de 1200 euros. Durant les sessions, il leur est aussi affirmé que si elles ont des règles douloureuses, c’est qu’elles ne sont pas “en accord avec (leur) nature profonde de femme”, souligne la mission interministérielle. À l’inverse, des stages onéreux prônent le masculinisme. L'ambition du Mankind Project est de “remasculiniser” les hommes, dont la virilité serait affaiblie par les sociétés modernes.
L’organisme pointe également des dérives sectaires qui touchent les plus jeunes, notamment ceux âgés de 16 à 25 ans. La vente multi-niveau leur promet par différents biais un enrichissement rapide… pour finalement se retrouver plumés.
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