La science est moins disruptive depuis la Seconde Guerre mondiale

Même si le nombre de chercheurs et d’études scientifiques et techniques a considérablement augmenté ces dernières décennies, la proportion de découvertes qui rompent avec les connaissances existantes et entraînent la science dans de nouvelles directions ne cesse de décliner, constatent des sociologues américains.

Depuis le milieu du 20e siècle, la production des connaissances scientifiques et techniques s’est développée de manière exponentielle au niveau international, suscitant des centaines de milliers de publications chaque année. Mais ces nouveaux savoirs sont de moins en moins “disruptifs”. Ils sont, autrement dit, moins susceptibles que par le passé de provoquer des ruptures avec les connaissances existantes, en rendant celles-ci obsolètes et en ouvrant de nouveaux territoires scientifiques. Telle est la conclusion d’une étude publiée par des sociologues de l’université du Minnesota et de l’Arizona (États-Unis). “Nous avons découvert que les publications académiques ainsi que les brevets sont de moins en moins enclins à rompre avec les connaissances précédentes en entraînant la science et les technologies vers de nouvelles directions”, annoncent-ils dans la revue Nature. Si cette tendance avait déjà été observée dans des domaines spécifiques, comme la recherche pharmaceutique ou les semi-conducteurs, c’est la première fois qu’elle est caractérisée de manière objective dans toutes les disciplines – des sciences sociales à la biologie en passant par les sciences de la matière.

Indice de disruptivité

Les chercheurs américains ont établi pour cela un “indice de disruptivité”. Il est fondé sur une idée simple : plus une étude marque une rupture avec les connaissances existantes, plus les recherches ultérieures (sur une période de cinq ans, ont fixé les sociologues) tendront à s’y référer directement, et non aux études que celle-ci mentionnait elle-même au moment de sa publication. Un score de -1 caractérise ainsi les recherches les moins disruptives et qui consolident plutôt, de manière incrémentale, un corpus de connaissances. Tel est le cas, par exemple, des travaux du prix Nobel de chimie Walter Kohn dans les années 1960, qui développa des équations permettant de calculer très précisément la structure de l’électron en confirmant alors de nombreuses recherches antérieure[...]

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