Qu'est-ce que le mouvement Misa, la secte de yoga tantrique démantelée en France ?

Séquestration, violences sexuelles... La secte internationale de yoga tantrique agissait depuis les années 1990.

Gregorian Bivolaru, arrêté en 2004 à Bucarest, est le fondateur du mouvement Misa démantelé hier (image d'illustration : AFP)
Gregorian Bivolaru, arrêté en 2004 à Bucarest, est le fondateur du mouvement Misa démantelé hier (image d'illustration : AFP)

C'est un coup de filet impressionnant, contre une secte dont les origines remontent à Bucarest il y a presque 34 ans. Ce mardi 28 octobre, le leader spirituel Gregorian Bivolaru, un Roumain de 71 ans, et quarante autres personnes étaient interpellées dans la région parisienne pour "traite de personnes", "séquestration en bande organisée", "viol" et "abus de faiblesse en bande organisée par des membres d’une secte", rapporte Libération.

Relations sexuelles non consenties et tarifées

La secte en cause s'appelle le Misa, ou Mouvement d’Intégration Spirituelle dans l’Absolu. Elle est fondée par Gregorian Bivolaru comme association non-commerciale en janvier 1990 dans la capitale roumaine, où la pratique du yoga était jugée illégale jusqu'à cette époque. Son but : enseigner le yoga Atman, ou yoga tantrique.

Mais sous couvert de délivrer des stages ou des conférences de yoga, Gregorian Bivolaru conditionne en réalité ses victimes à "accepter des relations sexuelles via des techniques de manipulations mentales visant à supprimer toute notion de consentement", mais aussi à "s'adonner à des pratiques pornographiques tarifées en France et à l'étranger", explique une source judiciaire à Libération.

L'expansion d'un réseau tentaculaire

Très vite, les cours connaissent un vif succès ; le réseau s'impose dans une trentaine de pays et ouvre plusieurs écoles. Gregorian Bivolaru écrit des livres et octroie des diplômes pour "enseigner" sa discipline. Malgré son exclusion de Fédération internationale de yoga en 2008, le Misa voit se multiplier le nombre de ses adeptes, estimés à "plusieurs centaines de personnes" en France et 35 000 en Europe et en Amérique du sud, selon l’Unadfi. En France, l'organisation opérait par le biais de l’association Yoga intégral, présente à Paris, Nice et Poitiers, explique Midi Libre.

Pour financer son mouvement, rapporte Le Parisien, le gourou aurait forcé des membres à jouer dans des films pornographiques et à travailler dans des clubs de strip-tease ou des salons de massages. L'un de ses "enseignants" en Uruguay aurait demandé à des participantes des photos nues et des tests de dépistage au VIH. En 2012, une victime roumaine raconte avoir été invitée "à faire l'amour sur les tombes et à manger de l'encens" lors d'une retraite spirituelle, relatant la colère de Gregorian Bivolaru lorsqu'elle et les autres participantes ne coopéraient pas.

L'image diffusée par Interpol pour retrouver Gregorian Bivolaru (Interpol)
L'image diffusée par Interpol pour retrouver Gregorian Bivolaru (Interpol)

Recherché par Interpol depuis 2017

Pourtant, dès la fondation de son mouvement, Gregorian Bivolaru avait déjà été interné en service psychiatrique et condamné à la prison dans son pays natal pour distribution de matériel pornographique. Recherché par Interpol depuis six ans et par la Cour de justice et de cassation roumaine pour viol sur mineur depuis 2013, l'homme était toujours passé entre les mailles du filet de la justice.

Arrêté en 2016 à Paris, il est extradé vers la Roumanie où il est emprisonné un an puis libéré sous condition. En 2017, il s’enfuit à nouveau de Roumanie. Jusqu'à son arrestation hier à Paris. Cette fois, il risque jusqu'à 30 ans de prison.

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